Qu’attendent les grandes indignations médiatiques, les organisations de lutte contre le racisme pour dénoncer les persécutions des chrétiens d’Orient?

On ne les entend guère alors que les chrétiens d’Orient sont l’objet de persécutions et massacres quotidiens. Devenus minoritaires par la conquête et la conversion des populations à l’Islam par les cavaliers arabes dès le  VIII ème siècle, les chrétiens du moyen-orient, cooptes en Égypte, maronites au Liban, syriaques en Syrie, chaldéens en Irak, des églises orthodoxes de rite grec, catholiques melkites, héritières d’une tradition deux fois millénaires, sont peu à peu chassés de ces pays qu’ils habitèrent bien avant l’islam.Dans l’ensemble des pays musulmans, les persécutions sont les mêmes : massacres, lapidations, viols, au Pakistan, au Nigeria, en Somalie, sans que des voix musulmanes dans le monde, y compris en France, s’élèvent contre ces massacres, et pourtant, ils ne peuvent l’ignorer, des rapports font l’inventaire, qu’ils se les procurent :

Dans cinquante pays, y compris en Europe, qu’ils soient catholiques, protestants, coptes ou de tout autre communauté, les chrétiens sont pourchassés, privés de travail, emprisonnés, torturés, assassinés. Tous les moyens sont utilisés pour les contraindre à renier leur foi, y compris le viol rituel collectif, considéré dans certains États comme une sanction pénale. Posséder une bible est devenu un crime, la célébration des cultes est interdite, on est revenu au temps des messes dans les caves et des premiers martyrs. Sans a priori religieux – l’auteur est athée -, Raphaël Delpard a mené une enquête difficile sur les lieux de ces scandales occultés par le silence des nations. A l’heure du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ce livre nous rappelle l’urgence d’un réveil des consciences.

Dans ces pays, 150 millions à 200 millions de chrétiens sont l’objet de ces violences, qui ne sont pas celles des seuls extrémismes, mais du quotidien courant, des lois discriminantes sans que ces voix médiatiques si promptes à s’enflammer n’en disent un mot. Pourquoi? Pire, la désinformation vient de ceux-là mêmes. Il y a peu sur une grande radio française, on pouvait entendre affirmer qu’en Centrafrique, en pleine guerre civile, des chrétiens étaient responsables des violences contre les musulmans, sans que le journaliste ne réponde sur la responsabilité des milices musulmanes soutenues par le Tchad, qui dans ce pays majoritairement chrétien s’étaient emparés du pouvoir par la force et avaient martyrisé les populations. S’il fallait protéger aussi les populations des deux religions, il y avait une explication immédiate. La même voix française expliquait que Boko Haram ne faisait que répliquer à l’oppression du pouvoir nigérian… c’était stupéfiant!  Et ainsi pendant une heure, les victimes devenaient responsables de leur oppression, les filles de religion chrétienne enlevées et violées par Boko Haram payaient si justement pour cela.

 

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Jean-Jacques Goldman est-il un « Z » ?

L’étrange polémique autour de la chanson de Jean-Jacques Goldman pour les Enfoirés, a fait resurgir le proverbe: si jeunesse savait, si vieillesse pouvait!  Jean-Jacques Goldman, s’il rappelait les belles heures de la génération des baby-boomers, disait à la jeunesse d’aujourd’hui, malgré le chômage, la crise, le scepticisme, la pollution, les guerres…de ne pas perdre espoir, de compter sur elle-même, et même plus, exhortait les jeunes à prendre leur destin en main, sans se victimiser. Goldman sait et peut. Il s’en est sorti, lui, à la force des poignets, avec le courage qui a aussi créé le talent et su rencontrer les circonstances. Il a de la chance, c’était le belle époque ou tout était possible, disent ses détracteurs, oui, mais pas que! Il n’est pas resté les bras croisés. Est-ce injurier ceux qui n’ont pas sa chance, que de rappeler que l’Histoire est faite de conflits et de violences, et qu’il s’agit de vivre, de tenter de vivre avec espoir.

