Nous sommes convaincus que la culture sans pesticides et engrais chimiques est possible. Qu’elle peut être plus nourricière que la culture intensive. Que celle-ci oblige des millions de paysans vivants en autarcie à quitter leur terre pour peupler les bidonvilles des mégapoles. Coûts multiples et catastrophiques, de déshumanisation, de santé, de dépendance économique et sociale…Les privilégiés que nous sommes ont le luxe étrange de choisir de consommer « bio », des aliments bons pour la santé, bons aussi au goût. Plus chers à l’achat certes mais dont les effets naturels, moins de cancers, moins de maladies, plus de sélection qualitative, sont si importants. Le prix du bio ne se mesure pas que sur l’étiquette. Les paysans des Amap qui vivent sur quelques hectares devraient être déclarés d’utilité publique.
Mais, devant la demande croissante, le Bio est aussi devenu un marché de grande consommation. Et la grande distribution l’a compris, développant des rayons de produits bio. Marketing oblige, ces produits se reconnaissent à des emballages « verts » pour que le consommateur les identifie immédiatement. Tromperie parfois, trop souvent : le bio industriel n’est pas le bio de l’artisan. Essayez le coulommiers ou la crème fraiche de la grande distribution marqués bio. Pas de goût, voire moins bonne ( la crème fraiche) que la voisine non bio, et ainsi bien d’autres produits « verts » ne sont que des attrape-nigauds. La filière industrie- grande distribution crée de la quantité pas chère pour nous attraper. Elle menace les vrais producteurs de bio, les « petits » qui font du bon. Ceux-ci sont des producteurs locaux, cultivant à proximité du point de vente des produits sans conservateurs. Ne vous laissez pas tromper, demandez le vrai produit local…
et puis je voulais évoquer ce blog d’avril 2012, qui parlait d’argent, de pouvoir à l’occasion de la publication chez nous du Facteur 12, coécrit par deux économistes. A cette occasion, j’évoquais ainsi le sommet de Davos, et un de ses protagonistes, Christophe de Margerie :
Le Facteur 12 prône-t-il la « haine » des riches comme le titre en forme d’affirmation un hebdomadaire national qui entend là dire qu’un mouvement politique joue sur cette « haine », l’entretient, l’encourage. Une nouvelle lutte des classes qui devrait aboutir à couper un jour quelques têtes. Je ne vais pas me substituer à Cécile Renouard et Gaël Giraud, les auteurs de cet essai, mais pour ma part, il ne s’agit ni de désigner une « cible », les « riches », ni d’affirmer une seule hypothèse, ils seraient seuls responsables de ce monde dans lequel nous vivons. En revanche cet essai permet de mener une réflexion sur celui-ci et son rapport à l’argent. Qui décide? que sous entend l’argent dans la crise actuelle.
On pourrait aller à Davos pour avoir un début de réponse. Enfin à condition d’être un des « acteurs » de ce monde et de payer l’inscription: 75 000 dollars. Ou alors de lire dans la revue XXI le passionnant reportage d’Emmanuel Carrère. Fait de rencontres au fil de l’eau, celui-ci nous fait surgir vraiment ce qu’est le pouvoir, l’influence et l’idéologie. On surfe entre l’amusement et l’indignation. On y trouve aussi les ressorts multiples de l’âme humaine, ses paradoxes – étonnante description d’un de ces rois du monde, Christophe de Margerie, le patron de Total, marchant dans la neige en mocassins à pompon et sans manteau, en veston-cravate, un vieux Nokia dans la poche, discutant une nuit entière avec un marginal, comme cela, pour rien! Rien peut être que la récréation d’un homme sous pression, et aussi humain – paradoxes oui, jusqu’au bout. Tocqueville nous mettait en garde. La démocratie achevée pouvait s’autodétruire sans le savoir. Fin d’un Empire qui ne le sait pas, qui croit encore dominer. Apparition d’un cynisme totalitaire. Les riches ici, forts de leurs pouvoirs, n’ont peur de rien.
Le grand patron de Total, entreprise honnie par les uns, admirée par les autres, apparaissait, sous le regard d’Emmanuel Carrère, riche et complexe Pas un homme ordinaire certes, bien un homme de pouvoir oui, mais pouvait-il en être autrement. Un homme de paradoxe, acceptant de gérer ses paradoxes. Par exemple,ne voulons-nous pas tous une énergie pas chère, l’essence pour rouler tous les jours, le gaz à disposition pour nous chauffer, etc… et dans le même temps ne dénonçons-nous pas les pollueurs, corrupteurs que sont ces pétroliers? Oui, nous ne sommes pas si clairs que cela. Dans ce monde paradoxal, Christophe de Margerie semblait à la fois lucide et plein d’humanité. C’est rare!