Margot, l’ainée de mes petites filles, a 11 ans. Elle est vive, intelligente, répond au quart de tour. Elle est de sa génération, qui n’a pas encore d’appellation. Elle viendra après les générations x, y, z . Les x sont celles des années 60-80 d’avant internet, enfants des baby boomers, nés dans l’abondance, ils découvrent la crise, la saturation par les médias, la perte des valeurs religieuses, les y, nés entre 80 et 95 ( prononcez why) est la génération d’internet, les y sont les digitales natives, travaillent dans la précarité, quand au z, nés après 95, ils sont comme dans des poissons dans l’eau des 4 C: communication, créativité, connexion, collaboration. Ils préféreraient l’image au texte, agir que regarder, les influenceurs aux célébrités.
Quand Margot aura 20 ans, quelle lettre puisque z est la dernière de l’alphabet ? Si la génération z n’est pas celle qui s’installera définitivement – et pourquoi le ferait-elle?- Peut-être repartirons-nous au début ou bien choisirons-nous f pour féminin. » On sait que ce siècle nouveau sera celui du féminisme » écrit dans sa chronique du Point, daté du 30 novembre, l’écrivain Kamel Daoud. Des mots étonnants, bienheureux pour nous les hommes. Kamel Daoud donne un titre à son billet » Guérir le masculin ». Kamel Daoud appelle les hommes à faire un chemin personnel, initiatique de guérison du masculin. En évoquant le combat actuel des féministes, ce qui est la violence faite aux femmes par les hommes, il parle de sa découverte du portrait en creux de son aliénation et de ses conditionnements, comme homme issu aussi du monde dit « arabe », mais Hollywood et le reste nous parlent à nous les hommes. Kamel Daoud s’adresse à nous tous, sans exception.
Il m’a fallu, dit-il, des années pour ( et le chemin est encore long) pour entrevoir la guérison, saisir que ma liberté est conditionnée par le désir sain, le corps guéri et la féminité réhabilitée. Kamel Daoud, comme écrivain, appelle encore, à des textes d’hommes parlant de ce chemin, de leur « guérison », de la redécouverte du masculin sain en eux. Il nous faut des textes pour guérir le masculin, lui donner raison, contrer le sinistres des « affaires » par la possibilité de la rencontre. Le roi de Schéhérazade est un affreux tueur en série, mais peut-on sauver leurs enfants?
Génération f, oui pour que Margot ait cette possibilté de la rencontre du masculin guéri et de la féminité ressuscitée. Quelle chance, Margot!