Bio, c’est bon. Pas toujours ! Qui était Christophe de Margerie ?

Nous sommes convaincus que la culture sans pesticides et engrais chimiques est possible. Qu’elle peut être plus nourricière que la culture intensive. Que celle-ci oblige des millions de paysans vivants en autarcie à quitter leur terre pour peupler les bidonvilles des mégapoles. Coûts multiples et catastrophiques, de déshumanisation, de santé, de dépendance économique et sociale…Les privilégiés que nous sommes ont le luxe étrange de choisir de consommer « bio », des aliments bons pour la santé, bons aussi au goût. Plus chers à l’achat certes mais dont les effets naturels, moins de cancers, moins de maladies, plus de sélection qualitative, sont si importants. Le prix du bio ne se mesure pas que sur l’étiquette. Les paysans des Amap qui vivent sur quelques hectares devraient être déclarés d’utilité publique.

Mais, devant la demande croissante, le Bio est aussi devenu un marché de grande consommation. Et la grande distribution l’a compris, développant des rayons de produits bio. Marketing oblige, ces produits se reconnaissent à des emballages « verts » pour que le consommateur les identifie immédiatement. Tromperie parfois, trop souvent : le bio industriel n’est pas le bio de l’artisan. Essayez le coulommiers ou la crème fraiche de la grande distribution marqués bio. Pas de goût, voire moins bonne ( la crème fraiche) que la voisine non bio, et ainsi bien d’autres produits « verts » ne sont que des attrape-nigauds. La filière industrie- grande distribution crée de la quantité pas chère pour nous attraper. Elle menace les vrais producteurs de bio, les « petits » qui font du bon. Ceux-ci sont des producteurs locaux, cultivant à proximité du point de vente des produits sans conservateurs. Ne vous laissez pas tromper, demandez le vrai produit local…

et puis je voulais évoquer ce blog d’avril 2012, qui parlait d’argent, de pouvoir à l’occasion de la publication chez nous du Facteur 12, coécrit par deux économistes. A cette occasion, j’évoquais ainsi le sommet de Davos, et un de ses protagonistes, Christophe de Margerie :

Le Facteur 12 prône-t-il la « haine » des riches comme le titre en forme d’affirmation un hebdomadaire national qui entend là dire qu’un mouvement politique joue sur cette « haine », l’entretient, l’encourage. Une nouvelle lutte des classes qui devrait aboutir à couper un jour quelques têtes. Je ne vais pas me substituer à Cécile Renouard et Gaël Giraud, les auteurs de cet essai, mais pour ma part, il ne s’agit ni de désigner une « cible », les « riches », ni d’affirmer une seule hypothèse, ils seraient seuls responsables de ce monde dans lequel nous vivons. En revanche cet essai permet de mener une réflexion sur celui-ci et son rapport à l’argent. Qui décide? que sous entend l’argent dans la crise actuelle.

On pourrait aller à Davos pour avoir un début de réponse. Enfin à condition d’être un des « acteurs » de ce monde et de payer l’inscription: 75 000 dollars. Ou alors de lire dans la revue XXI le passionnant reportage d’Emmanuel Carrère. Fait de rencontres au fil de l’eau, celui-ci nous fait surgir vraiment ce qu’est le pouvoir, l’influence et l’idéologie. On surfe entre l’amusement et l’indignation. On y trouve aussi les ressorts multiples de l’âme humaine, ses paradoxes – étonnante description d’un de ces rois du monde, Christophe de Margerie, le patron de Total, marchant dans la neige en mocassins à pompon et sans manteau, en veston-cravate, un vieux Nokia dans la poche, discutant une nuit entière avec un marginal, comme cela, pour rien! Rien peut être que la récréation d’un homme sous pression, et aussi humain – paradoxes oui, jusqu’au bout. Tocqueville nous mettait en garde. La démocratie achevée pouvait s’autodétruire sans le savoir. Fin d’un Empire qui ne le sait pas, qui croit encore dominer. Apparition d’un cynisme totalitaire. Les riches ici, forts de leurs pouvoirs, n’ont peur de rien.

