Grand calife, je vous imagine calfeutré dans votre Palais. N’osant même plus vous glisser la nuit dans la rue, déguisé, pour entendre vos sujets. Vous savez ce qu’ils disent de vous, vous voyez la violence déchaînée l’autre soir contre des motards sur la plus belle avenue du monde. Il y avait des envies de meurtre, des gestes de meurtres chez ceux qui portaient le gilet jaune. C’était effrayant. Comment des hommes arrivaient-ils à vouloir blesser, tuer des policiers, 4 où 5, seuls, face à eux les encerclant. Oui effrayant. Comment en étions-nous arrivés là ?
J’avais eu un déclic lors de cette cérémonie, de votre commémoration de l’Armistice entre nos peuples européens en guerre. Vous aviez convié 70 chefs d’Etats, les plus grands de la terre étaient venus. Vous vous étiez offert à leur admiration. Seul au centre des regards, seul à passer en revue les corps de militaires, seul à être en mouvement, seul en fait à faire quelque chose. Les « grands » ne pouvaient que vous regarder et probablement ronger leur frein. Quoi, ils avaient traversé les airs et les océans pour seulement voir votre sacre!
Les « grands » devaient vous détester pour cette parodie, devaient se sentir trompés, humiliés. Cette pluie débordante, rester debout, pour voir cela : un petit homme avançant le menton, fier comme un coq, le gaulois se croyant gaullien. Grand calife, je me suis dit que vous aviez perdu la mesure. Il ne faut jamais humilier les hommes. Ils ne pensent plus qu’à leur revanche.
Affronter sa peur? sortir du Palais par la porte dérobée, reprendre soi-même l’air du temps, retourner à Prémery, pour comprendre ou en sont ses oubliés, ses révoltés, pour comprendre ou vous en êtes vous-même ? Vous poser là bas la question: est-ce une révolution? Suis-je capable d’y répondre? En ai-je la force et l’envie?
Que va-t-il se passer en ce début d’année qui arrive? Vos agents du fisc, si unanimement détestés dès que que l’on ne comprend plus l’Etat et ses perceptions, vont mettre en route une nouvelle réforme. Elle fera probablement grossir votre impopularité. Avez-vous dès maintenant perdu ?