Au seul Siècle dernier, la Belle Époque précéda la Première Guerre Mondiale, une boucherie avec deux millions de morts en France, dont les joyeux insouciants de cette soi-disant Belle Époque. Les Années Folles dansèrent pour la suivante, si dévastatrice. Les générations X, Y, et maintenant Z, ne les ont pas connus ces effroyables moments. Les parents et grands-parents des baby-boomers, oui. Celle-ci connut le sida qui arrêta net la libération sexuelle, avec les trentenaires des années 80 touchés par milliers. Ils l’ignoraient cette maladie, encore souterraine. Il y eut encore la Guerre d’Algérie, la menace nucléaire suspendue au-dessus des têtes de la Guerre froide, une rigueur morale jusqu’en mai 68 (1) que les suivantes ne connaitront pas.

Un drôle d’article dans le magazine Elle met en relief cette génération Z, les enfants d’internet, qui ont 20 ans aujourd’hui, et qui dévorent le monde sans complexe. Pauvres X que le magazine qualifie de  » sensibles » et « désemparés » se sentant victimes de leurs parents. Pauvres Y ( Pourquoi? Why,en anglais), plutôt désœuvrés et cyniques : le monde ne vaut pas le coup. Voici donc les Z, la génération deux points zéro, qui croient en eux, qui transforment le pourquoi des Y en Pourquoi pas ? Ont-ils raison? Sûrement en partie, et pour cette part, suivent Jean-Jacques Goldman dans sa chanson. On se débrouille, on n’attend rien de vous, disent-ils. Finalement, le pire c’est de ne pas croire en soi. A 20 ans, Jean-Jacques Goldman aurait été un Z, sûrement! Peut-être l’est-il toujours.

(1) le 29 novembre 1974, Simone Veil, ministre de la justice du gouvernement Chirac, fait voter à l’arraché, la loi sur l’interruption volontaire de grossesse, l’ IVG. les éditions Montparnasse proposent en DVD, La Loi, le magnifique film avec Emmanuelle Devos, réalisé pour célébrer 40 ans plus tard cette mesure « révolutionnaire ».

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C’est pas du jeu!

c’est le titre d’abord d’un passionnant film documentaire que nous sortons en DVD, d’Alice Langlois et Pascal Auffray, une plongée dans l’univers d’une cour de récréation d’une maternelle du 13° arrondissement à Paris. « On dévore avec appétit cette petite heure d’injonctions exquises et d’échanges délicieusement absurdes. Grands comiques, les loupiots sont aussi d’excellents tragédiens, capables d’une immense palette d’émotions. […] On salue le travail des réalisateurs, qui captent avec talent la naissance des relations sociales, dans une enfilade de saynètes toutes succulentes. » nous dit Télérama. Qu’ajoutez de plus ? plein de choses évidemment, mais c’est surtout pour moi l’occasion de revenir à l’édition, quelle soit celle de films et documents proposés sur DVD ou en ligne ( Montparnassevod) ou de livres proposés par Carnets Nord, maison sœur de Montparnasse.

L’idée repose d’abord sur celle de sélectionner ce que nous aimons avec un dénominateur commun : un programme, un texte, « populaire et de qualité ».  Il y a 25 ans, en éditant en vidéo, le remarquable film de Fréderic Rossif et Philippe Meyer, De Nuremberg à Nuremberg, ce slogan, populaire et de qualité, nous est venu spontanément à la bouche. De qualité, il l’était. Populaire, il allait le devenir. Il en avait tous les ingrédients. Le discours de fond, le style d’écriture, la dramaturgie des images. Nous étions emportés par ces images en noir et blanc, cette musique, le commentaire des auteurs. « 3 heures d’images foudroyantes » disions-nous au public. Le succès ne s’est jamais démenti. De Nuremberg à Nuremberg demeure la référence documentaire sur la montée et la descente du nazisme, du drame de la deuxième guerre mondiale.

Revenons un instant sur ces mots: De qualité. Que signifie cela pour un éditeur? un engagement d’avoir un niveau d’exigence quand au contenu et à sa réalisation. Ensuite, Populaire?  peut-être simplement de donner le plus de visibilité à ce contenu. De vous le faire connaitre, au plus grand nombre. De savoir vous dire, cela vaut le coup, croyez-nous. D’engager donc notre crédibilité. De comprendre aussi les goûts de chacun. Nous avons des goûts différents, éclectiques souvent, et nous nous croisons sur des partages communs. J’aime, vous aimez, nous aimons, des comédies, de l’art, des films d’auteur, des livres romantiques… j’aime, nous aimons, ce soir là un divertissement, et demain ou cette nuit un texte difficile ou un documentaire sur la misère dans le monde.

