C’est une tradition chez ces amis. Au matin du 1° janvier, ils proposent à leurs convives du réveillon à peine sortis d’une soirée, comme il se doit chaleureuse et prolongée, de couvrir un arbre de leur jardin des vœux de chacun. Chacun, 5 vœux à rédiger et à suspendre. Il fallait nous voir un peu embarrassés devant la question si répétitive, si banale. Les vœux, ah oui, bonne santé, bonnes résolutions, penser à l’humanité, ne plus fumer, la paix dans le monde. Nous étions 11, bon chiffre, ni trop, ni trop peu. Une consigne quand même de l’ami : des vœux pour soi, pour les autres, pour l’humanité, justement! Je ne vais pas vous les énumérer, vous dire simplement que tous ces petits cartons de toutes les couleurs accrochés aux branches de l’arbre m’ont semblé tout à coup prendre une autre résonance – chacun lisait alors les siens, comme il le souhaitait- je voyais les vœux devenir à la fois ceux de celui qui les lisait, mais aussi les miens. Sous le charme et la réalité de ses vœux, l’arbre se serait envolé pour les porter un peu partout que, ma foi, j’aurais trouvé cela presque normal.
Il n’y avait pourtant pas de croyance, ou d’innocence particulières. Nous étions tous des personnes adultes, connaissant la violence du monde des hommes, sachant la faible influence des vœux échangés, cette nuit là, sur toute la surface du globe. Les nôtres n’avaient pas plus de poids que ceux des milliards d’êtres semblables à nous. Ils ne changeraient ni le monde, ni notre destin.
C’était simplement, dans ce cercle que nous formions autour de cet arbre- plus un arbuste, qu’un arbre d’ailleurs- un beau moment, des vraies envies, une foi encore dans la vie, du beau, du bien, du bon partagés. Ce que je vous souhaite à tous aujourd’hui…
…aux dernières nouvelles, l’arbre est toujours bien planté dans le jardin, les vœux tournent sur eux-mêmes, au gré du vent…