Lorsque j’ai rencontré Jean-Luc Lahaye, il y a un an, chez son agent, je ne connaissais vraiment ni ses chansons, ni ses démêlés avec la justice, ni son univers. Et puis j’ai entendu la souffrance d’un homme qui s’estimait injustement condamné par l’opinion que les médias avaient donnée de lui. Médias qui, lorsqu’ils se sont trompés, rectifient des pages d’articles et de titres destructeurs, par quelques lignes à peine visibles dans un communiqué. Des réputations détruites avec la conscience tranquille des juges modernes.
Jean-Luc Lahaye n’est pas un enfant de chœur- il l’a été- je ne comprends pas son goût immodéré pour les jeunes filles, ses déclarations provocatrices sur le même sujet, mais la seule accusation retenue contre lui, la discussion outrancière sur Internet avec une jeune fille se faisant passer pour majeure,- elle a elle-même déclaré qu’elle l’avait en quelque sorte « piégé », et n’a pas voulu porter plainte- au delà du jugement moral et social, semble bien mineure à coté des actions et positions des Gainsbourg, Polanski, et bien d’autres, ceux-là jamais inquiétés par la justice ou bien défendus par le Tout-Paris médiatique. Etre un grand artiste n’excuse rien, au contraire!
Comme on se fait des idées, Jean-Luc Lahaye…ainsi démarre dans Passion Classique, Olivier Bellamy, le recevant. Je suis un astre noir, un capricorne comme Dalida, comme vous, Olivier. Je traine une solitude extrême. Le ton est donné. Le choix musical qui suit, la 9° symphonie de Beethoven en la mineur, permet un bref instant de blague de potache: si un juge nous entend! L’humour peut être grave, Jean-Luc se réjouit que ceux qui n’étaient pas ses vrais amis lui aient tourné le dos. C’est formidable qu’ils me tournent le dos parce que moi je reste de face, je ne vois que leur dos. Il y a encore la chute qui suit le succès, les immenses succès, les chansons, le livre, l’Association Cent-Familles qu’il crée, lui l’enfant de la DASS, pour les enfants abandonnés, pour laquelle il donne les revenus de son best-seller. Les chutes. Olivier Bellamy; la mort, vous y pensez? Jean-Luc : la mort, j’y pense tous les jours. Je viens d’apprendre celle de mon frère ainé, après celle de ma mère le 1° avril. Je suis sur la pente savonneuse, çà s’accélère. Et puis un jour ce sera mon tour.
No milk to day, la 7° symphonie de Malher, Erik Satie… les choix musicaux nous emmènent dans des univers nostalgiques et graves. L’enfant de la DASS déborde d’amour : J’ai adoré ma mère. C’était une enfant. Je ne lui en ai jamais voulu. Olivier Bellamy : de quoi êtes-vous le plus fier, d’avoir réalisé votre rêve d’enfant, être chanteur, où de votre association? Aucune hésitation: de mon association. Il faut aller de l’autre coté du miroir, décidément.
A réécouter sur Passion Classique du mercredi 25 mai. Et lire aussi Classé Confidentiel, son autobiographie chez Carnets Nord