Paradoxe des paradoxes. La vie de l’éditeur et la difficulté du lecteur, spectateur ou consommateur. Que choisir pour l’un, comment faire connaître pour l’autre. Prenons un auteur, écrivain exigent et de grande qualité, peu connu du grand public, Richard Morgiève. Le Monde des livres, la semaine dernière a consacré une critique enthousiaste à son dernier livre, Love, une histoire d’amour sur fond d’Apocalypse numérique. Une écriture ciselée, des phrases poétiques et précises, des sentiments violents. Morgiève ne cesse de dire au lecteur à quel point dans la violence, l’amour est indispensable. Remarquable United colours of crime, échevelé Boy, –  et Love enfin, qui termine ce triptyque sur le monde contemporain. Nous sommes sûrs que Morgiève, que trop peu d’entre vous connaissent, sera reconnu un jour par le grand public. En attendant, il écrit, nous le publions. Et nous faisons notre métier. Terminons sur un extrait de la critique de Xavier Houssin, dans Le Monde des livres :  Le conte tragique, la fable douloureuse qu’il a écrit ici, incroyablement s’éclaire. Love, un roman d’amour ? Avec lui, on se met à croire en ce que l’on espère. « Dans dix mille ans, tout serait propre et pur. » Après tout, l’Apocalypse est une révélation. 

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le Salon de l’agriculture dans le métro

et même parfois dans le dernier métro, qui les ramène vite Porte de Versailles, près de leurs animaux, dont on devine qu’ils iront voir une dernière fois, si tout va bien. On les reconnait bien les « paysans » montés à Paris pour quelques jours. Ils ont l’air joyeux, en général bonne mine, et ils sont en petits groupes. Il y a des jeunes et des vieux, bien mélangés, des familles amusées du voyage, et beaucoup d’air frais!

Les paysans, les agriculteurs, les exploitants agricoles… mais comment les appeler ceux qui vivent sur la terre, en vivent (mal) et nous font vivre? Depuis la révolution verte, les cartes se sont brouillés. La révolution verte fût celle de l’industrialisation, de la production intensive, de l’exode rural. Hier, en visitant le Salon,  le Président de la république nous parlait de quelle agriculture? Celle, qui poussée par la libéralisation des marchés et l’idée de la croissance par l’agro-industrie, se veut exportatrice et nourrissant le monde? Ou celle qui veut donner au paysan de quoi vivre et au citadin de quoi se nourrir bien?

« En quinze ans, j’ai triplé le nombre de bêtes – 150 vaches laitières aujourd’hui- les prix de vente n’ont pas bougé, les frais ont doublé, achats d’engrais, de nourriture conditionnée, de charges diverses. Je tente de suivre et de m’adapter, j’aime mon métier mais je gagne 600 euros net par mois« . Étrange n’est-ce pas que ce paysan-exploitant agricole, pas un « petit… qui ne voit pas le bout d’une course au gigantisme! Mais qui gagne à cette évolution? L’agro-industrie? Oui sûrement! Pas le citadin-consommateur. Les produits ne sont pas meilleurs, et les prix montent toujours.

L’ouverture des marchés, la concurrence mondiale, écrasent les petits et ne sert à rien: Nos exportations nourrissent qui? . Deux milliards de personnes meurent de faim dans le monde. Nos sur-stocks sont détruits, faute d’acheteurs. Et les productions industrielles sont polluantes et mauvaises pour la santé humaine? Le coût de cette agriculture sur-vendue est phénoménal. Cette agriculture tue la terre au lieu de la protéger.

Le Président parle du « local » et du bio… mais en fin de course, comme s’il était partagé entre deux pressions, celle du capitalisme prometteur d’illusions, et celle d’une sagesse plus proche des hommes, il n’arrive pas à choisir. Qu’importe si nous ne choisissons pas , la nature le fera pour nous.

 

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Minuscule, la vallée des fourmis perdues, César du film d’animation.

