- et si la qualité de nos assiettes se jouaient aussi à Bruxelles et à Strasbourg en ce moment? La PAC, la politique agricole commune, principal budget européen, soutient la productivité intensive de l’agriculture, le développement d’exploitations toujours plus grandes, des champs et terres de superficies toujours plus grandes. La PAC soutient une idée économique dépassée. Celle qui au début des années 50 a entraîné l’industrialisation de l’agriculture, la disparition programmée de millions de paysans, l’arrivée d’un modèle agro-industriel dont on voit aujourd’hui les ravages écologiques et sur la santé.
Il faut lire l’article publié dans la Croix du mardi 12 mars par 3 chercheurs. Article intitulé: « Un plan Marshall pour l’agro-écologie » . Il faut lire encore l’article paru dans le Monde du 13 mars : « Bataille au Parlement européen sur le verdissement de la PAC » pour comprendre l’enjeu. Une bataille de lobbies tout-puissants, ceux des syndicats agricoles, représentants les « gros », ceux de l’industrie agro-alimentaire, représentants ces énormes firmes, celles qui produisent des milliers de produits transformés, tous plus nocifs les uns que les autres. On se rend compte de la puissance des uns, s’attachant ministres députés, fonctionnaires au nom de la croissance, du PIB, des intérêts économiques immédiats.
Jean Meckaert, un des auteurs de la tribune dans la Croix, est rédacteur de la revue Le Projet, une revue éditée par les jésuites dont fait partie Gaël Giraud, jésuite, économiste de grand talent qui a publié chez Carnets Nord l’an dernier, Le Facteur 12, un ouvrage sur l’écart des revenus. Jean Meckaert, avec ses deux autres co-auteurs, lance un appel à un sursaut: changer complètement de point de vue, aider à une autre agriculture, aider à un repeuplement positif des campagnes, retrouver du bon sens, arrêter cette course folle de destruction de la planète pour quelques intérêts particuliers.
La bataille écologique est aussi importante, aussi dramatique, que le fût en d’autres temps de notre histoire contemporaine, la bataille pour la liberté, celle contre le nazisme, celle contre le communisme. Ils ne pouvaient pas ne pas savoir, dira-t-on de ceux qui fermèrent les yeux devant ces drames, ces complices d’un gigantesque crime contre l’humanité. Aujourd’hui ne doit-on pas faire émerger la même question. Par leurs actions, ceux que les auteurs d’un documentaire que nous sortons ces jours-ci appellent les alimenteurs, auront la même responsabilité devant l’Histoire.
Pour l’argent, ou par idéologie, ils ne veulent pas voir. Financiers, haut-fonctionnaires européns, ministres et députés nationaux et européens, agro-industriels, ils ne veulent pas voir ce qu’ils sont en train de détruire!