Le grand patron de Total, entreprise honnie par les uns, admirée par les autres, apparaissait,  sous le regard d’Emmanuel Carrère,  riche et complexe Pas un homme ordinaire certes, bien un homme de pouvoir oui, mais pouvait-il en être autrement. Un homme de paradoxe, acceptant de gérer ses paradoxes.  Par exemple,ne voulons-nous pas tous une énergie pas chère, l’essence pour rouler tous les jours, le gaz à disposition pour nous chauffer, etc… et dans le même temps ne dénonçons-nous pas les pollueurs, corrupteurs que sont ces pétroliers? Oui, nous ne sommes pas si clairs que cela. Dans ce monde paradoxal, Christophe de Margerie semblait à la fois lucide et plein d’humanité. C’est rare!

 

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La vie de Fiodor Dostoïevski en V.O. sous-titrée.

Nous vous proposons en v.o. sous-titrée une série russe exceptionnelle consacrée à la vie du célèbre écrivain. J’insiste sur le sous-titrage en français parce qu’ici il s’agit bien aussi d’entendre la langue russe, sa rudesse comme son chant, ses accents de violence et de lyrisme. Evgueni Mironov, un des plus grands comédiens russes actuels, interprète Dostoïevski. On va suivre l’homme condamné à mort pour sa participation à un complot libéral, échappant au dernier moment à l’exécution, gracié mais condamné au bagne en Sibérie, y découvrant la souffrance physique et morale l’humanité et sa beauté comme sa laideur, y trouvant Dieu et  l’âme russe. Dans son style brutal et haché, Dostoïevski, restituera ce qui l’habite alors.

Pendant près de huit heures, nous suivons le vie douloureuse de l’écrivain, joueur, excessif, hésitant, exigeant, passionné. Pour moi, Dostoïevski est un des plus grands écrivains de la littérature mondiale. Entre Céline, Proust, Stendhal. Pour ne citer que les plus connus de ses ouvrages, Crimes et Châtiments, l’Idiot, les frères Karamazov, une œuvre lui permet de nous révéler ses visions de la vie: le bien et le mal qui habite tout homme, l’assassin qui est aussi un homme proche, ce qui ne l’exonère pas de son crime, la rédemption accordée à chacun, l’impossibilité d’échapper à son acte, l’enchaînement fatal des circonstances. La fatalité certes, la violence de l’argent, d’en avoir, de ne pas en avoir. La passion, celle des sens, celle de l’amour. La folie et le crime sont au centre de son œuvre. Dieu encore qu’il exalte comme celui de l’homme. Pour lui, l’homme contient une part de Dieu.

Il y a encore quelque chose qui le situe entre Sade et Freud, à mi-chemin de ces deux athées. L’interrogation sur l’homme enchainé, sur la possession : conquérir sa liberté pour Sade, une entreprise vaine pour Dostoïevski qui ira lui-même jusqu’au bout de la folie du jeu. La folie comme moyen de découverte de soi-même que Freud analysera 30 ans plus tard. Le fou n’est pas si fou. C’est le monde qui l’est. Malgré leurs différences voire leurs oppositions, ils ont du dicible commun, qui est bien là, me semble-t-il.

La série nous fait revivre son écriture, ses passions, ses fuites en avant. Et les cinq ans de bagne, fondateurs de son œuvre. Le jeu dans les villes d’eaux allemandes, le voyage à Paris, la vie à Saint-Pétersbourg, la relégation en Sibérie. A voir absolument pour mieux le comprendre.

 

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Nous sommes tous des Narcisse

à commencer par moi-même grâce à ce blog ou je dis Je! Mince excuse, celle du désir d’un ton renforçant la ligne éditoriale de nos publications. J’affirme ici des choix personnels, mais je vous dis aussi que des êtres humains sont derrière les écrans que vous consultez. Narcisse?  Par paresse sûrement, mais aussi par méfiance de moi-même, je n’ai ni compte Facebook, ni Linkedin, ni Twitter, ni Pinterest.  Rien de ces moyens d’exprimer à tout moment mes états d’âme, mes opinions, mes envies, en espérant que le plus grand nombre s’y intéresse. Seulement ce blog hebdomadaire, et le lien qu’il souhaite créer avec vous.