Nous ne pouvons que nous réjouir de cette reconnaissance. Un film d’animation français qui allie originalité et poésie. Un film aux 1 million et demi de spectateurs en salles, oui, une reconnaissance bienvenue et justifiée. Vous êtes plusieurs centaines de milliers, depuis 2007, a avoir été conquis par les petites bêtes imaginées par Hélène Giraud et Thomas Szabo. Les saisons 1 et 2, faites de courtes séquences, pleines de gags hilarants, de sons impétueux et emportant coccinelles, guêpes et fourmis , dans des courses-poursuites sans fin, ont créé les prémisses du succès. Le film était précédé des trompettes de la renommée!

Mais fallait-il encore qu’il y ait confirmation. Le travail des partenaires, de notre associé pour la sortie cinéma, Le Pacte, et son « boss » Jean Labadie,  a permis la rencontre magique entre le film et le public. Nous y reviendrons puisque Minuscule 2, toujours produit par Philippe Delarue, est déjà sur les rails, mais chut! rendez-vous fin 2017…

Ces césars sont bien une consécration. Et un moment d’ingratitude. Tous sont en lice. Les nommés sont arrivés à la marche décisive, mais seuls quatre ou cinq la gravissent, laissant derrière eux, d’autres, peut-être aussi méritants. La loi du genre, qui voit Timbuktu écraser ses voisins, emporter tout sur son passage, rafler 7 césars et, comme un best-seller, faire oublier les autres. Ce ne serait pas juste, si l’on s’en contentait.  Il y a dans la production française 2014, plusieurs dizaines de films à voir absolument, avec ou sans César.

 

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le cinéma français a du souffle.

Je m’étonne chaque année en faisant un parcours dans le coffret des Césars. Revue des films de l’année écoulée. Cours de rattrapage pour ceux pas vus en salles. Étonnement donc devant l’abondance des films, plus de 200, étonnement devant certains qui m’ont échappé. Plus encore devant le nombre de ceux dont je me dis: ah bon, qui a eu l’idée de réaliser, produire ce film? question posée non devant les films d’auteur- ici il s’agit de l’entreprise la plus audacieuse et la plus fragile, à l’épreuve de la création. -tout et rien face à la réussite et, ou, à l’échec. Le créateur s’expose, définitivement.- Non, je voudrais parler de ce qui suppose, certes du talent, mais que le marché commande: la comédie, le divertissement.

Faire rire, entraîner le public loin des difficultés quotidiennes, dans les salles obscures, puis devant le petit écran. C’est un beau pari. Mais que de déceptions. Faire rire intelligemment est difficile. Guillaume et les garçons, l’an dernier. La famille Bélier, – et ici pleurer ou émouvoir, sourire plus que faire rire- cette année. Et des dizaines de tentatives très moyennes, trop racoleuses. Laissons-les. Il faut probablement ces échecs, ou semi-échecs pour confirmer la règle. Celle de l’exception. Et comme dans la conception de la nature, il faut des millions de graines, de spermatozoïdes pour qu’un seul naisse de cette sarabande folle.

Les beaux rattrapages pour moi: Sils Maria, d’Olivier Assayas. Le réalisateur, toujours dans l’audace d’un cinéma sophistiqué, nous offre une histoire intelligente et cousue au plus près. Juliette Binoche se coule dans le rôle, actrice célèbre vieillissante, refusant de se prêter à ce vieillissement pour finalement l’accepter. Un retour en arrière, dans des paysages qui se prêtent à cette métamorphose du temps. Montagnes suisses somptueuses et inquiétantes, jeune star écrasant tout avec un cynisme sans pareil. Juliette Binoche, rejetant tout ce qui l’amène à compter le temps qui passe jusqu’à ce que…Olivier Assayas filme avec sa vélocité habituelle. Il dérange et fascine.

Les Combattants, de Thomas Cailley. Un premier film. A voir absolument. Inattendu. Dérangeant. Intrigant. Une histoire si originale que l’on se demande toujours ou l’on est. Des acteurs vrais, fragiles et forts. Étonnante ( oui) Adèle Haenel, et surprenant  Kévin Azaïs. Sûrement César du Premier film. Peut-être plus encore.

