dans son cabinet de thérapeute, Sevim Riedinger, auteur du Monde secret de l’enfant ( Carnets Nord/Editions Montparnasse) entend Clément lui poser cette question, puis une autre: tu sais, toi, si la mort peut disparaître? D’une expérience de vingt ans d’entretiens avec des enfants d’univers les plus divers, elle approfondit la présence du sacré, du mystère dont ceux-ci ont besoin. Les enfants qui m’accompagnent dans ce récit grandissent aussi bien dans un environnement socioculturel religieux que dans un milieu agnostique, voire athée. Tous cependant ont besoin de se sentir reliés, à un moment ou à un autre de leur vie d’enfant, à cette dimension transcendante inhérente à la vie. J’aime beaucoup les propositions que Sevim Riedinger développe, celles de préserver chez l’enfant des moments de tranquillité, de silence, de rêve.
C’est ce qu’elle observe de son monde secret, qui se perdra avec la transformation de l’enfant, de son arrivée dans le monde des adultes. Il y a encore l’idée que nous pouvons apprendre d’eux: l’enfant nous interpelle sur ce que nous sommes. J’ai vu des êtres défaits, en grande souffrance, retrouver un sursaut de vitalité(…) devant le sourire d’un enfant. Il nous rappelle que nous ne sommes pas seulement des êtres de souffrance et de compromis. Cette poésie perdue nous fait envie. Autre point d’avenir pour soutenir le rêve : le rite, nous dit Sevim Riedinger.
Noël, pour les chrétiens n’est pas un rite, mais une annonce merveilleuse, celle de la naissance de l’Enfant-Sauveur. Un sauveur nous est né, clame le prêtre lors de la messe de Minuit, moment de célébration et de commémoration de la naissance de Jésus-Christ. L’amour, la paix, la bonne volonté, la confiance. Dans un monde de violences continuelles- plus aujourd’hui qu’hier? Plus hier qu’aujourd’hui?- cette célébration de Noël est un moment étonnant pour qui veut bien retrouver son origine : le regard que nous portons sur l’enfant. Pour les chrétiens certes, mais, pour ceux qui ne le sont pas, à retrouver notre capacité d’émerveillement. Ne serait-ce qu’un instant. Celui de Noël.
Les rites restent néanmoins très présents même si nous en ignorons souvent l’origine et la signification. Noël est plus symbolisé par la crèche, – l’étable ou la grotte- ou la place réservée à l’enfant demeure vide jusqu’au 24 décembre à minuit, que par le sapin venu du Nord de l’Europe plus proche de la fête du solstice d’hiver – les jours rallongent à partir du 21 décembre-. Les cadeaux sont ceux offerts par les rois mages venus d’Orient à l’enfant Jésus. Ceux-ci, Melchior offre l’or, Gaspard, l’encens et Balthazar la myrrhe, n’arrivent que plusieurs jours après la naissance. C’est l’Épiphanie, le 6 janvier avec la galette des rois, qui symbolise l’agenouillement des rois mages devant Jésus.
Aujourd’hui, nous offrons des cadeaux, rite fort d’un espoir, d’un geste d’amour ou d’amitiés, d’un don réciproque. L’aspect religieux est gommé pour beaucoup, il devient une réunion familiale heureuse. Même si pour certains, c’est aussi un moment de solitude douloureux. Le sens de la vie que nous fait entrevoir Sevim Riedinger dans le Monde secret de l’enfant peut-être aussi une réponse à ces questions sur Noël.