nous dit un éditorialiste, paraphrasant la fameuse phrase du directeur du Monde, après l’attentat des Twin Towers le 11 septembre 2001: nous sommes tous des américains! Enfin pas tout à fait japonais. Les français quittent en masse le Japon – et les reportages qui les montrent, à l’arrivée à Roissy, si soulagés, me gênent- les japonais sont bien à part et tout seuls. Sur cette ile qui semble se refermer sur eux comme un ultime piège.
Mais je crois que le soulagement de ceux qui ont fui est illusoire: la radioactivité se moque des frontières- et même des distances, les vents portent loin, très loin les nuages radioactifs. Tchernobyl a montré cette réalité comme l’immense et émouvant sacrifice des « liquidateurs » soviétiques hier, et des « réparateurs » japonais aujourd’hui. Le silence, le respect s’imposent.
Gênants encore, « le retour d’expérience » de la ministre de l’écologie dimanche soir sur France 2, comme la mise à profit d’une évidence répétitive, et aussi le : « vous voulez revenir à la bougie » du présentateur d’I-TV ce matin face au directeur général de Geenpeace France, alors que celui-ci plaidait pour une remise en cause réelle du nucléaire.
Il semble bien que nous n’ayons pas voulu comprendre qu’avec le nucléaire le progrès, tant divinisé depuis le 19° siècle, avait franchi le pas du risque apocalyptique. Il faut relire René Girard, le philosophe français, son « Achever Clausevitz« , paru il y a deux ans, ou il explique comment et pourquoi l’homme a perdu la maitrise de son destin. Et son avenir. La catastrophe au Japon est aussi la nôtre, celle de la croyance sans critique en la science. Le capitalisme suppose une croissance sans fin. De surtout ne pas déranger le système établi. Aveuglement de la science et voracité des profits font cause commune.