Cannes et la France entière sous la pluie, les parapluies partout au-dessus de nos têtes!

mais décidément pour moi la météo n’est pas un sujet, sauf en début et fin de journal télévisé.  L’actualité, elle, déborde: Conférence de presse du Président français – voir absolument le documentaire que sort Montparnasse sur l’irrésistible ascension de François Hollande- et là on voit que la maxime de l’aîné qu’il préfère,  un autre François, donnez le temps au temps, en prend pour son grade. Les sondages s’impatientent, les chômeurs aussi, le bonheur, que le nouveau François nous prédisait pendant sa campagne, encore plus. Une annonce forte, un bon en avant de l’Europe. Mais quelle Europe?

Dans le Journal du Dimanche, Michel Barnier, Commissaire au marché intérieur, parle de l’harmonisation sociale nécessaire, et demande de sortir de l’ultra-libéralisme qui gouverne les décisions bruxelloises depuis 30 ans. Les peuples européens le disent depuis plus longtemps encore. Sont-ils plus intelligents que les politiques et les technocrates de haut vol? Peut-être. En tous les cas, ils sont impatients. Le Président doit jouer avec un temps sans pitié.

Décider, c’est choisir donc éliminer aussi,- la racine étymologique du latin decidere qui signifie trancher et de caedere, couper– Connaissons-nous les mots que nous employons chaque jour, leur signification juste, la précision qui s’y attache. Voilà donc qu’il faut décider. Et ne pas trop se tromper. Bon courage, Monsieur le Président. Deux de vos illustres prédécesseurs furent des amoureux de la France et de sa culture, l’un dit de droite, Charles de Gaulle, et l’autre dit de gauche, François Mitterrand. Mais les étiquettes qu’ils revendiquaient ou qu’ils incarnaient étaient-elles bien celles-là? Ils brouillaient les pistes, rassemblant au delà de leur camp d’origine, ou bien au contraire contrariant jusqu’à la haine éternelle leurs propres partisans. Simplement sur l’idée qu’il se faisait de l’intérêt supérieur de leur pays. Beaucoup n’aiment toujours pas le second, beaucoup n’ont pas aimé le premier même s’ils le sanctifient aujourd’hui. .

Sous une pluie battante donc, Cannes présente hors compétition le dernier film de Jacques Lanzmann, Le Dernier des injustes, dont le personnage principal est Benjamin Murmelstein, qui présidait le conseil du ghetto juif du camp de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie.  Et négociait aussi avec les autorités allemandes du camp. La tragédie de la Solution finale. Le rabbin de Vienne contribua à sauver de nombreux juifs, nous dit Lanzmann. Depuis une quinzaine de jours sur nos écrans l’on peut voir la biographie de la philosophe Hannah Arendt. Actualité toujours. Nos mémoires sont là pour ne pas oublier.

Le mensuel Philosophie Magazine publie ce mois-ci un passionnant dossier sur la philosophe – et journaliste- juive d’origine allemande : D’où vient le mal? l’hypothèse Arendt. Dans Eichmann à Jérusalem, récit qu’elle publie sur le procès en 1963 à Jérusalem, de cet officier SS, responsable « bureaucratique » de l’envoi  de millions de juifs dans les camps de la mort, Hannah Arendt développe l’idée de la banalité du mal. La thèse est foudroyante, polémiste aussi. Sommes-nous possesseurs du mal, tous? Pourrions-nous avoir été des Eichmann? Pourrions-nous l’être à nouveau?

Il faut lire et relire aussi les Origines du totalitarisme, la Condition de l’Homme moderne. La peur de la déshumanisation grandissante de l’homme noyé dans la masse.De cet ensemble d’éléments apportés par Philosophie Magazine, je retiendrai cette phrase d’Arendt comme viatique personnel: « les hommes qui ne pensent pas sont comme des somnambules. »

 

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