ce blog est évidement personnel, il est plein de subjectivité, la mienne, nourrie d’informations que je rencontre, celles qui viennent des éditions de cette maison Montparnasse, Carnets Nord, mais aussi celles qui aiguisent ma curiosité, mon envie, dont je me dis que cela peut vous intéresser. Ni plus, ni moins. Editeur, nous rencontrons des auteurs, des producteurs, des « sujets » de films et de reportages. Il y a ici naturellement le besoin de connaître et de comprendre les ressorts de la création, de la réflexion, de la pensée.
Personnellement, j’aimerai ne pas me laisser embarquer trop par l’actualité, non, je souhaite aller plus vers la réflexion créée par la distance. Lorsque je « tombe » sur un film qui a échappé au public – voir La Brindille dans un précédent blog- dans quoi suis-je? l’information, le rappel ou encore la réflexion sur la réalité de notre société à la fois hyperproductive et consommatrice, ou le meilleur existe et n’est pas forcément vu. Cette réflexion nourrit aussi mon travail d’éditeur: comment faire connaître un film, un document, un livre dans un univers de surproduction quantitative?
Subjectif et informatif donc, mais surtout un blog reflétant le métier de Montparnasse, un métier de goûts, de passions, d’envies. Un métier d’éditeur.
Le Facteur 12 prône-t-il la « haine » des riches comme le titre en forme d’affirmation un hebdomadaire national qui entend là dire qu’un mouvement politique joue sur cette « haine », l’entretient, l’encourage. Une nouvelle lutte des classes qui devrait aboutir à couper un jour quelques têtes. Je ne vais pas me substituer à Cécile Renouard et Gaël Giraud, les auteurs de cet essai, mais pour ma part, il ne s’agit ni de désigner une « cible », les « riches », ni d’affirmer une seule hypothèse, ils seraient seuls responsables de ce monde dans lequel nous vivons. En revanche cet essai permet de mener une réflexion sur celui-ci et son rapport à l’argent. Qui décide? que sous entend l’argent dans la crise actuelle.
On pourrait aller à Davos pour avoir un début de réponse. Enfin à condition d’être un des « acteurs » de ce monde et de payer l’inscription: 75 000 dollars. Ou alors de lire dans la revue XXI le passionnant reportage d’Emmanuel Carrère. Fait de rencontres au fil de l’eau, celui-ci nous fait surgir vraiment ce qu’est le pouvoir, l’influence et l’idéologie. On surfe entre l’amusement et l’indignation. On y trouve aussi les ressorts multiples de l’âme humaine, ses paradoxes- étonnante description d’un de ces rois du monde, Christophe de Margerie,le patron de Total, marchant dans la neige en mocassins à ponpon et sans manteau, en veston-cravate, un vieux Nokia dans la poche, discutant une nuit entière avec un marginal comme cela, pour rien! Rien peut être que la récréation d’un homme sous pression, et aussi humain-paradoxes oui, jusqu’au bout. Tocqueville nous mettait en garde. La démocratie achevée pouvait s’autodétruire sans le savoir. Fin d’un Empire qui ne le sait pas, qui croit encore dominer. Apparition d’un cynisme totalitaire. Les riches ici, forts de leurs pouvoirs, n’ont peur de rien.
Mais c’est dans l’article suivant que la paradoxe s’affirme: la puissance germanique est régionale et humaine. Elle règne dans des petits villages charmants, ou sont nés à la force du poignet d’entrepreneurs travailleurs et inventifs, les numéros 1 mondiaux de spécialités inconnues pour nous, fabricants de matériels de salles de bains, d’outils de précisions, de logistiques etc…qui exportent dans le monde entier, tiennent tête- parce qu’ils sont les meilleurs- à la délocalisation et aux produits importés. Ces entrepreneurs, ils ne me semblent pas les avoir rencontrés à Davos. Peut-être simplement parce qu’ils aiment d’abord le travail bien fait.