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De Timbuktu à Les chèvres de ma mère, les Césars font leur marché

Qu’y a-t-il de commun entre Timbuktu et Les chèvres de ma mère ? Non pas le dépouillement de l’un, documentaire du réel, et l’apparente simplicité de l’autre. Voilà deux situations qui touchent aux racines arides de la terre. Ici sur le plateau du Verdon, aux limites du Var et de la Haute-Provence, paysage de pierres blanches, désolé par le vent en rafales et un soleil trop cru, une femme veut prendre sa retraite. Pour « liquider » celle-ci, la règle administrative la contraint à vendre sa terre et son élevage de chèvres. Plus de 40 années d’un attachement fou d’une post-soixante huitarde étonnante pour ses chèvres, pour cette terre, sont balayées par une règle inhumaine, que l’on peut imaginer concoctée par des technocrates bruxellois ou parisiens.

La caméra qui suit cette vie qui se défait est tenue par sa fille, Sophie Audier. Notre étonnement va de la force de l’éleveuse, de la vérité simple qu’elle transmet: le fromage que je fais est unique, comme celui de mes prédécesseurs, parce qu’il vient de mon envie, à la bêtise aveugle de notre société orgueilleuse. La norme s’impose pour que le fromage se répète à l’identique. Mais ce film simple, cru, poétique sans le revendiquer, nous en apprend tellement sur notre dépossession. Nous vivons hors-sol, provisoirement gouvernés par l’ignorance technocratique. Celle à qui elle veut transmettre, puisqu’il en faut une, se heurtera à à des commissions multiples aux noms barbares, sigles absurdes qui s’accumulent. Et qui à la fin de la réalisation de ce film, n’a pu reprendre la ferme, faute des autorisations nécessaires.

Enfin à quelques semaines de son départ, l’éleveuse apprend du conseiller retraite de la mutualité sociale agricole le montant de celle-ci : à peine 600 euros brut mensuel. Mais lui explique-t-il, si elle retarde de quelques mois ce départ, elle aura 40 euros de plus par mois. Et l’éleveuse retarde, malgré sa fatigue et son chagrin… 40 euros de plus, cela compte quand on n’a que 600 euros pour vivre.

Tombouctou, aux confins du Sahel, ville mythique, prise par les djihadistes en 2012, inspire le film Timbuktu, au réalisateur africain Abderrahmane Sissako. L’aveuglement et la stupidité règnent aussi ici. La violence est celle de la charia, impitoyable loi religieuse qui interdit la musique, impose voile et gants aux femmes, lapide le couple adultère, décapite le meurtrier qui ne peut racheter son meurtre par quarante vaches qu’il ne possède pas. Ici chacun se soumet à son destin puisqu’il est celui voulu par Allah, et que tout ce que qui est fait vient d’Allah. Y compris la mort qui arrive et vous prive de ceux que vous aimez.

Beauté des scènes, des visages, des paysages. Le sable jaune et or remplace les pierres et la sécheresse du Verdon. La folie religieuse tue puisque cela vient d’en haut. Le message est simple. Plus l’homme est bête, plus il est dangereux. Plus l’homme veut du pouvoir, plus il ment. Timbuktu, 8 nominations aux Césars, est un film d’une rare puissance.

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petits bonheurs inattendus…

en compétition pour les Césars, plus de 150 films français sortis en salles en 2014. Comme chaque année, un premier choix est effectué par les membres de l’Académie des Césars, puis fin février, le vote des professionnels désigne les meilleurs, selon eux, meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur(e) acteur(e) etc…La plupart d’entre vous connaissent ce rituel et l’importance pour ces métiers du cinéma des choix réalisés par ce vote.

Ce que j’aime, chaque année, c’est ma propre surprise, celle qui me fait rencontrer un film inconnu, un acteur émouvant. Il ne s’agit pas pour moi de penser, c’est un chef d’œuvre, mais plus simplement, quel bonheur, quel plaisir. L’émotion est faite de quantité de possibilités différentes. La surprise en fait donc partie. Le film attendu, dont on parle de puis des mois avant sa sortie, dont les performances sont annoncées déjà avant même qu’il n’ait été vu – pour son coût, son audace politique ou sexuelle, ou sociale, enfin tout ce qui fait le buzz et  nous annonce: incontournable, à ne pas manquer surtout!- m’intéresse moins que votre choix, celui du public contournant toutes les stratégies des professionnels.

