dans le cochon tout est bon! dit l’expression populaire…

Certes, du groin au jambon arrière, à la queue, tout est bon, comestible, transformé  par les habitudes culinaires et traditionnelles. A condition que le cochon soit bon, nourri comme il se doit… naturel! Ces derniers jours le cochon marchait sur la tête. La crise du porc est pour moi devenu le symbole de nos incohérences. A la télévision, des éleveurs nous expliquaient leurs malheurs. Les cochons invendus parce que trop chers, les porcheries embouteillées, l’importation à bas prix de la viande de porc danoise, allemande, espagnole – et pourquoi pas chinoise, premier producteur mondial de porc-cette concurrence déloyale européenne faite de super productivité et de main d’œuvre polonaise ou roumaine moins chère! Il faut doubler la taille des porcheries, disaient certaines voix industrielles ou gouvernementales, écoutées avec complaisance par les journalistes.

Personne ne se posait la question de la course à la productivité et au bas prix. Personne ne se questionnait sur un système qui produit du « mauvais » porc, qui en produit trop – les rayons débordent de paquets peu ragoutants de ces productions- d’un système polluant, de bêtes qui souffrent. Les éleveurs ne tirent aucune leçon de ces trente dernières années:  destructeurs de l’environnement, surchargés de dettes, producteurs d’une viande de plus en plus mauvaise. Course à l’échalote qu’ils ne remettent pas en question. Pourquoi ne pas produire moins et mieux? Ah oui, il faut nourrir le monde, il faut nourrir le Produit intérieur brut, il faut donner au consommateur qui le demande des produits toujours moins chers.

Quel échec! ce moins cher, ce prix bas, qui fait la fortune des distributeurs attirant le client avec cette promesse, est un leurre. Ce prix bas nous coûte une fortune en terme d’environnement, de santé, et d’emploi. Il ne fait la fortune que de quelques uns. Il est en train de tuer les paysans. Le consommateur qui achète la promesse du « pas cher » détruit son emploi. Ce n’est pas la quantité qui sauvera les éleveurs de porcs, c’est une révolution! c’est de revenir à de la qualité. De produire bon et bien, moins et mieux. C’est aussi le consommateur qui doit consommer mieux et moins. Qui doit accepter de payer la qualité, de préserver sa santé en prenant cette qualité de production. Acheter français? Oui, mais à condition que ce soit du bon. Si c’est pour avoir du porc, de la viande, des fruits produits dans des conditions aussi déplorables que les allemands, espagnols ou danois, non!

Le consommateur doit changer. Les politiques nationales aussi. Se nourrir est un vrai sujet. Le système de productivité parle de nourrir le monde. C’est faux, jamais on n’a eu autant d’affamés. Pourquoi? jamais on n’a eu autant d’obèses, ou pour employer un terme politiquement correct de personne en surpoids, pourquoi? Aux États-Unis, 1 personne sur deux. Avec les problèmes et les coûts liés à ce surpoids! Manger moins, manger mieux dans les pays occidentaux. On sait très bien comment : local; bio, et cela donnera du travail à des millions de gens. Le retour à la terre? mais oui, une solution intelligente enfin! Dans le tiers-monde, il faut pousser les paysans à rester sur leur terre, stopper les importations à bas prix de produits européens, américains, chinois en Afrique qui déséquilibrent les marchés locaux. Ce déséquilibre crée les bidonvilles et les migrants qui se précipitent dans l’espoir d’une vie meilleure en Europe. Un leurre encore! Et si on retrouvait du bon sens? Dans le cochon tout est bon, s’il est bon.

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Solveig Anspach, Karin Viard, Lalou Bize-Leroy, Renaud Capucon

Des noms qui s’affichent dans l’actualité, un carnet  triste d’abord. J’avais immensément aimé Haut les Cœurs de Solveig Anspach, qui avait valu à Karin Viard en 2002, le César de la meilleure actrice. La réalisatrice racontait les choix d’une mère enceinte atteinte d’un cancer. Porter l’enfant jusqu’à l’accouchement augmentait les risques de prolifération du cancer, empêchait les traitements pour le combattre. Karin Viard donnait tout son talent d’actrice à ce rôle écrit par Solveig Anspach. Celle-ci racontait aussi sa propre histoire. 15 ans plus tard, le cancer l’a finalement emporté. Haut les cœurs reste un témoignage poignant d’une réalisatrice de qualité.

