Sous une pluie battante donc, Cannes présente hors compétition le dernier film de Jacques Lanzmann, Le Dernier des injustes, dont le personnage principal est Benjamin Murmelstein, qui présidait le conseil du ghetto juif du camp de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie. Et négociait aussi avec les autorités allemandes du camp. La tragédie de la Solution finale. Le rabbin de Vienne contribua à sauver de nombreux juifs, nous dit Lanzmann. Depuis une quinzaine de jours sur nos écrans l’on peut voir la biographie de la philosophe Hannah Arendt. Actualité toujours. Nos mémoires sont là pour ne pas oublier.
Le mensuel Philosophie Magazine publie ce mois-ci un passionnant dossier sur la philosophe – et journaliste- juive d’origine allemande : D’où vient le mal? l’hypothèse Arendt. Dans Eichmann à Jérusalem, récit qu’elle publie sur le procès en 1963 à Jérusalem, de cet officier SS, responsable « bureaucratique » de l’envoi de millions de juifs dans les camps de la mort, Hannah Arendt développe l’idée de la banalité du mal. La thèse est foudroyante, polémiste aussi. Sommes-nous possesseurs du mal, tous? Pourrions-nous avoir été des Eichmann? Pourrions-nous l’être à nouveau?
Il faut lire et relire aussi les Origines du totalitarisme, la Condition de l’Homme moderne. La peur de la déshumanisation grandissante de l’homme noyé dans la masse.De cet ensemble d’éléments apportés par Philosophie Magazine, je retiendrai cette phrase d’Arendt comme viatique personnel: « les hommes qui ne pensent pas sont comme des somnambules. »
Mais penser ne suffit pas. Le XXe siècle fut aussi dévasté par les idéologies. Il y eut des penseurs du nazisme, du communisme. Alors comment faire? En parler sans cesse, oser dire non, y compris aux idéologies dominantes ( voir les intellectuels français aveuglés par le communisme). Editions Montparnasse publie de quoi alimenter la réflexion. D’autres idéologies ne sont-elles pas redoutables pour l’humanité? Mondialisation, globalisation, marchandisation, financiarisation, libéralisation….savons-nous conserver la place de l’homme?
Juste quelques lignes rajoutés à ce blog: Le sujet est trop important pour être traité en quelques lignes. A signaler donc les articles du Monde et de Libération sur la projection à Cannes du film de Lanzmann. Ils donnent des points de vue plus approfondis, et si on veut aller plus avant dans cette problématique du Mal, avancer dans Philosophie Magazine.