un monde si petit

Certains d’entre vous- ceux qui ont lu Dalva, le magnifique livre de Jim Harrison– s’en souviennent peut-être. A un moment, l’héroïne de retour chez elle, dans le Nebraska, reçoit une lettre de Michael, un intellectuel, très à coté de la vie. Pourtant, celui-ci vit une transformation radicale par la lecture de l’extermination des sioux, et plus largement des indiens. Michael prend conscience du monde dans lequel il est, et notamment du déversement des nouvelles sur lui, nous sommes au début 80 : il y avait de fréquents flashes d’information sur toutes les horreurs de la planète – pour la première fois dans l’histoire du monde nous avons simultanément accès à toutes les mauvaises nouvelles.

Ted Turner venait de lancer CNN, une chaine d’informations 24 heures sur 24, Internet n’existait pas encore et l’écrivain américain exprimait son désarroi devant un progrès dont il énumérait les dégâts. Ce matin, Libération consacre deux pages au philosophe Bernard Stiegler à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage Dans la disruption, comment ne pas devenir fou Les Liens qui libèrent. L’accélération de l’innovation court-circuite tout ce qui contribue à l’élaboration de la civilisation, nous dit-il, tout simplement! Et d’une autre manière que Harrison, trente ans plus tôt, il parle des conséquences, mélancolie collective, désespérance etc…nihilisme, destruction des valeurs, une économie de la donnée exclusivement prédatrice, qui repose sur l’élimination des singularités par le calcul.

Voilà donc la mondialisation au pied du mur. A quoi sert-elle? à nourrir le monde, ou à nourrir le Veau d’or. Le monde globalisé, Tour de Babel, les mythes annoncés se réalisant? Tout n’est pas perdu, si les singularités se révoltent, il suffit d’entendre et de voir le discours d‘Emmanuel Faber, patron de Danone, aux étudiants d’HEC, école de commerce dont il est lui-même issu: La main invisible n’est pas la solution, dit-il, parce qu’elle accroit l’injustice sociale. La main invisible, c’est à dire le marché meilleur régulateur du monde, selon son inventeur, l’américain Adam Smith, le dogme absolu du capitalisme, remis en cause par un connaisseur. Une révolution!

 

 

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fête de la pluie et sens des mots

le 21 juin, fête de l’été et de la musique. Pourtant difficile de voir les deux sans trouver beaucoup de sombre: tristesse du ciel, trop gris, trop pluvieux et qui finit par nous mettre de mauvaise humeur. Je suis fatigué, le refrain est sur toutes les bouches, et même la proximité des vacances ne rallume pas l’œil de mes interlocuteurs, voisins, amis. Du sombre dans l’actualité. Rien n’est sûr, le premier ministre, très churchillien,  nous annonce; préparons-nous à d’autres attentats, d’autres morts. Il faudra une génération pour éradiquer le terrorisme. Je me demande comment il peut prévoir la fin de ce mal qui nous dépasse, mais dont on comprend bien qu’il s’agit d’un fanatisme religieux qui nous déteste jusqu’à la mort. Notre mort! Par quels moyens entend-il l’éradiquer? 

Sombre la mort des ces deux policiers, assassinés, pendant que d’autres sont assaillis à coups de pavés dans des manifestations que l’Etat d’urgence devraient interdire. Que leurs pilotes devraient eux-mêmes s’interdire! Deux à trois fois plus de gendarmes et CRS blessés que de manifestants, mais ceux-ci s’indignent de la répression. Étrange!  Militaires, gendarmes, policiers sont submergés. Nous attendons d’eux qu’ils nous protègent et nous les détournons de leur travail pour aller poursuivre des casseurs! le monde marche sur quoi?

