bas prix, faux prix, pire encore (2)

L’article de Jacky Durand que nous publions hier dans ce blog s’intitulait: La schizophrénie du consommateur mangeur.  La schizophrénie me semble être le bon terme pour qualifier notre comportement. Nous voulons acheter toujours moins cher, dans tous les domaines, sans nous préoccuper de ce que cela signifie. Nous nous précipitons sur les produits à bas prix sans nous poser de questions sur le pourquoi et le comment?

Pourquoi est-ce à si « bon »prix? Comment est-ce fabriqué, par qui? Ou? Quels en sont les effets chez nous, pour nous? Peut-on imaginer par exemple que tel textile, tel ustensile de cuisine, tel produit, ordinateur, portable, téléviseur… si « bons »marchés, soient fabriqués dans des pays ou la main d’oeuvre, 20 fois moins chère que chez nous, permet seule d’avoir ce prix. Qu’en l’achetant, nous détruisons en même temps notre emploi ou celui de notre voisin, salariés l’un et l’autre, d’une usine de textile, d’électro-ménager …notre geste de consommateur satisfait, notre geste se félicitant du pouvoir d’achat conquis grâce au bas prix, détruisant en fait notre pouvoir d’achat en faisant de nous un chômeur en puissance.

La course à la consommation, l’excitation de notre désir de consommer, conduisant peu à peu nos pays, et donc nous-mêmes, à s’appauvrir inexorablement. Qui gagne dans tout cela? Evidemment les intermédiaires de la mondialisation: traders, distributeurs, groupes multi-nationaux jonglant avec les pays de productions à bas prix, achetant là-bas et nous revendant ici, avec la fausse promesse d’être à notre service, de faire cela pour nous. Les placards publicitaires allant dans ce sens sont autant de mensonges, pour que nous consommions, et que nous les enrichissions.

Le nouveau pape François, qui vient, comme il le dit si drôlement de l’autre bout du monde, d’Argentine, un pays d’un continent dit émergeant, l’Amérique latine, souligne que la croissance du PIB crée des richesses pour quelques uns et de la misère pour beaucoup. En Chine, en Inde, au Brésil, un nouveau milliardaire par jour, réjouit les industries du luxe, et fait rêver les autres, ceux qui peuplent les bidonvilles toujours plus gigantesques. Tout ceci devrait nous faire réfléchir. Je visionne une série de films « les dessous de la mondialisation » je vois les tanneurs du Bangladesh, nouveaux d’esclaves travaillant dans des conditions effroyables d’hygiène, pour que nous achetions des chaussures et des sacs à « bas » prix, pour que nous consommions plus…

Devenir consom’acteurconsommer moins, consommer mieux, acheter moins, acheter mieux. Jacky Durand évoque le jambon à 20 euros le kilo, de qualité, produit localement. Et le voisin sous cellophane, moins cher, et si mauvais, sans goût… allons il est temps de changer.

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Bas prix, faux prix, pire encore (1)

Enfin, dans Libération de ce mercredi 13 mars, un article de bon sens du journaliste Jacky Durand.  Je vous livre avec son accord l’intégralité de son article:

 Dupé dans l’affaire du «horsegate», le client qui privilégie le vite et pas cher au frais et à l’artisanal dans ses achats alimentaires fait aussi le jeu de la grande distribution.

Par JACKY DURAND

Au secours, on nous trompe dans nos gamelles : pensez donc, on nous fait manger du cheval à la place du bœuf. Et si, au fond, on l’avait bien mérité ce «horsegate» ? Sans aller jusqu’à l’autoflagellation, cette affaire a le mérite de nous mettre le nez dans nos assiettes : on veut se mettre les pieds sous la table sans passer par les fourneaux tout en déboursant le moins d’argent possible. Certes le repas français, assis et en famille, résiste encore bien dans un monde qui mange de plus en plus sur le pouce mais le grignotage et le snacking se sont installés dans nos habitudes alimentaires alors que notre budget consacré à la nourriture n’a cessé de diminuer depuis un demi-siècle. Ainsi, sur la période 1959-2010, la part des dépenses d’alimentation (produits alimentaires et boissons non alcoolisées) dans la consommation des ménages a diminué, passant de 21,5% à 13,4%. Et notre panier à provisions a été profondément chamboulé depuis les années 60 : on achète désormais davantage de produits préparés au détriment des produits frais et des féculents, souligne l’Insee dans une étude publiée en 2008. En quarante-cinq ans, la part des produits transformés à base de viande, de poisson et de légumes au sein du repas a plus que doublé pour atteindre 41% en 2006. Le poisson pané a fait la nique au merlan Colbert ; le hachis parmentier industriel a détrôné le paleron aux carottes ; les nuggets de poulet ont chassé le poulet chasseur ; les frites à four précuites ont remplacé la poêlée sautée.

