Les habitués de nos éditions connaissent bien la série documentaire de Jean-Xavier de Lestrade, Soupçons, dans sa traduction française du titre original The Stair Case. le récit d’une année de la vie de Michael Perterson accusé du meurte de sa femme. Presque en temps réel, sa défense, ses accusateurs, l’évolution d’une procédure et la tenue d’un procès. Puis la condamnation à vie pour meurtre. Depuis 2004, Perterson est emprisonné à Nashville. Le documentaire s’arrête là, mais pas l’histoire. Une femme, la monteuse française de la série, tombe amoureuse de lui. Persuadé de son innocence, elle trouve dans les rushes du tournage de la série une autre explication de la mort de Kathleen, une chouette qui l’aurait attaquée. Un travail incroyable d’expert relayé par un avocat, convaincu lui aussi de l’innocence de Peterson, qui ne suffit pas à obtenir la réouverture d’une enquête.
Il faudra récememnt un autre fait, stupéfiant. Dans d’autres procédures, l’expert à charge de la « police scientifique », qui par ses démonstrations en 2003 avait emporté la conviction du jury, est soupçonné d’avoir inventé ou maquillé des preuves selon sa conviction, en général contre l’accusé.
Le 16 décembre dernier, un juge fait libérer Peterson contre une caution de 300 000 dollars et un bracelet électronique. Il est ruiné. Il a passé 8 ans en prison. Sophie Brunet, la monteuse, l’attendait à la porte de la prison. Jean-Xavier de Lestrade a repris lui aussi le fil et le film de sa vie.
Une question subsiste: bien entendu l’erreur judiciaire, épouvantable, a toujours existé, sous tous les régimes. Mais le système américain ne favorise-t-il pas de telles dérives. N’assiste-ton pas dans les Cours de justice américaines à la tendance générale du pays, il doit y avoir un perdant pour qu’il y ait un gagnant. Avec en toile de fond, une recherche de la vérité beaucoup moins importante que la réélection de tel magistrat, ou le gain financier de tel avocat!