Dans Solutions locales pour un désordre global, Coline Serreau avait mis quelques plans qui avaient provoqué un haut le coeur chez nombre de spectateurs. Vous savez, de ces images qui vous font détourner la tête: là des pinces qui arrachent les dents de porcelets, l’homme en bleu de travail tenant à pleines mains, le porcelet qui gigote et la pince qui nous apparait bien l’instrument de torture qu’elle est, et puis la queue du même porcelet sectionné d’un coup de couteau…
Ce haut le coeur, on l’a du début jusqu’à la fin en regardant ces images: « Cochon qui s’en dédit » réalisé en 1979 et édité aujourd’hui dans la collection « Le Geste cinématographique ». Insoutenables, les images, le propos, la situation: celle de Maxime qui crée en Bretagne un élevage industriel de porcs. Un élevage comme des milliers d’autres. Un élevage dont on aimerait qu’il ne fut plus qu’un mauvais souvenir. Il n’en est rien.
Cet enfer concentrationnaire, inimaginable, existe toujours. On a envie de crier stop, arretez! mais la pellicule continue avec ses horreurs. Maxime, surendetté, n’arrive même pas à vivre de cet effroyable travail. Sous la direction de Jean Rouch, pendant 3 ans, Jean-Louis Le Tacon filme « la raison économique comme une machine de mort. »
A voir absolument.
Sortie aux Editions Montparnasse le 4 janvier prochain.