Narcisse n’est pas d’aujourd’hui, même s’il prolifère en masse. Il remonte à l’Antiquité grecque. Narcisse était beau. Les nymphes tombaient toutes amoureuses de lui. Il restait indifférent. Les dieux en avaient assez de ce bel indifférent. Un sort lui est jeté. Il se penche sur l’eau d’une fontaine, voit son reflet et en tombe amoureux. Plus rien ne compte pour lui. Cela devient vite invivable, cet amour impossible. De désespoir, il se suicide. Cette histoire peut-elle être un avertissement pour les milliards d’utilisateurs des réseaux sociaux qui ne cessent de s’épancher à travers eux? Les présidents, les ministres, les célébrités twittent, sur tout et n’importe quoi. Court, comme l’impose le réseau. Souvent, comme le demande le public. Définitif, comme la rapidité de l’actualité l’exige.

Exposés, nous le sommes aussi aux yeux du plus grand nombre, à nos risques et périls – y compris ceux des photos ou mots compromettants ou fabriqués- réputations et amours se défont avec fracas. Et souvent avec quelques dégâts. Nous-mêmes changeons d’attitude, un peu inquiets lorsque nous sommes conscients du risque, ou simplement plus volubiles et exaltés lorsque nous arrivons à oublier la modestie nécessaire de la vie. Nous sommes alors bien devenus des Narcisse. Souvenons-nous de son destin.

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« Lucy » Luc, le riche et solitaire cow-boy du cinéma

En sous-titre de son article (Le Monde du mardi 7 octobre) de deux pages consacré au réalisateur-producteur Luc Besson, le journaliste Laurent Carpentier nous prévient : Le carton planétaire de « Lucy« , qui ressort le 8 octobre en 3D, a rasséréné Luc Besson, après plusieurs flops et déceptions. Le cinéaste et homme d’affaires profite de l’aubaine pour redorer son image. Poids 110 kgs, taille 1 mètre 73. Une photo montre un visage rude et doux à la fois, un regard cherchant sur sa gauche quelque chose que nous n’apercevons pas. La barbe, de rigueur aujourd’hui, est gris-sel. L’article nous dit encore qu’il est habillé de noir, légèrement dépenaillé…pourquoi donc consacrer deux pages du quotidien de référence? Pourquoi donc ces deux pages m’intéressent? Luc Besson n’est pas mon cinéaste préféré, loin de là! Ses affaires mouvementées, avec ses hauts et ses bas, pourraient rester du domaine privé. Mais depuis longtemps ce drôle de personnage détonne dans le milieu du cinéma français.

Il est culotté, s’engage personnellement, ne s’occupe pas de l’opinion des uns et des autres, fonctionne à l’affectif, ou pas, selon les cas. Il a de l‘Orson Welles et de son miroir dans Citizen Kane. Welles était Kane. Besson est Luc ! Il collectionne les femmes, enfin 3 épouses où compagnes, il est père de cinq enfants- il souhaiterait en avoir 10- il collectionne les films réalisés et/ou produits. Nous les connaissons, au moins par le titre: Le Cinquième élément, le Grand Bleu, Nikita, Léon. Je sais en disant cela pourquoi il m’intéresse: l’énergie, l’énergie folle, créatrice et aussi destructrice, de Luc Besson ou de ce type d’homme – Welles encore- cette énergie née un matin je ne sais ou, je ne sais quand, mais si ancrée en lui depuis toujours. Née dans le rêve, pour le rêve. Il en dit quelque mots émouvants dans l’article.

Je ne le résumerai pas ici, ce serait lui retirer sa saveur. Le rapporter serait trop long pour ce blog. Luc Besson évoque un dialogue qu’il a eu, un jour, avec Millia Jovovich, héroïne de Jeanne d’Arc, qui fut aussi sa compagne. Ce dialogue revient à l’enfance, ce que celle-ci crée et attend, ce qui se perd en grandissant. Luc Besson le conclue en nous disant: si j’avais vraiment eu le choix, j’aurais aimé être un dauphin. Le rêve transformé en énergie créatrice. Le rêve et la frustration, mère nourricière d’une vie. Je trouve cela merveilleux. Le reste est hollywoodien et moins important. Le cow-boy joue de l’harmonica, solitaire, à travers les plaines de l’enfance.

En appendice de ce blog, je remarque le changement des journaux qui nous offrent de plus en plus de « belles » histoires, de « grandes » enquêtes, de « papiers » sortant de l’actualité quotidienne. Le lendemain du portrait de Luc Besson, celui,  toujours sur deux pages, autour du couple Jouyet, amis du Président, lui nouveau secrétaire général de l’Elysée, elle héritière fortunée d’une grande famille, nourrissait notre curiosité, et notre réflexion. Le journal se démarque ainsi du monde d’Internet, et nous fournit une bonne raison de l’acheter dans cette mise en forme graphique intelligente.

