Chaque semaine dans le journal La Croix, Geneviève Jurgensen livre un billet. Billet d’humanité, ou lorsque elle laisse échapper un mouvement d’humeur, ce n’est pas cette sorte de caricature qui agite l’ego de nos médias. Elle parle vrai, sans méchanceté. Elle nous parle de nos sentiments, de ce qui menace nos vies, de ce qui les éclaire.
Geneviève Jurgensen rappelle cette semaine le secret médical qui s’impose. Celui qui conserve sa dignité à la vieille dame atteinte d’une maladie dégénérative, ou le médecin alerte l’entourage sans dégrader par des mots cruels la personne. Secret médical qui n’a pas été respecté, dit-elle, dans « l’affaire Bettencourt ». Les moyens qui ont permis le diagnostic étant impudiquement étalés dans les journaux. Par ceux là même qui portent plainte contre des écoutes téléphoniques et sans état d’âme participent à ce viol public de la personne humaine.
Geneviève Jurgensen, journaliste, ne se met pas, par sa condition, au dessus des autres. Elle connait la douleur. Fondatrice de la Ligue contre la violence routière après la perte, il y a trente ans, de deux petites filles tuées par un chauffard alcoolique.
Elle a largement contribué à faire évoluer l’opinion et la Loi sur la violence routière, enlevant enfin l’impunité au chauffard parce que pour le législateur ou le magistrat, conducteur lui aussi, le permis de conduire avait trop souvent plus de valeur que la vie d’un innocent.
Ce rappel d’aujourd’hui s’adresse encore aux médias sans mémoire, aux journalistes qui jugent, qui exigent, qui n’ont pas la modestie nécessaire à ce métier si puissant. Trop puissant? Oui, parfois! Lire Geneviève Jurgensen est rafraîchissant.