Enfin un beau portrait d’Elisabeth Badinter dans le Monde du 21 juin. Article intelligent, bien troussé, enlevé, ou la journaliste, sur deux pages, nous emmène dans les coulisses de la vie de la philosophe, sociologue et écrivain. L’intransigeance de la République vue à travers des souvenirs ( sources citées mais non garanties. Par exemple est-ce Mitterrand qui la qualifie d’intolérante comme le dit l’article, et si oui d’ou vient cette citation? ). Mais ce qui m’intéresse, c’est l’usage des mots. La journaliste la qualifie de rigide, parle même de rigidité.  Est-ce de la rigidité ou de la rigueur? Ce n’est pas la même chose. Rigidité cadavérique dit bien ce que c’est à l’extrême. Plus rien ne vit. Il y a là une sorte d’absence d’écoute, d’empathie, presque d’intelligence. Elisabeth Badinter semble pourtant intelligente, très même, alors le bon mot n’aurait-il pas plutôt été: rigueur. Rigueur rime avec exigence. Tout chez la philosophe respire l’exigence. Rigidité est donc un emploi négatif. Comme de qualifier la position adverse de tolérante, lui laissant à elle les principes. Le portrait, petit à petit, crée une image, un miroir déformé volontairement? Tocqueville dans De la démocratie en Amérique, nous avait prévenu: le pouvoir de la presse est nécessaire- le 4° pouvoir, le contre-pouvoir- et dangereux par ses dérives qu’il voit déjà- nous sommes en 1830. La presse peut devenir un tyran sans contrôle.

 

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C’est parti: que le meilleur gagne!

Le meilleur? Je ne peux m’empêcher de détester qu’il y ait un perdant. Peut-être à cause de la violence de l’enjeu. Samedi soir, l’équipe de Roumanie baissait la tête, les français exultaient. Les journaux faisaient leur Une sur le vainqueur, un joueur à lui tout seul incarnait la fierté nationale. Les commentateurs disaient à quel point cela faisait du bien, dans une période si morose. Un pays en haleine, pour une compétition sportive, ou l’on est content de « tuer » l’autre, de le défaire, de le battre. Les termes sportifs rejoignent ceux de la guerre, le perdant est conspué par son camp. Les supporters eux-mêmes se sentent vaincus, humiliés.

J’ai dit, dans mon précédent blog, à quel point je voyais encore un parallèle entre sport et capitalisme. Il y a dans l’entreprise capitaliste les germes de la guerre, guerre menée contre le concurrent, contre l’adversaire, contre la mauvaise fortune, mais pas que cela!  Le système, d’une lutte positive pour l’amélioration des conditions de la vie, est passé à une destruction des valeurs humaines. On le voit pour l’environnement, dommage. L’entreprise, comme le terrain de sports, est un bel endroit de démonstration des énergies, du courage, de l’intelligence. L’avidité et l’excès d’argent pervertissent leur sens même.

Alors, quand je me retrouve comme samedi soir dans le café d’en face, ou le moment est sympathique, bon enfant, ou les cris fusent aux buts, ou la déception abat les uns et les autres à ceux ratés, mais ou finalement c’est l’amusement qui préside, je me dis que décidément nous perdons de belles occasions de communion.

 

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Regards sur le Sport, à l’heure de l’Euro: Six DVD indispensables

Alors que des millions de français et d’européens vont se passionner pour cette compétition qui se tient en France, tous les journalistes et les lecteurs de l’Equipe devraient se précipiter sur une remarquable et indispensable collection Regards sur le Sport.  Six DVD que proposent les Éditions Montparnasse. Réalisée par Benjamin Pichery pour l’INSEP,  avec des entretiens de François L’Yvonnet, elle fait parler des philosophes autour du sport. Tous, de Michel Serres à Michel Onfray en passant par Boris Cyrulnik, Paul Ariès et bien d’autres, ont un rapport personnel avec une pratique sportive. Leur enfance connut le football, le cyclisme, le rugby, le cross… Ils en parlent aujourd’hui en pratiquant, ex-pratiquant, en philosophe. Passionnant!

Dans un précédent blog sur cette série documentaire, j’avais évoqué l’amour d‘Alain Finkielkraut pour le football, emmené par son père au Parc des Princes, mais aussi sa désolation pour ce que ce sport était devenu: « L’athlète grec réalisait sa propre nature. La valeur essentielle était l’harmonie, l’équilibre. l’homme moderne ne vit pas dans l’élément de la nature. Il vit dans l’histoire. Le culte de la beauté, de l’accomplissement cède la place au culte de la performance. (…) Trop vite, trop haut, trop fort! Nous ne faisons plus progresser l’humanité par le record, nous entrons dans le post-humain ou les athlètes deviennent les cobayes de cette post-humanité. A chacun son analyse, différente mais qui convergent toutes vers le même point. Le sport a totalement changé, pour les uns en deux ou trois siècles, pour les autres, en un demi-siècle, embarqué par les médias et l’argent dans une course suicidaire.