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retour en arrière

les mots et les images

Il y a encore quelque temps ( mais peut-être était-ce il y a très longtemps), j’étais un voyageur, un lecteur, un spectateur. Depuis quelque temps (mais peut-être est-ce depuis longtemps déjà) lorsque je prends le train, ou l’avion, je suis un client, lorsque je demande un renseignement dans l’espace culturel, je suis un client. Au cinéma même, avec ma carte illimité, j’ai un « produit » censé m’aider à voir plus pour moins cher.  Client, j’ai affaire à un vendeur, j’achète un produit.

Il faut le dire, vous l’aurez compris tout de suite, je ne sens pas d’amélioration à avoir changé de statut. Le service offert au client du train n’est pas meilleur, la passion nécessaire entre celui qui propose une oeuvre( livre, film, documentaire) et celui qui la désire, ce fameux spectateur ou lecteur rarement identifié mais toujours mythifié, a trop souvent disparu. Pas de nostalgie dans ces réflexions, simplement le sentiment d’une supercherie. Vendre n’est pas un laid métier. Je vous vends des films ou des livres ici même. Et si je ne vous les vends pas, ils n’arriveront pas jusqu’à vous, faute de moyens.

Du temps du voyageur, on me vendait bien un ticket au guichet de la gare.

Alors? Vous restez, pour moi, ce voyageur, voyageur des idées, des sentiments, des envies. Vous pouviez regarder par la fenêtre le monde qui défile, avec son cortège invraisemblable d’êtres humains- ce que nous sommes évidement- et devant ses histoires vraies ou inventées, vous pouviez enfin imaginer.  Client? Bof! Il y a des progrès qui n’en sont pas. Question de mot.

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Un français libre

Dans la grande salle de l’Ecole militaire, sur l’écran, les images défilent. En noir et blanc, parfois nettes, le plus souvent un peu floues ou rayées, ou bougeant, révélant alors  l’amateur ou les difficultés de tournage. Au détour de ces images de guerre, des visages, jeunes, très jeunes : 20 ans sous l’uniforme choisi. Les premiers français libres, arrivés en Angleterre en juin et juillet 1940. Le film, réalisé par Gabriel Le Bomin, produit par Fabienne Servan-Schreiber et l’Etablissement Cinématographique des armées, raconte la vie intense et brève de Jacques-Henri Schloesing, aviateur, abattu le 26 août 1944, à 24 ans, au dessus de la Normandie. Jacques-Henri Schloesing, fait Compagnon de la Libération le 16 août 1944, avait trois frères, une soeur, une mère. Sa mère avec son plus jeune frère, 16 ans, le rejoint à Londres dès 1940. Un troisième frère s’engagera aussi dans les forces navales gaullistes. Le quatrième, officier de marine, restera « fidèle » à Vichy.

L’histoire de cette famille est exemplaire. Du déchirement. Du choix. Du courage. Olivier Schloesing, devra attendre ses 18 ans pour se battre. Il est là devant nous sur la scène. Le courage, c’est de vaincre sa peur! explique-t-il. A coté de moi, dans les rangs des spectateurs, un contemporain d’Olivier, lui aussi, aviateur, français libre, raconte: je n’avais pas de courage, j’étais indifférent au danger. Quelques questions encore : qu’est-ce qui fait dire non, Pour Olivier Schloesing, sa famille était non-conformiste, c’est la raison de leur engagement. Mais ce ne fût pas le cas d’un des quatre frères! Pour mon voisin : l’instinct, jette-t-il sans autre explication

J’en parle, dans nos conversations régulières du samedi matin, à mon ami François Gall, qui avec son frère – ils ont alors 16 et 17 ans- participe en juillet 40 à un réseau d’évasions des aviateurs anglais abattus dans l’est de la France. A ces hommes qui ne parlent pas français, ils font traverser Paris à pied, de la gare de l’Est à la gare Montparnasse, les remettant à d’autres passeurs, sous le nez des soldats allemands.  L’instinct? je ne comprends pas, nous étions patriotes. La Patrie nous animait. Non je ne comprends pas l’instinct. Je lui parle de cet instinct paternel qui me faisait penser qu’il me pousserait jusqu’à me jeter sous les roues d’une voiture pour sauver mes enfants, celui égaré au milieu d’une rue ou tomber dans une rivière. Donner sa vie par pur instinct, sans aucun raisonnement. N’est-ce pas le même qui vous a poussé à choisir votre engagement. Alors que l’immense majorité des français penchait vers la peur et la sécurité ?