Prêt-à-manger. Les nostalgiques du repas de midi mitonné à la maison auront beau larmoyer sur leurs tickets restaurant, on ne reviendra pas au manuel de cuisine bourgeoise de Mme E. Saint-Ange. Le prêt-à-manger est présent partout – dans nos cuisines et la restauration collective – et tout le temps – du petit déjeuner au dîner. L’affaire du horsegate a le mérite de souligner une question cruciale, celle du rapport qualité-prix : jusqu’où le consommateur est-il prêt à s’empoisonner pour dépenser le moins possible.

Faites vous-même l’expérience face à votre linéaire de lasagnes : c’est souvent le prix que l’on regarde avant la composition. La grande distribution, qui l’a bien compris, impose une dictature des prix bas, devenue une fuite en avant depuis une trentaine d’années, estime un patron de PME agroalimentaire : «Quand nos clients tirent les prix vers le plancher de façon insolente, ils incitent les plus voyous d’entre nous à franchir la ligne jaune pour conserver leur marge.» Il raconte cette scène vécue avec un confrère dans le bureau d’un grand distributeur :«Le client a dit « je veux 10% de remise sur les chipolatas ». Mon collègue a dit « OK ». Quand on est sorti du bureau, je lui ai demandé comment il allait faire pour s’en sortir sur ce coup-là. Il m’a dit « Je vais rajouter 10% de gras dans les chipolatas ».»

Nous autres mangeurs ignorons bon nombre de dégâts collatéraux de cette guerre des prix à laquelle nous participons. Prenez cette bonne vieille tranche de jambon cuit qui nous accompagne depuis nos premières coquillettes. Un soir de vache maigre, vous voilà en train d’hésiter devant un bon jambon fermier à 20 euros le kilo chez le boucher, fabriqué à partir de cochons élevés aux pommes de terre et aux céréales. Finalement vous lui préférez un de ces innombrables jambons qui hantent les linéaires des hypers parce qu’il coûte cinq euros de moins au kilo. Non seulement il risque d’être moins goûteux que le fermier, mais vous engraissez un peu plus la grande distribution qui se fait des marges royales sur la charcutaille : selon une étude publiée en 2009 par l’Observatoire des prix et des marges sur sept ans, 44% du prix d’une tranche allait au distributeur, contre 16,7% au producteur.

A l’ancienne. Dans cette purée de pois qu’est le commerce de la bouffe, il y a ceux, minoritaires, qui revendiquent être plus chers que les autres par la qualité de leurs produits. Ainsi dans le même rayon, le paquet de harengs JC David coûte autour de 4 euros, quand la concurrence tourne autour de 2 euros : «Il nous faut quatre jours pour sortir un poisson fumé quand la concurrence ne met que huit heures. Il faut du temps pour ne pas massacrer les produits», explique Hervé Dierre, le patron de JC David, où les harengs continuent d’être fumés à l’ancienne dans des fours à bois, et non dans des fours électriques. En 2011, JC David a été classée «entreprise du patrimoine vivant». Ses filets de harengs doux font le bonheur des amateurs qui les mettent longuement à mariner en terrine avant de les servir avec une poignée de rates. Pourtant à un autre moment de la semaine, certains de ces gourmets se nourriront fissa d’une escalope de dinde milanaise en barquette industrielle réchauffée au micro-ondes ou iront grignoter un plateau de sushis au coin de la rue.