Je vous parlerai aujourd’hui du film avec Robert Redeker, auteur également d’un livre paru aux éditions du Rocher, L’emprise du sport. Son regard sur le sport est aussi celui d’un « sauvageon » du sport et de la philosophie. Sauvageon, ce terme il se l’applique lorsque adolescent pratiquant intensément le cyclisme et le cross-country, seul, dans une campagne du sud-ouest: je m’arrachais les tripes tout en me récitant du Spinoza ou du Descartes. C’est comme cela que j’ai appris un rapport entre la philosophie et le corps, en sauvageon. Adepte aussi du rugby et du football, il avoue ne plus s’intéresser au football, continuer à aller voir passer le Tour de France. Sa critique du sport, de la compétition sportive est radicale:  dans la compétition, il n’y a pas d’amis. L’équipe est solidaire pour gagner, mais dans le même temps le véritable ennemi c’est l’équipier qui comme vous veut les faveurs du public. Il n’y a pas de place pour tout le monde. Deux ou trois seulement gagneront ses faveurs et l’argent qui va avec. Au fond, nous le voyons bien dans l’actualité ou les déclarations fracassantes de certains ne manifestent que cette haine, et cette envie. Tous ces joueurs gagnent beaucoup trop d’argent. La corruption de la FIFA nous écœure, et pourtant cela continue, sans que personne ne stoppe cette course folle, dévastatrice.

Robert Redeker fait une démonstration magistrale de la dérive du sport de masse, du parallèle entre performance sportive et performance capitaliste. Ce sport détruit, au lieu de construire. Il développe l’individualisme, là encore parallèle avec le libéralisme affairiste. C’est un crime de critiquer le sport, cela vous classe dans les anti-modernes, nous sommes dans l’impensé, dans l’incritiqué. Au comptoir du café, c’est l’emprise sur l’âme et la convivialité, l’emprise de qui va gagner.  Des millions?  Mais les jeux du cirque ont toujours existé. Aujourd’hui, ils ont simplement nom Jeux olympiques, Coupe du monde de football, Euro? Regardez cette série, regardez Robert Redeker, c’est intelligent, lumineux, décoiffant. Regardez et écoutez ces philosophes, vous verrez autrement la compétition sportive, et les joueurs!

Voir aussi le DVD : Allez le stade- Batteux, l’homme du match ou l’histoire d’un club, celui de Reims, d’homme, Raymond Kopa et Albert Batteux, entre autres. Les années 50, une autre époque!

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Au delà du miroir médiatique: Jean-Luc Lahaye

Lorsque j’ai rencontré Jean-Luc Lahaye, il y a un an, chez son agent, je ne connaissais vraiment ni ses chansons, ni ses démêlés avec la justice, ni son univers. Et puis j’ai entendu la souffrance d’un homme qui s’estimait injustement condamné par l’opinion que les médias avaient donnée de lui. Médias qui, lorsqu’ils se sont trompés, rectifient des pages d’articles et de titres destructeurs, par quelques lignes à peine visibles dans un communiqué. Des réputations détruites avec la conscience tranquille des juges modernes.

Jean-Luc Lahaye n’est pas un enfant de chœur- il l’a été- je ne comprends pas son goût immodéré pour les jeunes filles, ses déclarations provocatrices sur le même sujet, mais la seule accusation retenue contre lui,  la discussion outrancière sur Internet avec une jeune fille se faisant passer pour majeure,- elle a elle-même déclaré qu’elle l’avait en quelque sorte « piégé », et n’a pas voulu porter plainte- au delà du jugement moral et social, semble bien mineure à coté des actions et positions des Gainsbourg, Polanski, et bien d’autres, ceux-là jamais inquiétés par la justice ou bien défendus par le Tout-Paris médiatique. Etre un grand artiste n’excuse rien, au contraire!