Votre choix inattendu: La famille Bélier. Une histoire simple, si simple, des acteurs justes, si simples eux aussi, des émotions simples, jamais suggérées de manière grandiloquente. Une découverte, la jeune actrice Louane Emara. L’histoire de vies et de sentiments vrais. En quelques semaines, cette petite comédie a déjà ému 5 millions de spectateurs. Pourquoi? pour les quelques raisons édictées plus haut. Nous sommes touchés par le bonheur qui se dégage de cette histoire. Ce bonheur nous est transmis. Nous sortons de la salle touchés par ce bonheur. It’s a wonderful life, (que la vie est belle, de Capra),. Nous voulons y croire. Nous l’avons rencontré.

Mon choix inattendu : Maestro de Léa Fazer. Ou la poésie force le vulgaire. Ou Pio Marmaï, jouant ici un jeune comédien désœuvré et cynique rencontre la sublimation des sentiments, le respect dû à la beauté. Ou il se joue une sorte de rédemption possible. D’une histoire vraie, Léa Fazer montre le mythe d’Astrée et Céladon. D’un mythe, Eric Rohmer avait crée la beauté d’une rencontre vraie . Maestro me touche profondément par l’audace de sa forme et la vérité de l’histoire. Rien du convenu actuel, rien d’aussi nécessaire. Maestro, petit film ignoré du public, réconcilie avec soi-même et avec les autres.

Pour finir,et là  plus rien à voir avec la compétition des Césars, à signaler la sortie, chez Carnets Nord, de Love,  roman qui ferme la trilogie de Richard Morgiève, commencée avec United Colors of crime. Sur fond d’Apocalypse, la découverte de l’amour. Une histoire forte qui emporte. Enfin, Bernard Pivot fêté, à travers le 2 volume d’Apostrophes. C’était il y a quarante ans, le 9 janvier 1975, la première d’une émission qui durera 15 ans…

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Courage et amour

Qui a vu l’entretien de Lilian Lepère sur le plateau du journal de France 2 lundi dernier 12 janvier, a rencontré la vraie force, non pas celle des meurtriers armés de Kalachnikovs, tirant sur des hommes et des femmes désarmés. Non, celle du courage, de la modestie, de ce que David Pujadas, le recevant ce soir là, appellera : un homme habité par un supplément d’âme. Lilian Lepère, l’employé de l’imprimerie, caché pendant huit heures, dans un placard sous l’évier de cuisine, racontera ce qu’il a vécu, mais surtout remerciera son patron. Celui qui s’avancera vers les islamistes armés pour lui donner le temps de se cacher, s’exposant, au delà probablement de tout rationalisme, à être le courage incarné, celui qui bannit toutes formes de soumission. Lilian remerciera encore les membres du GIGN et du Raid, les policiers qui exposent leurs vies pour nous protéger. Moi, j’agissais pour moi, eux pour moi!

Ce courage fût encore celui des deux jeunes juifs de l’hypercasher, tués alors qu’ils se jetaient sur l’arme posée sur la table, devant eux, par Coulibaly. J’espère qu’il n’est pas mort pour rien, demande l’épouse du garde du corps de Charb, devant sa tombe? Pas morts pour rien!  Eux aussi ne voulaient pas êtres des victimes sans se défendre, sans défendre ceux qui les entouraient. Geste oublié dans notre société si faible qu’elle ne réagit pas dans le métro devant l’agression d’un autre. Geste transformant notre regard sur nous-mêmes. Oui, la peur nous tuera plus sûrement que l’affirmation devant le danger. Et la Marche de ce dimanche 11 janvier fût celle d’un Peuple qui redécouvrait le courage, la nécessité du courage. Qui savait qu’il marchait pour ces valeurs. Refus de la peur, dans ces moments ou beaucoup savait qu’il y avait un risque dans les rangs même de cette marche. Ce fût un moment inoubliable. Ce silence rompu simplement par des salves d’applaudissements, roulant par vagues au-dessus de nous, lancées par quelque mouvement spontané, là aussi au-dessus de tout raisonnement.

Le courage, ce mélange d’instinct et de réflexion, qui fait agir.

