Cher Sylvain, nous nous sommes rencontrés alors que vous étiez encore dans le feu des médias. Vous produisiez vos documentaires sur la France vue du ciel, des vues merveilleuses qui nous faisaient rêver, qui faisaient rêver des millions de français, d’abord à la télévision puis dans les DVD que nous éditions. C’était au début des années 2 000. Vous aviez été un présentateur de télévision célèbre et aimé. Aimé pour votre joie, votre sourire, votre fougue.
Derrière cela je découvrais, petit à petit, un homme blessé. Blessé physiquement dans un accident de parapente ou vous étiez passé à deux doigts de la mort. Oui, comment aviez-vous échappé à la mort après une chute de plusieurs centaines de mètres? Vous le racontiez dans un livre: l’instant ou tout a basculé que nous éditions en 2008. Échapper à la mort. Le sujet vous obsédait. La vie, la mort ? Le succès, l’ombre, l’oubli. Vos blessures n’étaient pas que celles d’un accident. La dépression vous rattrapait. Vous n’aviez plus d’émissions. Plus rien que l’attente dont vous me parliez. Et la foi en vous-même dont vous commenciez à douter.
La chance, l’espoir! La chance vous a retendu une main. Chaque jour sur Sud Radio, vous posez, au bout d’une heure d’entretiens, cette question à votre invité: qu’est-ce qui vous fait courir? D’une heure, à partir d’un livre qui vient de sortir, d’une pièce de théâtre qui démarre, vous faites bien autre chose qu’une promotion. Vous détournez le genre, c’est un moment de bonheur partagé. Vos invités deviennent les nôtres. Vous êtes là , mais aussi à coté de l’invité, pas devant eux. A l’heure ou les animateurs parlent plus que ceux qu’ils reçoivent, ou les invités sont sans cesse coupés par une voix ironique ou autoritaire, vous apportez l’élégance de la discrétion, la discrétion du mot juste qui s’efface pour nous laisser entendre des voix. Qu’est-ce qui vous fait courir, tous les jours à 14 heures sur Sud -Radio.