Comme on se fait des idées, Jean-Luc Lahaye…ainsi démarre dans Passion Classique, Olivier Bellamy, le recevant. Je suis un astre noir, un capricorne comme Dalida, comme vous, Olivier. Je traine une solitude extrême. Le ton est donné. Le choix musical qui suit, la 9° symphonie de Beethoven en la mineur, permet un bref instant de blague de potache: si un juge nous entend! L’humour peut être grave, Jean-Luc se réjouit que ceux qui n’étaient pas ses vrais amis lui aient tourné le dos. C’est formidable qu’ils me tournent le dos parce que moi je reste de face, je ne vois que leur dos. Il y a encore la chute qui suit le succès, les immenses succès, les chansons, le livre, l’Association Cent-Familles qu’il crée, lui l’enfant de la DASS, pour les enfants abandonnés, pour laquelle il donne les revenus de son best-seller. Les chutes. Olivier Bellamy; la mort, vous y pensez? Jean-Luc : la mort, j’y pense tous les jours. Je viens d’apprendre celle de mon frère ainé, après celle de ma mère le 1° avril. Je suis sur la pente savonneuse, çà s’accélère. Et puis un jour ce sera mon tour.

No milk to day, la 7° symphonie de Malher, Erik Satie… les choix musicaux nous emmènent dans des univers nostalgiques et graves. L’enfant de la DASS déborde d’amour : J’ai adoré ma mère. C’était une enfant. Je ne lui en ai jamais voulu. Olivier Bellamy : de quoi êtes-vous le plus fier, d’avoir réalisé votre rêve d’enfant, être chanteur, où de votre association? Aucune hésitation: de mon association. Il faut aller de l’autre coté du miroir, décidément.

A réécouter sur Passion Classique du mercredi 25 mai. Et lire aussi Classé Confidentiel, son autobiographie chez Carnets Nord

 

 

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être ou ne pas être ?

Nous employons la fameuse phrase de Shakespeare à tout propos : To be or not to be?  sonne et résonne. Je termine En marge, l’autobiographie de Jim Harrison. L’auteur des Légendes d’automne, de Dalva et d’une dizaine de textes célèbres en France, raconte en 2002 sa vie d’homme des bois au bord du lac Supérieur dans le Michigan, dans la Péninsule du nord, mais aussi de scénariste sans limites à Hollywood, de dévoreur de cuisine et de grands vins français. Il trace une très fine ligne de partage entre la folie et la raison, la vie et la mort. Des visions chamaniques, un amour de la nature, en font une sorte de géant grandissant dans un monde qui rapetisse. Il est mort en mars 2016.

Etre ou ne pas être ? je répondrai, il a été, il est, il sera, trois temps qui dépassent l’arrêt d’une vie physique. Ne s’était-il pas vu en loup, écrivant à la suite de cette vision, un texte, Wolf, qui la prolongera. Jim Harrison voyait l’évolution du monde qui l’entourait sans indulgence. L’argent roi qui avait dévasté les forêts environnantes, qui continuait de détruire les âmes et la nature. Ami des indiens, les autochtones, il ne s’illusionnait pas sur une culture sauvage, mais saluait une culture qui ne détruisait pas la Terre. Il dénonçait définitivement l’avidité et la cupidité, source de tous nos maux.

Etre ou ne pas être ? Quelques réponses remarquables de l’égérie de Bob Dylan, Patti Smith, interviewée par Marc Lambron dans Le Point pour la sortie de son livre MTrain, chez Gallimard j’ai vécu dans une époque ou l’on ne savait pas. Avant l’hyper-technologie, avant le culte de la célébrité, avant l’irruption de l’argent dans les arts (…) il y avait des restes d’innocence au long des dernières décennies.  Et à une question sur les autres finalités que la fortune et la gloire: Épeler l’alphabet de l’enthousiasme est la clé de toute vie, même dans les expériences difficiles, parce qu’elles permettent de s’élever.

Enfin, une étrange interview met à bas  bien des préjugés. Jean-Luc Lahaye, dont nous publions l’autobiographie, Classé confidentiel, répondait aux questions d’Olivier Bellamy mercredi soir dans Passion Classique. Le chanteur se révèlait un autre homme que l’image médiatique donne de lui: un homme sensible, cultivé, allant de la lumière à l’ombre, fidèle en amitié, donnant de son temps, de son argent, pour des causes aussi belles que celle qu’il a créé : Cent-Familles. L’enfant de la DASS, aimant sa mère telle qu’elle est, ne jugeant pas… oui, beau portrait par un intervieweur de qualité. Là aussi un bel exemple pour tous ceux à qui l’ironie et la vulgarité servent de talent!