Le carnet plus joyeux est fait de rencontres dans les journaux. Renaud Capucon dans le JDD, Ce somptueux violoniste raconte son métier, mais aussi sa vie en forme de bilan familial. A la ville, il est l’époux de la journaliste Laurence Ferrari. Il nous conte avec humour son état de « prince consort« . Lors d’une promenade en montagne, dans la région d’Evian, ou il passe ses vacances en famille, elle et lui croisent deux paysans. C’est Laurence Ferrari, s’exclame l’un d’entre eux, avec son mari l’accordéoniste. Le premier prix de Conservatoire, le violoniste de renommée internationale, prend avec humour sa situation. Les paparazzi ne sont pas là ce jour-là. Mais quelle inversion des valeurs!

L’autre page du carnet est l’article que le Monde consacre dans son numéro daté du 9 août à une grande dame du vin, Lalou Bize-Leroy. Copropriétaire de la Romanée-Conti, le vin le plus célèbre du monde, Lalou Bize -Leroy est une une flamboyante représentante du cru lorsque à l’occasion d’une succession familiale, elle est écartée de la gestion du domaine. Elle a 60 ans. Elle ne se laisse pas abattre. Elle rachète des vignes, rencontre le pionnier de la biodynamie, apprend, développe une passion pour la terre et le fruit, chasse la chimie, s’intéresse  à la lune, aux astres; des vins extraordinaires sortent de ses chais. Aujourd’hui, à 82 ans, elle est redevenue une grande dame du vin, avec peut-être plus de passion et de goût que dans sa première vie!

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Love de Richard Morgiève

Un de mes écrivains préférés, me dit David Genzel qui signale Love, le dernier texte de Morgiève, dans son blog Davidrivegauche.tumblr.com. Xavier Houssin le met de son coté dans la sélection du Monde des livres: Titanesque. Et magnifiquement troublant, termine-t-il son papier. D’une extrême modernité, ajouterai-je. Bien fait pour nous, me dit une amie, on l’a bien cherché! Oui l’Apocalypse, déclenchée par un virus informatique, nous rappelle notre fragilité, à nous les arrogants, qui pensons chaque jour dominer un peu plus le monde. Mais j’aime aussi chez Morgiève ce style bref et violent, allié à une humanité immense…(…) pour nous parler des angoisses lourdes, du besoin de rédemption et de la quête de l’amour idéal, précise Houssin.

Morgiève ne perd pas son temps. Il va à l’essentiel, et en cela il est aussi une sentinelle du présent. J’imagine ce bruit dont nous nous étourdissons toujours plus. Ce bruit qui nous cache la réalité. Je finis une relecture de Bon vent, l’autobiographie de Georges Pernoud, à paraître le 20 août chez Carnets Nord/Montparnasse. Dans un tout autre genre, Georges parle lui aussi du moment présent, avec une humanité et une force remarquables. Une vie qui se déroule sur 68 ans, ou presque, d’une jeunesse sans-soucis à Ifrane, au Maroc, à une adolescence de quasi-rapatrié dans la banlieue parisienne… pour il y a quarante ans, le 27 septembre 1975, lancer une émission en toute discrétion: Thalassa, le magazine de la mer, alors trente minutes hebdomadaire, diffusée à 20 heures sur FR3.

La vision, l’obstination, le goût, la compétence…ont fait le reste. Quarante ans plus tard, une heure 40 défie chaque vendredi le temps, et les grands battages médiatiques. Ce soir là, vous choisissez entre Koh-Lanta et l’aventure sans fioritures, la vraie!  N’y a-t-il pas, là encore, l’affrontement de David et Goliath? J’espère que David continuera son combat hebdomadaire. Bon vent! Georges.

 

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Quelle agriculture pour demain?