L’affaire du horsegate renvoie aussi à notre vagabondage alimentaire, où les repas sont devenus polymorphes mais où l’acte de cuisiner a encore sa place : «Dans un monde où les plats cuisinés se diversifient de plus en plus, la préparation des repas à partir de rien prend un nouveau sens, analyse Johanna Mäkelä, sociologue de l’alimentation (1). Il semble que la préparation et le partage du repas prennent de nouvelles formes dans des communautés alimentaires d’un genre nouveau qui dépasse la famille nucléaire.»

(1) «Dictionnaire des cultures alimentaires», sous la direction de Jean-Pierre Poulain (éd. PUF ; 1 536 pages, 42 euros)

Jacky Durand, qui tient une chronique hebdomadaire dans Libération  a également publié chez Carnets Nord/Editions Montparnasse, Cuisiner, un sentiment, et Tu mitonnes l’hiver ( 2012) Tu mitonnes l’été  (2013)

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L’après-vie, vous l’imaginez comment?

En 2011, nous publions Vivez!  de Stéphane Hessel, des entretiens réalisés par Edouard de Hennezel et Patrice van Ersel. A cette question sur l’après-vie, Stéphane Hessel répond : « je pense qu’on peut continuer à être sans continuer à exister. L »être » d’un homme est quelque chose qui commence avant et se termine après sa biographie. (…) Dans La Tempête, Shakespeare fait dire à Prospero : «  Nous sommes de l’étoffe dont sont faits les rêves et notre courte vie est entourée d’un sommeil ».(…) Un »être » qui ne s’exprime pas par de l’existence, mais qui qui embrasse la totalité du cosmos, de l’humanité et de la nature. »

Aujourd’hui Stéphane Hessel n’existe plus dans son sens humain, mais continue-t-il d' »être » dans l’idée qu’il s’en faisait? Lui seul après tant d’autres peut répondre à cette question. Nous lui donnons notre réponse ici-bas en perpétuant son souvenir, celle d’un homme « droit », profondément marqué d’humanité. Une leçon dont on se dit qu’il faudrait qu’elle soit plus entendue, qu’elle apporte plus de paix, de courage, de bonne volonté. Qu’importe, l’essentiel n’est-il pas de « faire sa part »? De ne pas se réfugier derrière « à quoi bon? » J’ai déjà ici à plusieurs reprises dit mon admiration pour Pierre Rahbi et son fameux et merveilleux conte du colibri, sa conclusion: » je fais ma part! »

Dans Vivez! Stéphane Hessel aborde les thèmes de la vie qui lui sont chers, la responsabilité, l’amour, la nécessité de cultiver son esprit, la reconnaissance de son propre bonheur: « Le premier conseil que je donne aux jeunes, c’est d’essayer de comprendre d’abord leur bonheur, et ensuite, seulement, leurs problèmes et leurs difficultés. »  Il n’était pas naïf  il savait que la chance n’était pas égale, mais il insistait sur l’estime de soi nécessaire à toute vie. La chance pour lui était la possibilité qu’il avait eu non seulement d’échapper plusieurs fois à la mort, mais encore d’avoir pu se cultiver. Érudit  ayant développé une prodigieuse mémoire- mais là encore avec du travail, beaucoup de travail- il confiait dans ces entretiens quelques uns de ses poèmes préférés, de ceux qu’il était capable de réciter pour son plaisir.

 » (…)   Ses cheveux sont d’or on dirait

Un bel éclair qui durerait

Ou ces flammes qui se pavanent

Dans les rose-thé qui se fanent

Mais riez de moi

Hommes de partout surtout gens d’ici

Car il y a tant de choses que je n’ose vous dire

Tant de choses que vous ne me laisseriez pas dire

Ayez pitié de moi.                      Extraits de : La jolie rousse de Guillaume Apollinaire

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La stagiaire et le député.

