Nous n’en sommes pas là, mais ce qui se passe à Bruxelles en a des airs. La culture face à l’économie? Le Nord libéral et anglo-saxon face au Sud social-démocrate et latin? La France défend l’exception culturelle qui lui a permis de développer une industrie cinématographique puissante. Alors que la part de marché du cinéma américain frôle les 90% dans la plupart des pays européens, elle est proche de 50% en France. La production cinématographique française continue de se diffuser en France et dans le monde grâce à des mécanismes à la fois réglementaires et inter-professionnels. Une exception culturelle qui est une question d’identité et…d’économie.
Je fais partie de ceux qui pensent que la culture nourrit l’esprit, celui de valeurs qui nous font vivre ainsi plutôt que comme cela. Je suis encore de ceux qui pensent que l’image du commissariat de Los Angeles véhicule plus que son histoire, mais bien un mode vie, de pensée, de voir. Ainsi nous achèterions l’Amérique et ses produits en regardant depuis les années 20, films puis séries, et maintenant connectés dans les réseaux sociaux, une certaine façon d’être. Le Diable est dans les détails. Je me souviens de cette phrase d’un pape de la grande distribution dans les années 80: l’Amérique est le journal de demain.
Comprendre que ce qui surgit là-bas arrivera inexorablement ici. Les Google, Facebook, Apple, Netflix, ne me contrediront pas. Les traders non plus. L’Amérique n’a pas inventé ceux-ci – les banquiers génois de la Renaissance, les marchands hollandais du XVIIe, les commerçants anglais du siècle suivant les ont précédés- mais la vitesse de transmission, la multiplication des échanges, la fin des barrières frontalières ont amplifié les mouvements, nous le savons tous. L’Amérique est reine de ce monde. Elle me fascine par sa capacité d’innovation, son audace sans questions- oui une forme de cynisme et de puritanisme qui renforce encore sa capacité à faire-. Donc voilà ce modèle de demain ou quand nous y arrivons, elle est déjà une innovation plus loin.
Mais pourquoi ne pas la copier alors, pourquoi ne pas accepter ses règles? Peut-être simplement parce qu’ici nous ne serions que cela, des suiveurs, coopérants d’un monde standardisé à l’extrême. Mais dire NON, et dire cela, ne résout pas le problème.
Quelle sera notre capacité à protéger notre culture? Oser, sortir de nos corporatismes, entreprendre, innover, oser encore. Nous en sommes loin! Il est urgent de faire l’Europe sur ses bases, et sur ses bases seulement.