Dans le supplément du Monde daté du samedi 30 juin, Daniel Cohn-Bendit, passionné de football, revient sur les injures du footballeur français Samir Nasri lors de l’Euro. On pardonne l’incivilité du vainqueur, pas du perdant, nous dit-il. J’aimerais savoir ce que signifie exactement cette réfléxion. Et lui qu’en pense-t-il vraiment? Pardonne-t-il lui-même au vainqueur son incivilité ? Ou veut-il dire ainsi que c’est nous qui sommes globalement ainsi. Malheur aux vaincus en quelque sorte! Sa longue interview par Raphaëlle Bacqué et Michel Guerrin est passionante. Daniel Cohn-Bendit me rappelle les « papiers » des années 80 de Serge July, le patron de Libération. Journaliste et sociologue, le microscope dans une main, la lunette astronomique dans l’autre. De la hauteur et du raz des paquerettes. Du style encore et des phrases bien senties.
Donc Daniel Cohn-Bendit essaie de comprendre le joueur de foot, son attitude, ses injures, pourquoi il en est là. La majorité des footballeurs professionnels sont des enfants gatés, mais d’origine non gatée. Et parfois, ça se voit. Il ajoute: la dégradation sociale et la désintégration identitaire sont plus graves en France que dans la plupart des autres pays européens. Nous pouvons le suivre sur ce terrain, mais là ou il m’étonne c’est lorsqu’il répond à la question des journalistes sur: « c’est un problème d’éducation ? » je n’aime pas ce terme. En Allemagne, de plus en plus de jeunes passent le bac, ont une vie intellectuelle, vont au spectacle. Je ne sais pas si ils sont mieux éduqués, mais ils ont une vie à coté du football. Et il compare celle de Samir Nasri à celle du joueur allemand d’origine turque, Mesut Ozil. Il ne semble pas avoir une autre vie entre le terrain et la PlayStation.
Je vous laisse le soin de lire ou relire cet article, encore une fois posant pour moi beaucoup de bonnes questions, et je voudrais simplement vous renvoyer à un DVD édité par Editions Montparnasse: Allez le stade, 1950-1962, une passion rémoise, un film de Jules-César Muracciole. Film accompagné d’un autre document, Batteux, l’homme du match. Vous découvrirez de grandes figures du football français, des noms de légendes: Raymond Kopa, Just Fontaine, Roger Piantoni et Dominique Colonna. Et puis un entraineur, Albert Batteux. Regardez les, écoutez-les. Voyez leur simplicité, leur enthousiasme, leur générosité. Ils gagnent, préfèrent gagner que perdre. Mais ils perdent aussi, essaient de comprendre pourquoi. Ils saluent leurs adversaires, vainqueurs ou non.
Ils sont d’origine modeste, étrangère encore ( Raymond Kopaczewski, fils de mineur polonais) n’ont pas de diplômes. Batteux, il n’avait pas le certificat d’études, mais quelle langue il avait, ses discours étaient magnifiques, nous dit just Fontaine, qui ajoute: quand on m’a dit que j’allais jouer à Reims, je n’ai pas demandé combien j’allais toucher. Et Piantoni: Je me régalais d’avance avant de jouer. Raymond Kopa, qui ira jouer au Réal Madrid et emportera avec ce club 4 fois la Coupe d’Europe, qualifiait ainsi le bon jeu : technique, joyeux, intelligent. Quand à Batteux voilà comment il voit le footballeur: sa sensibilité est éxacerbée par les événements. Quand il a terminé, ou il a gagné le match et alors il éprouve une joie extraordinaire. Ou il est battu et c’est une déception à la mesure de la joie qu’il aurait eu avec la victoire. Il est donc délicat à manier quelque soit son origine, son témpérament…
Je crois qu’ils étaient civilisés (1)- on ne parlait pas encore d’incivilité (2)- parce qu’ils avaient le sens aussi du collectif. Trop d’argent, trop d’invidualisme, pas de respect des autres. Le sport exacerbe les travers de l’époque. Un film qui devrait passer dans toutes les écoles de France! Il n’avait pas le certificat d’études, mais quelle langue il avait, ses discours étaient magnifiques! C’était Albert Batteux, entraineur de l’équipe de football de Reims.
(1) civilisé définition Wikipédia: le comportement civilisé est celui qui permet aux hommes de vivre ensemble…
(2) incivilité idem: comportement qui ne respecte pas une partie ou l’ensemble des règles de vie telles que le respect d’autrui, la politesse ou…