 

 

 

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Du soleil plein les yeux

L’actualité, c’est à dire les informations, c’est à dire encore ce que les médias nous relatent sur ce qui se passe d’important dans le monde ( selon eux!) sont toujours ou presque violentes, de quoi nous donner un certaine anxiété voire morosité, voire le fameux stress à la mode. Pourtant nous vivons plus longtemps que dans les siècles précédents, nous mangeons mieux ( en principe), nous travaillons moins ( et même beaucoup moins), nous avons des vacances ( ce mot n’existait pas il y a un siècle). Alors serait-ce simplement ce surplus d’informations qui rend la vie si anxiogène?

Oui évidement, mais il s’agit bien d’un consentement mutuel entre les médias et chacun d’entre nous. Zapper la télécommande, c’est simple, on se porte mieux. Serions-nous masochistes ou soumis à l’air du temps ? Justement l’air du temps est humide, très humide, le ciel est gris, et nous sommes déprimés. Est-ce bien raisonnable? Ma voisine de métro me parle de luminothérapie :  » oui nous avons besoin de lumière », mon voisin de comptoir me parle de parapluie: « j’aime pas avoir la pluie qui me coule dans le cou », ma femme est un peu sombre ce matin: « aller à la piscine avec cette pluie qui mouille »…. non rien ne va!

Méditer, c’est à la mode, mais cela fait vraiment du bien. Attention méditer, c’est difficile puisqu’en réalité c’est ne pas penser. Respirer? ça tombe bien puisque cela est dans l’acte de méditer: visualiser sa respiration, la suivre, oublier le reste. Regarder la pluie tomber? une vraie solution, même en mai cela remplit les nappes phréatiques, cela rappelle que l’eau c’est la vie, cela fait pousser l’herbe, qui nourrit les vaches, lesquelles donnent plus de  lait. Ah zut, ce n’est pas une bonne idée. Je l’ai vu aux informations, il y a trop de lait, les éleveurs font faillite parce qu’ils font trop de lait. Non, quelque soit le bout par lequel le prendre, le monde ne tourne pas rond. Restons-en à la méditation sans pensée…pendant qu’il pleut dehors…

 

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On ira tous au paradis, mêm’moi…

« qu’on soit béni, ou qu’on soit maudit, on ira, (…) avec les saints et les assassins (…) les femmes du monde et les putains, (…) ne crois pas ce que les gens disent, c’est ton cœur qui est la seule église! » Mercredi soir, le Palais omnisports de Bercy, comble, debout, enflammé, reprend en final, les paroles de Michel Polnareff. Le chanteur, d’une voix toujours jeune et mélodique, goûte son triomphe. Il a raison, le spectacle, la voix, les mots restent immuables. Pourquoi ce moment me revient en lisant le début de cet article du Monde daté du samedi 14 mai : « Au hammam, un corps n’a pas de secrets. Je suis toute nue avec mes cicatrices. Mes cicatrices sont un livre ouvert, un livre de coups, un manuel d’histoire de moi-même. » Cette phrase ouvre le récit de la comédienne marocaine Loubna Abidar. Les cicatrices dont parlent Loubna Abidar sont celles des agressions dont elle est l’objet à Casablanca pour avoir osé jouer le rôle d’une prostituée dans le film de Nabil Ayouch, Much Loved,  présenté l’an dernier à Cannes. Une société machiste où l’intégrisme gagne tous les jours. Une société qui dénie aux femmes la liberté de leurs choix. Les hommes peuvent aller au « bordel’, mais personne n’en parle. Les hommes ont tous les droits. Les femmes doivent se taire et subir. Les paroles de Loubna font froid dans le dos. L’hypocrisie est la règle. Tout est dans les apparences. On tue et on viole, mais chut, cela doit rester secret!