D’autres questions : demain que mangerons-nous? demain quel sera le monde paysan, celui qui cultive la terre, l’entretient, élève les animaux, les connait? Le Monde daté du jeudi 23 juillet consacre deux pages à cette crise qui secoue les agriculteurs, enfin aujourd’hui surtout les éleveurs de bovins et de porcs. Que lit-on? Un article sur les manifestations et les décisions politiques: repousser les remboursements d’emprunts et autres mesures financières d’urgence, un deuxième sur une éleveuse de l‘Eure : 800 euros de revenus mensuel, jamais de vacances, des soucis par dessus la tête, un troisième, les solutions d’un expert : redimensionner les exploitations ( lire: grossir celles-ci, de taille trop modeste, ajoute-t-il), et enfin une correspondance de Berlin de Cécile Boutelet qui nous explique le succès allemand.

Effarant ce succès allemand qui s’exporte, dont on nous dit qu’il faut le copier, il est un des pires du monde! destructeur de l’environnement, pollueur, échafaudé sur des salaires misérables d’ouvriers polonais et roumains. Une viande fabriquée dans d’immenses usines, des fermes aux mille vaches, de celle que nous refusons en France, des porcheries de 68 000 porcs pour l’une d’elles, véritable camp de concentration pour animaux. Un formidable succès qui a vu le nombre d’exploitations passer en 10 ans de 39 000 à 15 000. Des exploitations dont le paysan a disparu, pour faire place à un industriel et à des ouvriers.

La puissance allemande est faite d’une incroyable faiblesse : la qualité déplorable de la chaine alimentaire. Mauvaise productions à bas prix. Veut-on se nourrir ainsi? Les allemands vendent cette viande en France. Pourquoi consommons-nous cette viande si médiocre? Parce que les intermédiaires achètent ce bas prix et nous le vendent sans nous dire ce que cela sous-entend! Alors qu’aujourd’hui en Allemagne, nous dit l’article, un courant croissant de consommateurs refuse ce système en devenant végétariens.

Voulons-nous cela? C’est ce que défendent les industriels français, le président de la FNSEA en tête, lui même PDG du premier groupe agro-industriel français, mais les agriculteurs et les consommateurs ne voient-ils pas que depuis 50 ans, ils font fausse route? Les uns sont de plus en plus pauvres et esclaves d’un système financier qui les fait travailler à son unique profit, les autres sont les dindons de la farce, mauvaise farce, comme dirait le charcutier, dans les assiettes, elle n’est pas celle que l’on croit! Préserver la terre, produire bon, consommer en connaissance en cause. Le bio l’expérimente, les Amap, et bien d’autres possibilités se mettent en place. Les paysans ont à prendre conscience de leur rôle. Les consommateurs aussi doivent changer, apprendre à voir autrement ! Voilà le projet pour l’agriculture de demain!

 

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la culture, qu’est-ce que c’est ?

Un mouvement, tout ce qui fait aller vers… me dit Thomas, jeune étudiant d’une école de commerce de Reims, qui est serveur tout l’été dans la petite auberge d’Ajat, ravissant village du Périgord. Il relit Don Quichotte, se souvient avec émotion du Bourgeois Gentilhomme- étrange coïncidence, n’est-ce pas le même que celui vu la semaine dernière aux Bouffes du Nord- de Podalydès  : la langue de Molière dite si bien qu’elle est d’aujourd’hui,  ajoute-t-il. Quelques mots devant un ensemble magnifique composé du château, ancienne maison forte du XII°siècle, restauré comme une folie, par ses nouveaux propriétaires, au goût sûr et passionné, et de l’église romane, restaurée elle aussi, que les vitraux contemporains du père dominicain Kim En joong éclaboussent de lumière et de couleurs.

Est-ce la culture qui s’exprime dans ses pierres, ce relèvement de l’Histoire racontée à chaque instant dans celles-ci?  Et là encore au pied du château et de l’église, dans cette auberge, dont la cuisine, elle aussi, parle du labeur et de l’intelligence.

