non, ce n’est pas ce que nous connaissons tous pour y avoir déambuler entre boutiques de marque, soldeurs, et pizzeria, le Centre Commercial dont je vais vous parler se situe dans le très bobo 10 arrondissement de Paris, rue de Marseille très exactement – la rue d’à côté abrite la plus belle boutique de dvd que je connaisse, Potemkine, mais je vous en reparlerai un autre jour- voilà donc entre deux boutiques chics, la succursale de vente de Veja, la marque de baskets écologiques qui emballe la jeunesse. Sébastien Kopp et François-Ghislain Morillon ont créé Veja en 2006, alors que brillants cadres de moins de trente ans, promis à un bel avenir dans la finance traditionnelle, ils décident de changer de vie. Ils se tournent vers le commerce équitable, et vont prouver en quelques années que éthique peut rimer avec réalité. Veja est aujourd’hui une marque qui nous fait rêver.
Dans le Nord-Est brésilien, Veja passe des accords avec des petits producteurs de coton. Pas de pesticides, pas d’engrais, le coton produit est filé artisanalement, de même pour le caoutchouc issu d’hévéas sauvages, saignés par des seringueros réunis en coopérative. Le tannage végétal est exempt de tout produit chimique. Veja ne fait pas de publicité. En écoutant le responsable de la boutique m’expliquer cela, m’affirmer que le bio, ici, n’est pas mis en avant, afin de ne pas en faire un argument publicitaire, je rêve encore.
Et puis, je vois sur une table, une revue Centre Commercial, numéro 1, automne-hiver 2013. la couverture est illustrée par une photographie, bien sombre d’un tunnel avec une sorte de scaphandrier s’éclairant d’une torche. En page 3, l’édito nous parle de l’exploration en Finlande de l’immense mine de stockage de déchets nucléaires, de ses interrogations. Et termine ainsi: voilà notre civilisation, nous marchons dans le noir, avec une simple lampe torche. Voilà notre témoignage, nos luttes, voilà nos rêves, nous les lançons sans regarder. Voilà Centre Commercial.
Il ne s’agit pas de « grands reportages » comme d’autres le font si bien, mais de sincérité, de justesse, j’aime les rencontres faites là.