Le titre barre la Une du Parisien de ce samedi 15 septembre. Secrets de famille: les écrivains balançent, et une longue liste suit, des noms, Delphine de Vigan sur sa mère, Nathalie Rheims, idem, Aleaxndre Jardin sur son grand-père « collabo », Lionel Duroy sur sa famille, et puis ces jours-ci Christine Angot sur son père incestueux, ou Félicité Herzog sur son grand-père Maurice, le héros de l’Anapurna. Déni de la réalité, mensonges, frustations, écrasement des enfants, voilà les drames familiaux au centre des nouveaux best-sellers.
On aime ou on aime pas – et je dois dire que Delphine de Vigan m’a touché, elle a réussi à respecter sa mère, l’intime n’empêche pas la pudeur, le sentiment est bien présent- D’une manière générale, dans ces confidences, il s’agit de soulever le couvercle d’une marmite pleine de ressentiments. Les psychothérapeutes et les psychanalystes poussent un soupir de soulagement. C’est la fin de la loi du silence, dit dans le même journal le psychanalyste et psychiatre Serge Tisseron, qui ajoute se taire provoque une souffrance de moins en moins acceptée. Les psy mettent l’accent sur le transgénérationnel : le drame familial dénié se répéte, la souffrance se transforme en psychose et névrose. Occulter la réalité pour préserver la famille la détruit plus sûrement que la parole ouverte et libératrice. Félicité Herzog pense que le silence sur la réelle personnalié de son grand-père est responsable de la shizophrénie mortelle de son frère.
Faut-il tout dire? On peut penser que l’exhibitionisme de l’écrivain, qui rencontre un grand succès -et se paie aussi une psychothérapie ! – est peu ragoutant comme le dit sur son blog Pierre Assouline, à propos surtout de la description détaillée par Christine Angot du viol qu’elle subit de son père. Ces succès de librairie touchent le public. N’y a-t-il pas là une autre vérité: pour le lecteur, sans recourir à la plume, la parole doit être vraie pour que les sentiments familiaux se retrouvent.
Je voudrais aussi revenir sur un écrivain publié par Carnets Nord qui crée son univers autour du drame familial. Richard Morgiève, orphelin à 7 ans de père et de mère, survit dit-il grâce à l’écriture. Du Petit homme de dos il y a vingt ans à United Colors of Crime, étonnant récit aux allures de roman noir publié en début d’année. La quête personnelle est sublimée par la littérature. Sans doute un des plus beaux livres de l’année ! s’exclame François Busnel sur France Inter. Ici, l’imaginaire de l’écrivain nous fait sentir bien plus que la réalité de son histoire, le monde des sentiments qui le fait vivre. Un cadeau magnifique.
Et puis, publié par Carnets Nord début septembre, La Marche en Forêt, le premier roman d’une jeune québécoise, Catherine Leroux. Jubilatoire ! nous dit Psychologies magazine. Là aussi nous sommes dans les secrets de famille, ceux de la famille Brûlé.Tout le monde se retrouve à l’occasion des funérailles de l’un d’eux, les sentiments s’expriment, vifs, douloureux… une famille comme les autres? La littérature pour parler de nous.