« Ce n’est pas l’Islam. Ce ne sont pas des musulmans. L’islam est une religion d’amour. »  Cette réaction d’imams, ou de musulmans de la rue, m’a interloqué. Toutes les religions ne sont-elles pas d’amour?Et pourtant ne sont-elles pas TOUTES aussi marquées par la violence? Dès son origine, au nom de l‘Islam , les cavaliers arabes, armés de cimeterres, ne se sont-ils pas lancés à la conquête de peuples et de territoires autres. Avec succès, puisqu’ils ne furent arrêtés à Poitiers qu’à peine moins un siècle après le début de leur guerre sainte ( djihad). Soumettant sur leur passage et convertissant à l’Islam, animistes et chrétiens d’Afrique du nord. Les mêmes, toujours au nom de l’Islam,  ne développèrent-ils pas, dès le VIII siècle, l’esclavage des noirs,  y réduisant à celui-ci plus de vingt millions d’africains tout au long de ces siècles. Deux fois plus que l’esclavage occidental! Aujourd’hui Olivier Rolin, dans le Monde des Livres, pose justement la question de l’ensemble du monde musulman en guerre contre les autres, et entre lui. Partout, des millions de musulmans se battent, au Nigeria, en Libye, en Algérie, en Syrie, en Irak, au Yémen, au Pakistan…Et maintenant en Europe.

Les hommes font les religions à leur image. Qu’importe ce que contient la Bible, les Évangiles, le Coran, si nous n’appliquons pas ces textes dans notre vie quotidienne…Et les violences des uns sont bien les nôtres.Le pape Benoit XV, apprenant la déclaration de guerre le 1 août 1914, pleurera devant la guerre européenne.  Une guerre monstrueuse, dévastatrice. Ce n’était pas une guerre de religion, comme l’est celle d’aujourd’hui. Mais elle était faite aussi en invoquant Dieu.

Mais que faisait donc l’amour? Mais que fait donc l’amour aujourd’hui? L’amour ne se décrète pas, il se vit.

 

 

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« nous sommes tous des Charlie, nous sommes tous des policiers, nous sommes tous des juifs »

Ce samedi soir, devant le supermarché casher de la porte de Vincennes, en prononçant ces mots, le Premier ministre, Manuel Valls, laisse transparaître son émotion. Cette émotion touche la nôtre, la mienne. Nous sommes tous des français, ajoutai-je dans mon for intérieur, nous sommes d’abord des français, quelque soit notre confession, – deux musulmans sont morts, assassinés par d’autres musulmans- quelque soit notre profession, où notre origine. J’ai ce matin, dimanche 11 janvier, à quelques heures de la marche à laquelle je participerai, envie d’exprimer cette force grandie en quelques heures dans ce pays. Liberté, égalité, fraternité, les trois mots au fronton de notre démocratie, Une et Indivisible, se lèvent devant la barbarie et l’oppression. Une marche de la résistance, qui vient de loin, d’un pays gaulois, de lumières grandissantes. L’esprit de Voltaire, et de bien d’autres, est là pour clamer le désir de liberté. Liberté et égalité des droits des femmes et des hommes, fraternité recherchée sans cesse comme fondamentale du genre humain.

Fier d’être français, de faire partie de ce peuple, de ses origines, de ses racines culturelles   et spirituelles si puissantes (1). Je marcherai pour défendre cela. Je marcherai pour réaffirmer le passé, le présent et l’avenir. Pour que mes enfants grandissent dans cet avenir. Cette marche, à laquelle nous serons des millions, est un extraordinaire signal, comme l’est la participation, à coté d’autres, des chefs d’États et de gouvernements européens. L’Europe se lève devant le danger de l’islamisme, de la destruction annoncée par celui-ci de nos valeurs. La France devient le porte étendard de ce mouvement. Les 17 morts de ces 3 jours sont les avant-gardes de cette résistance: Charlie, policiers, juifs… tous français. Et européens. Tous résistants.

Mais il faut arrêter aussi ce dénigrement de notre histoire, de nos valeurs. Cette auto-destruction par nous-mêmes de ce que nous défendons, de ce à quoi nous croyons. La mémoire doit être juste, non pas sélective. Nos récits doivent être justes, non pas mortifères. Être français, c’est faire passer en premier, en quelque circonstance que ce soit, l’acceptation de cette histoire, de ces valeurs. C’est les reconnaitre comme fondamentales de notre union.

Cher vieux pays, disait celui qui l’aimait tant, Charles de Gaulle, le premier résistant de notre pays devant la barbarie nazie. Cher vieux pays, lève-toi!

(1) les mondes gréco-romain et judéo-chrétien, celui des Lumières, de la Déclaration universelle des Droits de l’homme, et leurs corollaires:  le Code civil ( le code Napoléon), la laïcité ( la séparation de l’Église et de l’État)

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