c’est à la mode de donner son avis. Je le fais toutes les semaines dans ce blog ou je parle de l’air du temps, de mes rencontres, de mes découvertes, de mes sentiments. C’est à la mode encore de dire-donner- ses coups de cœur sur ses lectures, ses films. A la mode, aujourd’hui donc mon coup de coeur vient de mes visionnages du coffret des Césars. Je suis un des 4 200 professionnels du cinéma, membres de l’Académie des Arts du cinéma qui chaque année attribue à travers deux votes ces fameux Césars, consécrations de l’année cinématographique. Je ne vous dirai pas pour qui j’ai voté à la première sélection, mais simplement quelques emballements, et d’abord un coup de cœur.
Dora Tillier, une quasi-inconnue, qui forme un duo épatant avec Nicolas Bedos dans Monsieur et Madame Adelman, une comédie grinçante et réjouissante, pleine de surprises, des surprises, des rebondissements, des sentiments, et ce personnage central si fin, si fine cette femme, si maline, si puissante, une sorte d’exemple à donner aux femmes et aux hommes, et oui à nous aussi. Chut, je ne veux pas dévoiler l’histoire, je ne veux rien dévoiler, mais le plaisir et l’intelligence sont là à chaque scène, à chaque dialogue. Bravo à Nicolas Bedos, scénariste, acteur, metteur en scène mais surtout à l’incomparable Dora Tillier. Figurez-vous qu’elle sort dans la première sélection, catégorie meilleure actrice, au milieu des meilleures, toutes déjà célèbres, sauf elle.
Elle a de rudes concurrentes, Isabelle Huppert, toujours parfaite dans Happy end, Jeanne Balibar, merveilleuse dans Barbara, entre autres… mes souvenirs : Nos années folles d’André Téchiné, les Fantômes d’Ismaël, d’Arnaud Desplechin, avec Mathieu Almaric, Maryline de Guillaume Gallienne avec Adeline d’Hermy, Le Redoutable, de Michel Hazavanicius, avec Louis Garrel, Rock’n Roll de Guillaume Canet avec lui-même et Marion Cotillard, enfin le troublant Visages Villages, sorte de testament ultime ( peut-être) d’Agnès Varda que lui sert avec affection JR.
Il y en a encore d’autres, au fond en laissant les médiocres comédies dont on se demande comment elles ont trouvé producteur et financement, en laissant les films répétant toujours les mêmes thèmes sombres et politiques tout en nous ennuyant, il y a du bon dans cette livraison de l’année 2017, de toutes sortes, du rire, de l’émotion, du frisson, des grands numéros d’acteurs, des souvenirs encore et encore…
Ah si encore, un très étrange film documentaire, Le vénérable W., de Barbet Schroeder. L’histoire d’un maitre bouddhiste raciste et nationaliste. Il veut protéger sa race birmane et sa religion et délivre un discours antimusulman qui enflamme le pays. Il est minoritaire, désavoué par ses pairs, mais ses thèses gagnent du terrain. Double face d’une religion qui prône l’amour, comme d’autres religions que nous connaissons bien, double face des hommes, chez nous un prédicateur musulman célèbre tombe dans le panneau de cette double face. Tous les jours nous entendons des affirmations contraires, et nous tombons dans le panneau. L’homme contient le bien et le mal, l’inconscience et la conscience en lui-même. Restons optimiste. Respirons, j’inspire, j’expire….