François et son frère Jacques, à ce moment là, étaient « avant la Résistance ». Ni par idéologie ou engagement politique. Les Schloesing et les Gall, font partie de ces hommes mus par autre chose, peut-être de celle dont parle Charles Péguy : une âme indomptable, forgée par l’Histoire de leur pays.  Peut-être celle dont parle sur la scène ce soir là, un officier, historien, auteur de la biographie sur la famille Schloesing, dont est adapté le film. Lorsque les circonstances l’exigent, les hommes exceptionnels surgissent. Il ne faut jamais désespérer.

Olyssa, jeune et joyeuse « patronne » du Napoléon, café au coin de ma rue, me fournit une autre réponse : la conscience !Elle me parle d’un long voyage, effectué seule, en Inde. Elle a découvert l’approche de la conscience, du ressenti, du travail sur soi, à travers le Yoga, la respiration. Le ressenti, l’instinct! Tiens voilà l’instinct qui ressort. Nous dissertons, entre deux commandes de café, sur l’instinct, l’intuition… ça c’est féminin, me dit-elle. Nous parlons encore de l’émotion qu’elle a ressentie hier soir devant les images à la télévision des foules contre l’islamisme. Il y avait des musulmans, des chrétiens, des juifs et d’autres, ensemble. La mort d’Hervé Gourdel aura eu cet effet, souder les gens! Il y a encore du chemin à faire. Les circonstances…

 

 

 

 

 

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C’est vous le produit !

Vous, moi, mon voisin( e), vos voisins, mes enfants, vos parents, les blancs(es) les blacks, les amis du bureau . Le produit n’est pas le film, ou le documentaire, mais bien le futur abonné à son service. La page d’accueil ne présente pas de films, affiches ou comédiens,  mais des anonymes, famille dans son canapé devant un grand écran de télévision. De même le film publicitaire met-il en scène toute la panoplie décrite plus haut, dans une action ludique, heureuse de la vie. Nous sourions tous. Nous rions aux éclats.Il s’agit du Monde selon Netflix, du monde vu par Netflix, du monde dans lequel Netflix nous suggère de vivre. Avec lui, et grâce à lui.

C’est nouveau, révolutionnaire. -entre parenthèse, les révolutions ont toujours souhaité le bonheur selon elles, donc fabriquer un homme nouveau!- Quand j’arrive sur le site, Netflix m’aime: Renaud, choisissez ce que vous préférez parmi ses 8 films.  Le lien est établi en premier, je suis attrapé, je ne pourrai plus m’égarer. Le piège se referme pour mon plus grand bien. Mille ingénieurs veillent sur moi, là-bas dans le pays de l’algorithme, du calcul et des calculs. Mille ingénieurs au service d’un grand projet, me satisfaire toujours plus, connaitre mes goûts intimes, approfondir sans cesse un peu plus qui je suis, me le dire, me le murmurer jour et nuit.

Pourquoi penserai-je autrement puisque l’algorithme s’en charge, me connaissant mieux que je ne me connais. Merveilleux algorithme qui m’engouffre à l’aide de l’entonnoir de ses calculs la pâtée qui me fait tant de bien. Le connais-toi toi-même, de la philosophie socratique, remplacé par le je te connais mieux que toi de l’algorithme sans état d’âme. Le Meilleur des Mondes est en marche à la satisfaction de tous: celle, béate du consommateur, celle, avide de l’actionnaire et des financiers, celle, indifférente du politique impuissant. A ce jour 3 milliards d’individus connectés sont reliés à Google, Apple, Facebook, Amazon et maintenant Netflix. Je suis le produit.  La seule chance qui me reste est le fruit du hasard, qui par essence est inconnu.

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A L’ouvre-boite, on s’engage…

L’ouvre- boite, comme son nom ne l’indique pas, c’est une librairie, rue des Petites Écuries à Paris, dans le 10°.  La libraire aime les livres… et ses clients. Des lecteurs, des lectrices, des enfants encore. Pour tous la sélection est belle, riche de titres et de couleurs. Le quartier est jeune, regorge de couples trentenaires, et d’enfants en bas âge. La libraire participe à l’idée que lire tôt est une chance. Les parents viennent discuter avec elle des choix à faire.

