On pourrait en sourire, si le sujet n’était pas si grave. Le 22 mars dernier, ce blog interpellait les grandes voix médiatiques sur le silence dont elles entouraient le massacre des chrétiens d’Orient et d’ailleurs. L’actualité rattrapait une première fois ce blog avec l’assassinat de plus d’une centaine de jeunes chrétiens kényans, triés comme tels pas les islamistes, avant d’être abattus. Il y a eu aussi cette semaine cette étrange censure d’une affiche dans le métro pour un concert donné par « Les Prêtres » au profit des chrétiens d’Orient. Je ne sais pas comment est venu l’idée de censurer le mot « chrétien », mais je sais qu’au final, grâce à cette polémique, personne ou presque en France n’ignore aujourd’hui ce « génocide« , comme le qualifie notre ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
Les explications emberlificotées de la RATP, la lenteur pour reconnaître son erreur et rectifier l’affichage, sont en revanche exemplaires d’un état d’esprit. Dans Le Figaro de ce matin, Pascal Bruckner s’exclame: « En France, dès qu’il s’agit de chrétiens, s’installe une rumeur de mépris ». L’auteur du ‘Long sanglot de l’homme blanc » rappelle que ces contrées d’ou les chrétiens sont chassés et massacrés furent des terres chrétiennes avant d’être conquises par l’Islam, mais dit-il: ici les chrétiens ne sont pas des bonnes victimes, ils n’ont pas la cote. Au kilomètre sentimental, la vie d’un chrétien d’Orient, arabe lui aussi, vaut mille fois moins que celle d’un palestinien de Gaza. »
Et il conclut par : il y a des mosquées à Rome, y a-t-il des églises à Doha, à la Mecque, à Ryad? Je pense que tout cela doit nous interroger. Quoique l’on pense de notre Histoire, de la place des religions dans nos vies, l’environnement européen repose sur cette Histoire, sa formation spirituelle, humaniste et culturelle. Et quand je regarde le reste du monde, je trouve que cet environnement, cet héritage grec-romain, judéo-chrétien, des Lumières, est extraordinaire. Les femmes y ont conquis le respect et la liberté, chacun de nous peut imaginer sa vie en toute liberté, croire ou ne pas croire en Dieu par exemple, même si ici aussi l’humanité reste ce qu’elle, pas idéale! Il vaut mieux vivre en Europe, et particulièrement en France, qu’ailleurs.