Dans le Monde du 22 février, deux pages consacrées à l’emploi des jeunes, c’est à  dire au chômage grandissant de ceux qui cherchent un premier emploi:  47 mesures pour l’emploi titre le journal annonçant un Comité interministériel présidé par le Président de la république. J’ai d’abord parcouru l’article avec un sentiment de déjà vu, déjà entendu: des aides au logement, à la formation, à la santé, à la mobilité, 24 ministères concernés…rustines, bonne volonté certainement mais efficacité?  C’est l’encadré en bas de page du quotidien qui m’a fait plonger dans le réel, et l’insupportable.

Le parcours de Claire, 24 ans, un master de journalisme, qui le 31 décembre a arrêté les stages – un an et demi, 9 stages- pour s’inscrire au chômage. Des stages que l’employeur stoppe aussi 48 h avant les deux mois fatidiques qui l’obligeraient à payer 400 euros par mois. Au bout de ces 9 stages, Claire a eu une gratification totale de 900 euros- oui certains lui ont donnée quelques rémunérations- deux carnets de tickets restaurants et deux remboursements partiels de transport. C’est le jeu dit l’article, il faut bien acquérir de l’expérience… et Claire se retrouve à Pôle Emploi ou la personne en face d’elle note: manque d’expérience professionnelle » et quand Claire lui reparle de ces stages, son interlocutrice lui rétorque, cela ne compte pas vous n’étiez pas salariée.

C’est cela l’humiliation, aie-je envie de dire à Madame Lebranchu qui vient d’inventer ce mot pour ce jour de carence des fonctionnaires supprimé au nom de l’humiliation que cela imposerait – mes nombreux amis fonctionnaires ne l’avaient jamais évoqué ainsi, ils trouvaient simplement désagréables de perdre un avantage acquis, dont parfois ils soulignaient les abus- cette  humiliation, celle que subit Claire, bien réelle elle, touche une jeunesse qui se désespère. Evidemment il y a une solution, partir, aller ailleurs, en Australie, au Canada, en Chine, courir le monde. Evidemment faire un master de journalisme alors que la presse  va mal, débauche, c’est encore s’exposer à ne pas trouver de travail. J’ai envie de dire à Claire: osez changer, bouger, adaptez-vous! C’est aussi possible en France.

Je pourrais dire encore à Claire, il y a  de beaux métiers dans ce pays. Il faut se pencher sur l’ouvrage du journaliste Bruno Botella, « Petits secrets et grands privilèges » ou il détaille le fonctionnement de l’Assemblée Nationale. Attention vont me dire certains, vous allez nourrir l’antiparlementarisme, vous allez faire du populisme! Non  je vais simplement rappeler que le comportement des élites est fondamental dans une démocratie. Bruno Botella révèle que la moyenne du salaire et prime mensuel d’un fonctionnaire du Parlement est de plus de 7 000 euros, que 24 hauts-fonctionnaires de cette Assemblée touchent plus de 17 000 euros par mois! qu’un huissier en fin de carrière gagne environ 5 000 euros par mois.

Chère Claire, relisez vos classiques, rappelez-vous ce que les grecs nous disaient de la démocratie, relisez Tocqueville.  La démocratie mal conduite peut mener à la révolution.  C’est si difficile que cela de supprimer des primes extravagantes qui font de ces fonctionnaires français des privilégiés deux fois mieux payés que leurs homologues allemands ou britanniques. A l’heure ou l’on surimpose citoyens et entreprises, ce serait une bonne nouvelle. L’exemple vient d’en haut. Courage messieurs les députés, faites votre devoir. Ne désespérez pas Claire. Faites votre nuit du 4 août, abolissez vos privilèges!

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Levinas, la rencontre avec la philosophie même…

En présentant Emmanuel Levinas dans  l’entretien qui commence le DVD, le philosophe et journaliste Robert Maggiori nous prévient : la rencontre avec la philosophie même, avec la jeunesse dans tous ce qu’elle a de passion. Et plus loin, pour mieux définir la pensée de Levinas tournée vers Autrui, il le cite : « il faut nourrir ta faim de mon jeune »  et encore « ton visage m’interdit de tuer ». 