La librairie est petite, une quarantaine de m2. Dans cet espace réduit, tenir une offre séduisante est obligatoire. C’est réussi, un peu d’ordre, pas trop, c’est chaleureux. Des classements visibles: polars, livres noirs, à droite en entrant. Le genre est porteur. Millenium a popularisé le format et la couleur. Sur deux tables, les livres d’une actualité glissante. C’est le choix de la libraire. Merci pour ce moment de l’ancienne compagne du Président de la république n’est pas là. J’interroge la libraire. Je l’ai. Je l’ai rangé dans ce coin, me dit-elle en désignant une petite alcôve ou deux exemplaires sont à peine visibles. Pour ceux qui me le demandent! ajoute-t-elle. J’en ai vendu 5 depuis sa sortie contre près d’une cinquantaine pour le Royaume d’Emmanuel Carrère. 

Voilà une libraire qui aime son métier.

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Terminus Allemagne d ‘Ursula Krechel sélectionné pour le Médicis étranger

Voilà le commentaire de LivresCritique :

Au-delà d’une mine d’enseignements sur l’Allemagne moderne (  cf. : « Le discours lénifiant qui susurre l’Europe en voulant parler de l’Allemagne »,p.40), ce livre impressionnant prend en charge de nombreuses dimensions : d’une grande précision historique ( Ursula Krechel lui a consacré dix années de recherche  !), il ne se limite pas à décrire le ciel brisé d’une famille. Il témoigne aussi de l’impossible quête identitaire des « revenants », tout autant brisés par le règne de l’arbitraire  que par ses déterminismes. Considéré comme « le plus beau roman de la rentrée » par le Frankfurter Allgemeine Zeitung et distingué par le Prix du Livre Allemand en 2012, ce récit est un étourdissant  périple au cœur de l’Allemagne contemporaine. Un livre  fin, documenté et bouleversant, à ne surtout pas manquer.

 

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Le défilé.

Le 5 septembre, une photo, en page 2 du cahier du Monde, Eco et Entreprises. Un article consacré à l’histoire secrète de l’accord LVMH-Hermès. La photo est du 7 juillet, prise lors du défilé Christian Dior.  Un mannequin diaphane en bottines rouges défile devant les puissants ou assimilés: au premier rang entourant Bernard Arnault, le PDG de LVMH,  et son épouse, d’un coté Sean Penn et Charlize Theron, de l’autre, Valérie Trierweiller. Le scandale n’est pas encore déclenché. La beauté, le luxe, la puissance et la gloire s’exhibent. C’est le monde des vanités encore, d’où l’on peut-être chassé en un instant. Celui que le photographe fixe pour l’éternité, aujourd’hui n’est plus le même. Nous regardons cette photo-souvenir. Un autre temps! Qui oserait inviter ici l’auteur  de Merci pour ce moment? A moins que…souvenons-nous de Dominique Strauss-Khan, paria d’un jour, qui parcourt à nouveau le monde pour vendre fort cher ses conseils. Qui demeure quand même à l’écart.

Cette photo est passionnante encore pour ce qu’elle montre de la puissance. Le puissant ici est le patron de LVMH, l’homme immensément riche. Celui qui détient l’argent, l’argent qui donne le pouvoir. Le défilé n’est qu’un prétexte à cette démonstration. Autour la cour. Ceux qui sont tout près, ceux qui sont encore près, ceux qui sont au fond, mais encore des privilégiés. Chaque place attribuée, désirée, donne la position par rapport à l’homme qui est là au centre de la photo. Que pense-t-il de ces silhouettes gracieuses, trop minces, si jeunes, qui avancent vite, virevoltent, s’effacent devant une autre? Que représentent-elles à ses yeux? des femmes, des êtres humains, de la beauté, de la sensibilité ou encore des automates bien payés pour dire au monde entier qui il est lui? Son visage est acéré, sans émotion apparente, las peut-être de cette comédie qu’il achète! Ses yeux, à demi fermés donnent à penser qu’il voit tut, entend tout. Inutile de la lui faire. Il suffit de désirer ce qu’il désire. Peut-être s’ennuie-t-il?

 

 

 

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