De qui parle-t-on ainsi dans le Figaroscope du mercredi 16 janvier? Qui est cet esprit rebelle qui fait la Une? Ne cherchez pas plus longtemps. Esprit lucide, caustique, réjouissant, formidable interprète du Misanthrope, dans Alceste à Bicyclette, le dernier film de Philippe le Guay qui sort sur les écrans ce même jour, c’est bien entendu Fabrice Luchini. Agaçant, agacé, amoureux de la langue française, amateur du rire, le voilà qui égrène ses mots: acteur, Alceste, autodidacte, argent, boulevard, cinéma français, Depardieu, exil fiscal, gauche, impôts mauvais goût, narcissisme…le voilà dérangeant: le rire est devenu un rire petit bourgeois de beauf. C’est pour cela que le rire de Molière le rire de Muray font du bien. Les spectacles volontairement comiques m’accablent. Je n’aime pas l’obligation de l’ironie méchante. Quand on pense à l’esprit d’un Jules Renard, d’un Sacha Guitry, cet esprit merveilleusement espiègle, on est consterné par les comiques du jour…
Nous, qui depuis 10 ans sortons petit à petit le patrimoine de la Comédie-Française, publions en DVD une intégrale des captations de Molière par le Français, quel plaisir de retrouver l’esprit rebelle, le vrai artifice, l’intelligente tournure, l’alexandrin manié avec la dextérité et la joie qui conviennent. Nous sommes chez Molière, comme chez Luchini, bien loin de ces plateaux de télévision ou des petits maîtres de la méchanceté facile et sans risque font applaudir sur commande à leur ego sur dimensionné. L’ego de Luchini ose, ose braver le politiquement correct, ose employer l’alexandrin, ose comme Molière prendre à revers les puissants, ceux qui font la pluie et le beau temps à l’abri de leur pouvoir. Au secours, Tartuffe est revenu plus que jamais! courez voir Alceste, courez voir Molière, courez voir l’audace.