Haute culture, demande Vargas Llosa, plaidant contre ce qu’il appelle l’abaissement et la vulgarité des temps modernes. Ce n’est pas une fatalité ajoute-t-il, la culture exprime des valeurs, et demande un effort. La littérature serait pour lui la mère des cultures. Un instant pour moi, cette idée est aussi avec nous, alors que Thomas apporte les délicieux desserts concoctés par la patronne-cuisinière. La culture serait cela, l’Histoire d’un peuple un et indivisible, son intelligence, ce mouvement de tous et de chacun vers…un idéal, une humanité… plus encore par une action nourrie par la pensée ?

Ces soirs là, l’harmonie du paysage sous nos yeux, vallons verts, prés fauchés, voix au lointain, bruits des moissons, grands chênes majestueux derrière la maison, pouvait inciter à voir le meilleur, le plus beau. Ah oui, la beauté est fracassante. On la retrouve dans le catalogue des Editions Montparnasse, les œuvres de la Comédie Française, de Shakespeare, du cinéma de Guy Gilles et de bien d’autres, dans ces documentaires qui, questionnent,  dans le style, interprétation  de notre humanité. Fin de ma lecture du scénario Hiroshima mon amour de Marguerite Duras, éblouissement à nouveau! La beauté et l’intelligence traversent le temps.

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conduire un jour de départ en vacances

Peut-être n’avez-vous pas eu ma chance ce dimanche matin de grands départs en vacances. Une route chargée, mais fluide, des automobilistes attentifs, respectueux des limitations de vitesses et des autres. Aucun imposant 4/4 surgissant derrière vous à vive allure, alors que vous êtes à 130km/h sur la ligne de gauche, vous intimant avec forces appels de phares, de vous ranger immédiatement pour laisser passer la puissance et la force. Non, ces manières étaient réservées au retour du dimanche soir. Ici sur l’autoroute allant vers le sud, chacun prenait son temps. Le temps des vacances.

C’est un moment heureux. Faut-il se sentir coupable de ce sentiment alors que tout va si mal dans le monde, que la radio nous donne les informations de 10 heures ? Le Pape François dénonce le règne de l’idole argent. Ce règne de l’argent, de la finance n’est pas chrétien, nous dit-il. Il rappelle que le christianisme est « révolutionnaire ». Au même instant, un grec, étrange « révolutionnaire » dit de gauche, encerclé par la raison du marché, s’enhardit quelques jours à dire non à ce marché. Puis accepte le diktat, mais a-t-il le choix? Europe vient de là, n’est-ce pas un signe! Sur France Inter, une biologiste raconte les premiers jours du monde, l’apparition des signes de la vie, l’inconnue persistante de ce premier moment malgré les connaissances inouïes de ces dernières décennies. Est-ce rassurant?

La biologiste évoque l’exploration de ces nouveaux mondes, ces planètes inconnues ou nous envoyons des messages, parfois des sondes, et d’où nous souhaitons rapporter aussi des parcelles du mystère. Y a-t-il un danger dans ces explorations? Lui demande la journaliste. La réponse est nette: oui, nous pouvons apporter dans ces mondes vierges des germes qui les menacent, et en rapporter encore des virus destructeurs, mais on n’arrête pas le progrès. Et notre curiosité insatiable? Hier comme aujourd’hui.

Les paysages défilent, après les plaines un peu mornes de la Beauce berrichonne, les contre-forts creusois annoncent le Limousin verdoyant et boisé. Le ruban bitumeux nous emmène toujours plus loin avec la promesse d’un moment à nous. En famille, entre amis. C’est cela les vacances. Quelques livres – quantité ou qualité?- et déjà je pense aux échanges : la qualité, qu’est-ce que cela veut dire? C’est subjectif. Chacun a le droit d’aimer ou non…affrontements jamais finis que La civilisation du spectacle, de l’écrivain Mario Vargas Llosa, juste ouvert avant de partir, va nourrir abondamment, je le sens. Vive ces quelques jours à refaire aussi le monde.