Pour moi, le DVD que nous publions ces jours-ci est de l’importance de l’édition il y a près de 20 ans de l’Abécédaire de Gilles Deleuze, par le fait certes du passionnant entretien réalisé par Pierre André Boutang, mais aussi par l’éclairage donné par les intervenants rassemblés ici par David Hansel et Isy Morgensten. Ils nous rappellent l’importance grandissante de la pensée de Levinas. Grandissante parce que l’échec de Levinas à nous convaincre d’oublier nos égoïsmes pour penser d’abord à autrui est le risque majeur de nos sociétés. Et qu’il est urgent d’y revenir, de le relire.

Parcourez la pensée du philosophe avec : Jan Sokol, ministre de l’Education tchèque: j’ai trouvé chez Levinas la réponse à ma question sur l’éducation, une expérience de l’humanité qui se propage. Que chacun d’entre nous est responsable de toute la richesse qui nous a été enseignée.  L’ancien dissident, puis président de la première république tchèque, Vaclav Havel: ce qui a été , malgré l’oubli général, s’est quand même inscrit dans la mémoire de l’existence et demeure sauvegardée à jamais. 

Bernard-Henri Lévy, auteur d’un entretien avec Lévinas au début des années 90:  Il y a la bonté qui dépasse la justice. La « petite » bonté ne peut pas empêcher la guerre, mais la guerre ne peut pas détruire la « petite bonté.  Dans la bonté, il y a cette disposition qu’on peut être responsable de l’autre. 

Et puis il y a la biographie-entretien réalisée par Pierre André Boutang. Emmanuel Lévinas se prête au jeu de se raconter, sa jeunesse dans la Lituanie stariste, l’exode en Russie pendant la guerre de 14, la vie des juifs non-citoyens, la révolution de février puis d’Octobre 17, un nouveau départ et enfin l’arrivée à Strasbourg en 1923, la France choisie, la langue, suc de la France ( des mots émouvants sur le français, sur ce qu’il porte), les études de philosophie, les découvertes , les amitiés, Maurice Blanchot  à qui il consacrera un livre et tant d’autres. L’étude du Talmud est centrale. Elle interroge sans cesse les fondements moraux de l’Homme, aboutit pour Lévinas à l’essentiel, la notion de respect d’Autrui. Il n’y a pas d’éthique sans métaphysique.

Une publication, un DVD exceptionnel.

 

 

 

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L’Histoire au cinéma: Lincoln, de Spielberg, une thèse qui bouleverse l’Histoire.

Lincoln était-il plus soucieux de  l’abolition de l’esclavage que de la paix entre sudistes et nordistes, comme le soutient Spielberg dans son magnifique film sur le 16° président des Etats-Unis ? L’histoire officielle montre plutôt un président refusant l’éclatement de l’Union, cherchant à plusieurs reprises la paix, y compris en acceptant que les pays du Sud restent esclavagistes. En fait il me semble qu’Abraham Lincoln avait une idée en tête : imposer l’autorité de l’Etat et le rassemblement des peuples américains. Il annonçait dans son discours  d’Investiture, lors de sa réélection de 1964, que la priorité était la Reconstruction du Sud, des mots qui résonnent étrangement: vous ne pouvez pas donner la force au faible en affaiblissant le fort, vous ne pouvez pas encourager la fraternité humaine en encourageant la lutte des classes,  vous ne pouvez aider le pauvre en ruinant le riche, vous ne pouvez pas forcer le caractère et le courage en décourageant l’initiative et l’indépendance…

Rassembler, encourager, donner un objectif commun à une Nation y compris en imposant sa solution à son camp, n’est-ce pas la marque  du grand Homme. Lincoln, avec l’abolition de l’esclavage imposait à une majorité d’américains  une certaine morale mais gardait l’idée de l’Union à tout prix. Plus près de nous,Charles de Gaulle sera un « résistant », un « provocateur », un rassembleur », l’Homme de la France libre, du vote des femmes et des lois sociales, de la Réconciliation franco-allemande. Il y a encore Winston Churchill, cet étrange conservateur, qui réunira tous les partis dans son Cabinet de Guerre  qui entraînera un peuple à dépasser ses divisions, qui fera du chef du parti travailliste, Clément Attle, l’associé du consensus… jusqu’à la fin de la guerre.

