Peut-être n’avez-vous pas eu ma chance ce dimanche matin de grands départs en vacances. Une route chargée, mais fluide, des automobilistes attentifs, respectueux des limitations de vitesses et des autres. Aucun imposant 4/4 surgissant derrière vous à vive allure, alors que vous êtes à 130km/h sur la ligne de gauche, vous intimant avec forces appels de phares, de vous ranger immédiatement pour laisser passer la puissance et la force. Non, ces manières étaient réservées au retour du dimanche soir. Ici sur l’autoroute allant vers le sud, chacun prenait son temps. Le temps des vacances.
C’est un moment heureux. Faut-il se sentir coupable de ce sentiment alors que tout va si mal dans le monde, que la radio nous donne les informations de 10 heures ? Le Pape François dénonce le règne de l’idole argent. Ce règne de l’argent, de la finance n’est pas chrétien, nous dit-il. Il rappelle que le christianisme est « révolutionnaire ». Au même instant, un grec, étrange « révolutionnaire » dit de gauche, encerclé par la raison du marché, s’enhardit quelques jours à dire non à ce marché. Puis accepte le diktat, mais a-t-il le choix? Europe vient de là, n’est-ce pas un signe! Sur France Inter, une biologiste raconte les premiers jours du monde, l’apparition des signes de la vie, l’inconnue persistante de ce premier moment malgré les connaissances inouïes de ces dernières décennies. Est-ce rassurant?
La biologiste évoque l’exploration de ces nouveaux mondes, ces planètes inconnues ou nous envoyons des messages, parfois des sondes, et d’où nous souhaitons rapporter aussi des parcelles du mystère. Y a-t-il un danger dans ces explorations? Lui demande la journaliste. La réponse est nette: oui, nous pouvons apporter dans ces mondes vierges des germes qui les menacent, et en rapporter encore des virus destructeurs, mais on n’arrête pas le progrès. Et notre curiosité insatiable? Hier comme aujourd’hui.
Les paysages défilent, après les plaines un peu mornes de la Beauce berrichonne, les contre-forts creusois annoncent le Limousin verdoyant et boisé. Le ruban bitumeux nous emmène toujours plus loin avec la promesse d’un moment à nous. En famille, entre amis. C’est cela les vacances. Quelques livres – quantité ou qualité?- et déjà je pense aux échanges : la qualité, qu’est-ce que cela veut dire? C’est subjectif. Chacun a le droit d’aimer ou non…affrontements jamais finis que La civilisation du spectacle, de l’écrivain Mario Vargas Llosa, juste ouvert avant de partir, va nourrir abondamment, je le sens. Vive ces quelques jours à refaire aussi le monde.