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Le plus beau des luxes au bout du boulevard de la Chapelle à Paris

Vendredi soir, dans ce quartier populaire, face à la station métro de la Chapelle, un spectacle admirable était proposé à quelques trois cents personnes éblouies et enthousiastes. Le Théâtre des Bouffes du Nord proposait  Le Bourgeois gentilhomme dans une mise en scène de Denis Podalydès sur une scénographie d’Eric Ruf, costumes – merveilleux- de Christian Lacroix-.  Le plus beau des luxes, une trentaine de comédiens déployaient des talents multiples, musiciens, danseurs, clowns, acrobates, jouant cette comédie-ballet de Molière avec un art souverain.

Devant des enfants émerveillés assis au premier rang, Pascal Rénéric, stupéfiant monsieur Jourdain, venait s’adresser à eux, les entrainant dans la comédie devenue un jeu coloré et familier. Le Théatre des Bouffes du Nord se prête à cette proximité quasi-charnelle entre comédiens et spectateurs par ce demi-cercle de gradins dans la scène. Mais ce soir là, la folie et la beauté des comédiens nous emmenaient avec eux à entendre et voir l’art. L’art de la musique de Lully, l’art de la danse, l’art de la voix – splendide soprano Cécile Granger qui ouvre le spectacle- l’art du texte, vivant aussi grâce à la pantomime inouïe se déroulant devant nous-

Il y avait cette beauté de comédiens s’amusant à jouer, heureux de jouer, nous communicant leur bonheur, nous donnant leu jeu, leur vie, leur art. C’était l’accomplissement de ce qu’on appelle le spectacle « vivant », à ce moment surpassant toute reproduction. Je pensais au Molière de Mnouchkine, à ce qu’elle nous montrait de la vie des comédiens de l’époque, à cet élan qui les portait. Je le retrouvais en chair et en os ce soir là. Les conditions matérielles ont changé. Les comédiens d’aujourd’hui conservent pourtant la précarité due à l’art. Leur art, leur choix de n’être jamais sûr que le spectacle l’emporte.

Vendredi soir, dans ce théatre subventionné, je trouvais bien que cela le fût. Il fallait ces aides pour que ce spectacle existe. Courez-y, il y a de la place!

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Chapeau bas et longue vue, Monsieur Georges.

Un site spécialisé livre aux chiens médiatiques un pfitt un peu malodorant. Georges Pernoud serait un méchant capitaine, vieux et rassis. Il battrait son équipage, s’accrocherait à la barre malgré son âge avancé, aurait peur de son ombre. Et tout cela à la veille de fêter les 40 ans de la célèbre émission Thalassa. Émission qu’il a créée, et qui chaque vendredi continue de passionner plusieurs millions de fans.

Monsieur Georges, comme l’appelle l’académicien Eric Orsenna, dans la préface de son autobiographie, Bon vent, à sortir fin août chez Carnets Nord, Monsieur Georges, chapeau bas! et longue vue, ajouterai-je en saluant cette extraordinaire vision d’il y a quarante ans. Une émission consacrée à la mer et non à la voile comme certains lui conseillaient » il y a plein de voileux, c’est mieux, plus facile! » La mer, c’est les hommes, c’est notre poumon, nos ressources, répondait Georges. Il avait raison, bien entendu. La voile aurait tenu deux ou trois ans. Les hommes, aller les voir chaque semaine, les rencontrer, les découvrir, réserve inépuisable.

Quelle vision. La mer, la beauté, l’image, des recettes, une main de fer dans un gant de velours. Une obstination, de la ruse sûrement! comment tenir la barre sur les mers de France télévision, les Présidents qui défilent, les envieux, ceux qui veulent le créneau….

Monsieur Georges ne créait pas de société de production comme la plupart des animateurs. Je suis journaliste de service public disait-il. Service public! Service du public, une mission. Voilà ce diable de capitaine de ce bateau quasi-indestructible que des « petits » attaquent par le bas. Mais oui, bon sang, ils veulent sa place, c’est si simple, si humain. La place est belle, chaude, intelligente…oui ils pensent pouvoir faire mieux!! imbéciles jaloux qu’un Molière moderne  aurait facilité à croquer. Chapeau bas et longue vue, Monsieur Georges!

 

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lettre à un ami plein de courage, Sylvain Augier.