Nous sommes encore le 4 juin 1940, l’armée française est en pleine déroute. Elle capitulera dans deux semaines. Devant le Parlement à Londres  voici les mots de Churchill: « nous nous battrons sur les mers et sur les océans, nous nous battrons dans les airs avec une assurance et une force toujours croissantes, nous défendrons notre île  Jamais nous ne nous rendrons (…) jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu que le Nouveau Monde, avec toute sa puissance et sa force s’avance pour secourir et libérer l’Ancien. « 

Au fond, les circonstances sont nécessaires aux grands hommes: c’est à la faveur des décisions difficiles et des épreuves qu’ils peuvent montrer leur caractère, leur énergie, leur vision…qu’importe que Spielberg  serve telle théorie plutôt qu’une autre. Le président américain, assassiné en 1865 peu de temps après sa réélection, restera l’homme qui a aboli l’esclavage et conservé l’unité américaine.

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A comme …Amérique, J comme… justice, S comme… Soupçons

Vous trouverez peut être osé que je mette dans le même sac l’incroyable série-documentaire de Jean-Xavier de Lestrade, Soupçons, (The Staircase), et l’affaire DSK. Dans ces blogs, j’ai longuement parlé des deux affaires,  fasciné je dois dire par le système … Continuer la lecture

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Abécédaire d’un esprit rebelle

De qui parle-t-on ainsi dans le Figaroscope du mercredi 16 janvier? Qui est cet esprit rebelle qui fait la Une? Ne cherchez pas plus longtemps. Esprit lucide, caustique, réjouissant, formidable interprète du Misanthrope, dans Alceste à Bicyclette, le dernier film de Philippe le Guay qui sort sur les écrans ce même jour, c’est bien entendu Fabrice Luchini. Agaçant, agacé, amoureux de la langue française, amateur du rire, le voilà qui égrène ses mots: acteur, Alceste, autodidacte, argent, boulevard, cinéma français, Depardieu, exil fiscal, gauche, impôts  mauvais goût, narcissisme…le voilà dérangeant: le rire est devenu un rire petit bourgeois de beauf. C’est pour cela que le rire de Molière  le rire de Muray font du bien. Les spectacles volontairement comiques m’accablent. Je n’aime pas l’obligation de l’ironie méchante. Quand on pense à l’esprit d’un Jules Renard, d’un Sacha Guitry, cet esprit merveilleusement espiègle, on est consterné par les comiques du jour…

Nous, qui depuis 10 ans sortons petit à petit le patrimoine de la Comédie-Française, publions en DVD une intégrale des captations de Molière par le  Français, quel plaisir de retrouver l’esprit rebelle, le vrai artifice, l’intelligente tournure, l’alexandrin manié avec la dextérité et la joie qui conviennent. Nous sommes chez Molière, comme chez Luchini, bien loin de ces plateaux de télévision ou des petits maîtres de la méchanceté facile et sans risque font applaudir sur commande à leur ego sur dimensionné. L’ego de Luchini ose, ose braver le politiquement correct, ose employer l’alexandrin, ose comme Molière prendre à revers les puissants, ceux qui font la pluie et le beau temps à l’abri de leur pouvoir. Au secours, Tartuffe est revenu plus que jamais! courez voir Alceste, courez voir Molière, courez voir l’audace.

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Changer le monde en 2013, la part de chacun d’entre nous

je reçois, comme tous les abonnés de la lettre du mouvement Colibris, les voeux de Pierre Rabhi, l’apôtre de la décroissance, de la sobriété heureuse, l’inventeur de la formule du colibris « chacun fait sa part pour changer le monde » . Dans ses voeux, il nous invite à agir :  « Nous lançons dès janvier la (R)évolution des colibris pour que tous ceux qui ne savent plus où se tourner dans la chaotisation grandissante du monde, trouvent des voies possibles pour se relier à d’autres et pour agir »J’aime l’idée que je suis responsable, que mon action me regarde, que je n’ai pas besoin d’attendre pour agir. J’aime la fable du colibri. Alors que la savane est en feu, que les animaux fuient devant le feu, le colibri vole de toutes ses ailes en sens inverse, déverse sa goutte d’eau tenue dans son bec sur le brasier, repart, revient, refait ce geste vite, vite. Fou, le colibri ? Les animaux en fuite le pensent, le lui disent, la réponse du colibri est étonnante: je fais ma part. Il n’attend pas les autres, ne jugent pas réaliste ou fou son action, il fait.

