En sous-titre de son article (Le Monde du mardi 7 octobre) de deux pages consacré au réalisateur-producteur Luc Besson, le journaliste Laurent Carpentier nous prévient : Le carton planétaire de « Lucy« , qui ressort le 8 octobre en 3D, a rasséréné Luc Besson, après plusieurs flops et déceptions. Le cinéaste et homme d’affaires profite de l’aubaine pour redorer son image. Poids 110 kgs, taille 1 mètre 73. Une photo montre un visage rude et doux à la fois, un regard cherchant sur sa gauche quelque chose que nous n’apercevons pas. La barbe, de rigueur aujourd’hui, est gris-sel. L’article nous dit encore qu’il est habillé de noir, légèrement dépenaillé…pourquoi donc consacrer deux pages du quotidien de référence? Pourquoi donc ces deux pages m’intéressent? Luc Besson n’est pas mon cinéaste préféré, loin de là! Ses affaires mouvementées, avec ses hauts et ses bas, pourraient rester du domaine privé. Mais depuis longtemps ce drôle de personnage détonne dans le milieu du cinéma français.
Il est culotté, s’engage personnellement, ne s’occupe pas de l’opinion des uns et des autres, fonctionne à l’affectif, ou pas, selon les cas. Il a de l‘Orson Welles et de son miroir dans Citizen Kane. Welles était Kane. Besson est Luc ! Il collectionne les femmes, enfin 3 épouses où compagnes, il est père de cinq enfants- il souhaiterait en avoir 10- il collectionne les films réalisés et/ou produits. Nous les connaissons, au moins par le titre: Le Cinquième élément, le Grand Bleu, Nikita, Léon. Je sais en disant cela pourquoi il m’intéresse: l’énergie, l’énergie folle, créatrice et aussi destructrice, de Luc Besson ou de ce type d’homme – Welles encore- cette énergie née un matin je ne sais ou, je ne sais quand, mais si ancrée en lui depuis toujours. Née dans le rêve, pour le rêve. Il en dit quelque mots émouvants dans l’article.
Je ne le résumerai pas ici, ce serait lui retirer sa saveur. Le rapporter serait trop long pour ce blog. Luc Besson évoque un dialogue qu’il a eu, un jour, avec Millia Jovovich, héroïne de Jeanne d’Arc, qui fut aussi sa compagne. Ce dialogue revient à l’enfance, ce que celle-ci crée et attend, ce qui se perd en grandissant. Luc Besson le conclue en nous disant: si j’avais vraiment eu le choix, j’aurais aimé être un dauphin. Le rêve transformé en énergie créatrice. Le rêve et la frustration, mère nourricière d’une vie. Je trouve cela merveilleux. Le reste est hollywoodien et moins important. Le cow-boy joue de l’harmonica, solitaire, à travers les plaines de l’enfance.
En appendice de ce blog, je remarque le changement des journaux qui nous offrent de plus en plus de « belles » histoires, de « grandes » enquêtes, de « papiers » sortant de l’actualité quotidienne. Le lendemain du portrait de Luc Besson, celui, toujours sur deux pages, autour du couple Jouyet, amis du Président, lui nouveau secrétaire général de l’Elysée, elle héritière fortunée d’une grande famille, nourrissait notre curiosité, et notre réflexion. Le journal se démarque ainsi du monde d’Internet, et nous fournit une bonne raison de l’acheter dans cette mise en forme graphique intelligente.