agriculture d’abord: le Salon de l’Agriculture s’ouvre dans la confusion et la désolation. Ceux qui suivent les Éditions Montparnasse connaissent nos points de vues. Point de salut dans l’agro-industrie destructrice de l’environnement, des emplois, et faussement productive. Un maraicher bio sur 1 hectares nourrit mieux et moins cher qu’un tracteur sur la même superficie. Un éleveur de vaches laitières produit mieux et moins cher en mettant ses vaches à l’herbe qu’en les bourrant de farines dans des hangars fermés. Transformer l’agriculture paysanne en agriculture industrielle enrichit quelques uns dont la grande distribution et appauvrit les autres. L’Allemagne donnée en exemple de la productivité a supprimé la moitié de ses fermes en 10 ans. Au profit de qui? Pas de ses paysans contraints de quitter leur terre. Pas au profit des consommateurs qui achètent les mauvaises productions des fermes géantes…
Quand on écoute les uns et les autres, quelle confusion! Les technocrates de Bruxelles soumis à la loi du marché ultra-libérale détruisent un peu plus chaque jours l’idée d’une Europe au service des citoyens. Les politiques n’en ont pas, de politique. Navigation à vue, contradictions des idéologies. Pas de bon sens, pas d’audace. Désolant. Allons voir le film de Mélanie Laurent et Cyril Dion, Demain. Il nous parle mieux d’aujourd’hui que tous les discours. Quand aux agriculteurs, ils manifestent, mais que font-ils pour changer? Rien. Ils semblent subir, pourquoi? Certains changent de modes de productions, pensent aussi aux consommateurs, et s’en portent mieux. Ils ne veulent plus être soumis au marché mondial et à ses diktats.
Et justement ce vendredi soir, Demain a obtenu le César du meilleur film-documentaire. Remerciements des réalisateurs à tous, notamment aux centaines de personnes qui ont apporté leur obole pour permettre la réalisation de ce film hors norme. Cinéma, culture…j’ai regretté que les deux jeunes acteurs de Trois souvenirs de ma jeunesse, Lou Roy Lecollinet , Quentin Dolmaire, ne soient pas récompensés. Mais on entendra reparler d’eux, j’espère. De même Youth, de Paolo Sorrentino, magnifique réflexion sur la mort, donc sur la vie. Si mal représenté par cette affiche de deux vieillards libidineux –Michael Caine et Harvey Keitel– regardant une ravissante jeune femme nue. Et puis Comme un avion, de et avec Bruno Podalydes, poétique et réaliste approche de comment se débarrasser de ce dont a pas besoin pour vivre ou encore comment vivre tout simplement. Délicieux et audacieux.
Pour finir, j’aurais aimé entendre dans cette soirée de la culture une voix, peut-être celle du lauréat du meilleur film, Philippe Faucon, lancer un appel pour la liberté d’expression. Un appel en faveur de l’écrivain et journaliste Kamel Daoud, qui insulté, menacé, se retire du débat public. Il n’est ni le premier – Salman Rushdie vient de voir la prime pour son assassinat augmenter par une nouvelle fatwa- ni le dernier. Et le silence des indignés de la bien-pensance est assourdissant. Kamel Daoud revendiquait pour les femmes le droit à la liberté dans l’Islam.