Mes voeux pour 2013 iront dans ce sens, ne pas se lamenter, ne pas attendre des autres qu’ils fassent pour agir, pour que j’agisse à mon tour. Evidemment mes lectures actuelles, mes observations, mes visionnages ne sont pas si simples, si sages. Par exemple en ce moment, les Mémoires de Winston Churchill, le lion d’Angleterre, héros de la 2° guerre mondiale, prêtent à d’autres réflexions sur le monde d’aujourd’hui, ses dangers. Ecrites juste après la guerre- et pour la part des années 20-30 qui précédent la guerre, elles offrent pour moi  avec notre époque des similitudes: crise économique après des spéculations excessives, chômage  désespoir des populations, montée du fascisme brun, noir, rouge. Faiblesses des démocraties, aveuglement et manque de courage des dirigeants et des peuples, plus soucieux  pour les premiers de leur élection et pour les autres de leur confort ou survie du jour que des efforts à faire pour l’avenir- oui Churchill est à relire: quels sont les fascismes d’aujourd’hui, vert, rouge et noir encore? quels sont nos conforts dont on ne veut pas sortir pour affronter l’avenir? quels sont nos aveuglements? Pourquoi? qui sont ceux qui nous gouvernent? Ne sont-ils que les reflets de ce que nous sommes?

Le mouvement des colibris est positif, enthousiasmant, à la portée de tous. Il est loin des directions actuelles du monde. Il n’est pas non plus une réponse aux fascismes montants. Il est simplement une des réponses à nos aveuglements confortables. Chez Pierre Rabhi et Winston Churchill, -si opposés soient-ils, l’un ce conservateur d’un autre temps, amateur de whisky, de gros cigares, lui le visionnaire d’un autre futur, dont tout respire l’ascèse, le corps si sec, si près de la terre,-  je vois bien des choses communes. La foi, la ténacité, la lucidité, l’énergie…le courage. Les Colibris nous disent de ne pas désespérer. Bonne année à tous!

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Plébiscite pour Noël, le coffret Comédie-Française

pour vos cadeaux de Noël, vous avez largement plébiscité le coffret Comédie-Française, ce beau coffret rouge comprenant 25 pièces immortelles de la célèbre Société créée par Louis XIV en 1680. Mais suivent le Cinéma de Max Linder, le coffret Minuscules, Shakespeare-Comédies volume 1, le coffret Minuscules saison 2, Welcome in Vienna,  Shakespeare-tragédies volume 1, Strip-Tease, vol. 16-17-18, l’inusable Solutions Locales, le maintenant long-seller la Clef des terroirs. Voilà pour les dix premières ventes du site. Nous nous en réjouissons évidement: vos goûts sont larges, éclectiques. Tous ces programmes nous semblent signifier qualité et plaisir.

Mais c’est peut-être ce qui n’est pas dans cette liste, et que je vois être commandé tous les jours, qui me réjouit le plus: les Mémoires, les Vidéo-Anniversaire, les Une Journée à…, les documentaires des collections Un Geste cinématographique ou Regards, les portraits de philosophes, les séries historiques ou cinéma engagé.  Les 600 titres du catalogue tournent à travers vos souhaits quotidiens, un par un, montrant la pertinence de nos choix. Un catalogue vivant, des programmes riches, variés couvrant les activités humaines, réalisés par les plus connus, Jean Renoir, Orson Welles, mais aussi par des amateurs passionnés, – je pense à Guillaume Bodin, le jeune réalisateur de la Clef des Terroirs, citoyen engagé pour le naturel, le bon, pour des vins qui soient le reflet d’une terre vivante et saine-

Alors pour ce soir bon Noël!

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