L’histoire de Loubna Abdir, à paraître le 18 mai dans un livre « La Dangereuse » chez Stock, rappelle les avertissements de l’écrivain algérien Kamel Daoud sur les frustrations et les dangers des sociétés musulmanes gagnées par l’intégrisme religieux.Avec la Charia, dans le monde, 500 millions de femmes subissent la violence des hommes. Et ici même en Europe, un mouvement de régression se développe sous nos yeux. Des voix s’élèvent, parmi elles, l’une forte et juste, celle d’Elisabeth Badinter, dénonce la privation de liberté des femmes emprisonnées sous le voile, et le danger que cela représente pour nos sociétés. Mais d’autres ne veulent pas les entendre. Pourquoi? De quelle cécité sont-ils frappés? Quelle idéologie les en empêche? « Je ne tends plus la main aux hommes pour leur dire bonjour. Ils refusent de la prendre. » me dit une amie qui soigne dans un dispensaire de la banlieue parisienne. «  Ils ont la carte de la sécurité sociale. Ils sont de la deuxième ou troisième génération, parfois des convertis. » Des lendemains qui ne chanteront pas pour les femmes.

on ira tous au paradis, même’moi, on ira ( …) les femmes du monde et puis les putains.

Cela me rappelle, l’attitude des européens, et tout particulièrement des médias français au début des années 2 000, saluant l’arrivée au pouvoir en Turquie des islamo-conservateurs emmenés par Erdogan. Les plus sérieux de nos quotidiens, de nos journalistes, se félicitaient de la réconciliation promise de l’Islam et de la démocratie. Un avenir radieux pour la Turquie et pour son entrée dans l’Europe nous était prédit – rappel de l’aveuglement des mêmes devant Staline, Mao, Pol Pot, le salut à l’entrée des khmers rouges dans la capitale cambodgienne !- On voit ce qu’il en est aujourd’hui. Une dictature religieuse, une suppression des libertés, les opposants mis en prison, le nouveau Sultan Erdogan, ivre de puissance, met son peuple au pas, aidé par le populisme religieux le plus inculte. Et veut en faire autant de l’Europe. L’Europe qui se croit faible hésite. L’Europe, gangrené par l’esprit de Bruxelles, ne sait pas qu’elle est bien plus forte que le président turc. Que l’Europe menace Erdogan d’embargo économique, et ose le faire !

avec les saints et les assassins…

Un commissaire français à l’Union Européenne, Pierre Moscovici, représente bien cette démission européenne. En niant les racines judéo-chrétiennes de l’Europe, il retire son identité culturelle à la mosaïque des peuples européens et à leur histoire. Il veut faire un homo économicus propre à tout digérer, tout consommer. Cette Europe est en train d’échouer. Le commissaire de Bruxelles nie la réalité comme ceux qui se sont aveuglés à Munich, à Phnom Penh, à Istanbul..

Loubna Abidar : (…)De retour à Marrakech, je fais ma valise. Je dis au revoir à Bernardo et à Luna, qui doit rester là pour l’école. Je file vers l’aéroport, j’achète un billet et je prends le premier avion pour la France. » Depuis, Bernardo et Luna, son mari et sa fille, ont pu la rejoindre. Ils vivent désormais tous les trois à Paris.

On ira tous au paradis, mêm’moi…c’est ton cœur qui est la seule église.

 

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L’humour des mots

Par exemple aujourd’hui, 1° mai : Fête du travail, et bien justement pour fêter le travail, on ne travaille pas. On manifeste, et en général les slogans de la manifestation sont paradoxaux, ils demandent du travail, mais de moins travailler aussi, moins longtemps, mieux payé. Certains aimeraient bien avoir du travail, à n’importe quel prix même, d’autres revendiquent moins et plus à la fois. Le monde est mal fait, évidemment! Des riches veulent devenir toujours plus riches…d’où la polémique autour de la rémunération d’un PDG, celui de Renault et Nissan.

Le PDG, Carlos Ghosn, trouve  que 15 millions d’euros pas an, c’est bien, moins ce ne serait pas juste. Il justifie son salaire mirobolant par les bons résultats de l’entreprise, comme si il était le seul responsable de ses résultats. Pour obtenir ceux-ci, il gèle les salaires de ses employés et ouvriers. Outrecuidance d’un puissant qui oublie qu’il mourra un jour comme tout un chacun, et que son or ne le précédera pas dans la tombe. Et le sens de la vie dans tout cela ? Ridicule et/ou indignation. Carlos Ghosn, vous justifiez les slogans les plus violents des manifestations du 1° mai! Et vous ne réconciliez pas les patrons et les entreprises avec le monde du travail.