Cher Sylvain, nous nous sommes rencontrés alors que vous étiez encore dans le feu des médias. Vous produisiez vos documentaires sur la France vue du ciel, des vues merveilleuses qui nous faisaient rêver, qui faisaient rêver des millions de français, d’abord à la télévision puis dans les DVD que nous éditions. C’était au début des années 2 000. Vous aviez été un présentateur de télévision célèbre et aimé. Aimé pour votre joie, votre sourire, votre fougue.

Derrière cela je découvrais, petit à petit, un homme blessé. Blessé physiquement dans un accident de parapente ou vous étiez passé à deux doigts de la mort. Oui, comment aviez-vous échappé à la mort après une chute de plusieurs centaines de mètres? Vous le racontiez dans un livre: l’instant ou tout a basculé que nous éditions en 2008. Échapper à la mort. Le sujet vous obsédait. La vie, la mort ? Le succès, l’ombre, l’oubli. Vos blessures n’étaient pas que celles d’un accident. La dépression vous rattrapait. Vous n’aviez plus d’émissions. Plus rien que l’attente dont vous me parliez. Et la foi en vous-même dont vous commenciez à douter.

La chance, l’espoir! La chance vous a retendu une main. Chaque jour sur Sud Radio, vous posez, au bout d’une heure d’entretiens, cette question à votre invité: qu’est-ce qui vous fait courir? D’une heure, à partir d’un livre qui vient de sortir, d’une pièce de théâtre qui démarre, vous faites bien autre chose qu’une promotion. Vous détournez le genre, c’est un moment de bonheur partagé. Vos invités deviennent les nôtres. Vous êtes là , mais aussi à coté de l’invité, pas devant eux. A l’heure ou les animateurs parlent plus que ceux qu’ils reçoivent, ou les invités sont sans cesse coupés par une voix ironique ou autoritaire, vous apportez l’élégance de la discrétion, la discrétion du mot juste qui s’efface pour nous laisser entendre des voix. Qu’est-ce qui vous fait courir, tous les jours à 14 heures sur Sud -Radio.

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Vivre dans la dignité

Vivre dans la dignité. Dans le Figaro de ce samedi 13 juin, alors que l’affaire « Vincent Lambert » atteint son paroxysme de médiatisation, l’universitaire et essayiste Chantal Del Sol renvoie les parties dos à dos : « les partisans du maintien en vie de Vincent Lambert se dégradent en utilisant les mêmes méthodes que leurs adversaires ». Les caméras filment pour les camps, l’opinion entre dans la chambre d’une vie dont nous ignorons tout, et dont quelque soit la décision prise nous ignorerons tout. La dignité n’est pas un sigle, la vie et la mort relèvent de l’intime, la chambre de Vincent Lambert ne nous appartient pas.

Dans le même temps que l’indignité est dans la médiatisation, je termine, ébloui et profondément ému, le roman de Maylis de Kérangal, Réparer les vivants. Qu’est-ce qui a fait que j’ai pris l’autre jour, à l’Ouvre-boite, la librairie de Caroline, et sur ses conseils, ce best-seller, déjà en poche ? Voilà une vie, arrachée par un forcément stupide accident, et que dans cette chambre ou repose le corps, alors que le cœur bat encore pendant que le cerveau se détruit irrémédiablement, des décisions vont se prendre, vont devoir se prendre.

L’humanité se joue face à la mort. La dignité des vivants donne la dignité à la mort et à la vie. Un récit admirable. Un récit sur l’intime, sur la force de l’intime, sur le respect de l’intime. Rien ne se ressemble. Loin de moi de faire de ce livre, un simple roman, une prise de position dans l’affaire ( affreuse expression) Lambert. Simplement l’idée d’opposez aux images les mots. Les vrais mots aux images dévoyées. Laissons ceux-ci prendre le dessus.

Pour Vincent Lambert, je vous renvoie aussi à ce portrait d‘Eric Kariger, dans l’hebdomadaire Réforme du 11 juin. Le médecin, responsable de l’unité de soins palliatifs du CHU de Reims est chrétien et catholique. Il est résolument anti-euthanasie et pourtant, ici, pour l’arrêt de soins, pour lui, déraisonnables : Laisser mourir n’est pas faire mourir, dit-il….

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