L’article de Jacky Durand que nous publions hier dans ce blog s’intitulait: La schizophrénie du consommateur mangeur. La schizophrénie me semble être le bon terme pour qualifier notre comportement. Nous voulons acheter toujours moins cher, dans tous les domaines, sans nous préoccuper de ce que cela signifie. Nous nous précipitons sur les produits à bas prix sans nous poser de questions sur le pourquoi et le comment?
Pourquoi est-ce à si « bon »prix? Comment est-ce fabriqué, par qui? Ou? Quels en sont les effets chez nous, pour nous? Peut-on imaginer par exemple que tel textile, tel ustensile de cuisine, tel produit, ordinateur, portable, téléviseur… si « bons »marchés, soient fabriqués dans des pays ou la main d’oeuvre, 20 fois moins chère que chez nous, permet seule d’avoir ce prix. Qu’en l’achetant, nous détruisons en même temps notre emploi ou celui de notre voisin, salariés l’un et l’autre, d’une usine de textile, d’électro-ménager …notre geste de consommateur satisfait, notre geste se félicitant du pouvoir d’achat conquis grâce au bas prix, détruisant en fait notre pouvoir d’achat en faisant de nous un chômeur en puissance.
La course à la consommation, l’excitation de notre désir de consommer, conduisant peu à peu nos pays, et donc nous-mêmes, à s’appauvrir inexorablement. Qui gagne dans tout cela? Evidemment les intermédiaires de la mondialisation: traders, distributeurs, groupes multi-nationaux jonglant avec les pays de productions à bas prix, achetant là-bas et nous revendant ici, avec la fausse promesse d’être à notre service, de faire cela pour nous. Les placards publicitaires allant dans ce sens sont autant de mensonges, pour que nous consommions, et que nous les enrichissions.
Le nouveau pape François, qui vient, comme il le dit si drôlement de l’autre bout du monde, d’Argentine, un pays d’un continent dit émergeant, l’Amérique latine, souligne que la croissance du PIB crée des richesses pour quelques uns et de la misère pour beaucoup. En Chine, en Inde, au Brésil, un nouveau milliardaire par jour, réjouit les industries du luxe, et fait rêver les autres, ceux qui peuplent les bidonvilles toujours plus gigantesques. Tout ceci devrait nous faire réfléchir. Je visionne une série de films « les dessous de la mondialisation » je vois les tanneurs du Bangladesh, nouveaux d’esclaves travaillant dans des conditions effroyables d’hygiène, pour que nous achetions des chaussures et des sacs à « bas » prix, pour que nous consommions plus…
Devenir consom’acteur, consommer moins, consommer mieux, acheter moins, acheter mieux. Jacky Durand évoque le jambon à 20 euros le kilo, de qualité, produit localement. Et le voisin sous cellophane, moins cher, et si mauvais, sans goût… allons il est temps de changer.