les mots et les images
Il y a encore quelque temps ( mais peut-être était-ce il y a très longtemps), j’étais un voyageur, un lecteur, un spectateur. Depuis quelque temps (mais peut-être est-ce depuis longtemps déjà) lorsque je prends le train, ou l’avion, je suis un client, lorsque je demande un renseignement dans l’espace culturel, je suis un client. Au cinéma même, avec ma carte illimité, j’ai un « produit » censé m’aider à voir plus pour moins cher. Client, j’ai affaire à un vendeur, j’achète un produit.
Il faut le dire, vous l’aurez compris tout de suite, je ne sens pas d’amélioration à avoir changé de statut. Le service offert au client du train n’est pas meilleur, la passion nécessaire entre celui qui propose une oeuvre( livre, film, documentaire) et celui qui la désire, ce fameux spectateur ou lecteur rarement identifié mais toujours mythifié, a trop souvent disparu. Pas de nostalgie dans ces réflexions, simplement le sentiment d’une supercherie. Vendre n’est pas un laid métier. Je vous vends des films ou des livres ici même. Et si je ne vous les vends pas, ils n’arriveront pas jusqu’à vous, faute de moyens.
Du temps du voyageur, on me vendait bien un ticket au guichet de la gare.
Alors? Vous restez, pour moi, ce voyageur, voyageur des idées, des sentiments, des envies. Vous pouviez regarder par la fenêtre le monde qui défile, avec son cortège invraisemblable d’êtres humains- ce que nous sommes évidement- et devant ses histoires vraies ou inventées, vous pouviez enfin imaginer. Client? Bof! Il y a des progrès qui n’en sont pas. Question de mot.