Le muguet ouvre la fête du travail et les beaux jours, en principe. En tous les cas ce matin le soleil brille, même si le fond de l’air est frais. Je trouve le brin de muguet bien triste dans les rues ou il se distribue. Les visages et les mains qui le tendent ne sont pas ceux de la joie, mais plus d’une misère sous-tendue par des réseaux maffieux. Le désarroi recouvre le moment de ce matin ensoleillé ou tout est fait pour être heureux.

Le Monde d’hier daté de ce dimanche 1° mai publie deux tribunes côte à côte, celle de Nicolas Hulot : Où est passée notre humanité avec les migrants ? celle de la féministe Ayaan Hirsi Ali : L’Europe doit limiter et gérer les flux migratoires. L’une et l’autre s’opposent radicalement dans leurs conceptions, la première fait appel à notre compassion, la seconde à la raison. Ayaan Hirsi Ali , condamnée à mort aux Pays-Bas par une fatwa, a dû s’exiler aux États-Unis. Elle connait l’intégrisme de l’intérieur. Elle s’inquiète de la montée du communautarisme dans toute l’Europe. Nicolas Hulot, revendique le droit à l’humanité comme réaction première. Le quotidien annonce la tribune du français en Une, et s’il consacre la même place aux deux tribunes, met celle de Hulot en haut de page, avec une typographie du titre plus importante. Ce choix en annonce-t-il un autre? Comment faire avec deux approches si différentes? Choix cornélien n’est-ce pas! Merci Grand Corneille de m’avoir fourni les moyens de terminer ce blog!

 

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L’accélération

« Tout s’accélère« est le titre d’un documentaire qui sort mercredi en salles. Son auteur-réalisateur, Gilles Vernet, est un mathématicien-financier qui, alors qu’il vit confortablement à New-York, décide un jour de changer de vie. Il revient en France, s’occupe de sa mère condamnée par un cancer, devient instituteur dans une classe de CM2  de Belleville, dans l’est de Paris. Il écrit un scénario pour la télévision, veut donner du sens à sa vie. Tout s’accélère part d’une question posée aux enfants de sa classe. Comme des poupées gigognes, Gilles Vernet avance avec les enfants, les questions engendrent des réponses, et d’autres questions. Un sociologue, un philosophe, un grand patron, intercalent leurs points de vue, des séquences images et musiques emplissent l’espace.

Les enfants découvrent le temps. Plus encore, ils participent à nous en faire découvrir les enjeux. Nous savons tout cela, l’emprise des technologies dans le quotidien, la rupture des années 90. Revoir tout cela est impressionnant. Une ville se construit en 7 ans à Dubaï. Les tours tutoient le ciel, brillantes la nuit, réfléchissant violemment le soleil le jour. Posées sur le sable, ancrées sûrement dans la roche ou l’acier. Tours de Babel que l’on peut retrouver un peu partout. J’ai la chance- le privilège- de traverser tous les jours les plus beaux endroits de Paris, pour passer de la rive droite de la Seine ou j’habite à la rive gauche ou j’ai des bureaux.

Place des Victoires, Cour carrée du Louvre, Passerelle des arts, place Saint-Germain. Parfois le jardin du Luxembourg et aussi le forum des Halles en débouchant de la Bourse du commerce. C’est ici que je peux contempler les vanités ratées et la grâce réussie.La canopée inaugurée il y a peu, doublement du budget, lourdeur jaune métallique – 7 000 tonnes d’acier parait-il- de ce qui devait être aérien, bah! un spectaculaire ratage qui rend encore plus étonnant à ma gauche, l’église Saint-Eustache, monument de force et de beauté. Des siècles nous contemplent, tranquilles, pendant que la vanité d’à côté, déjà vieille, sait déjà qu’elle ne tiendra pas le siècle.

Mais ce n’est pas la question, me dit un ami architecte. Tout se consomme de plus en plus vite. On construit, on détruit pour reconstruire, on ne cesse de changer. Tout s’accélère. Rien ne vaut la peine d’être conservé. Je sais qu’avec cette moderne pensée, mon trajet quotidien n’existerait pas. Ce serait autre chose, de l’éphémère…

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