Un ancien Président de la république « fait » la rentrée littéraire. Les lettres de François Mitterrand à Anne Pingeot, que celle-ci publie aujourd’hui, révèlent un amoureux romantique à l’excès. Lettres au jour le jour racontant d’une écriture très sentimentale, des faits quotidiens, le plus souvent leurs têtes à têtes, accompagnés de collages, tickets de cinéma ou d’expositions. Voilà un homme de 30 ans plus âgé qui ne cache pas ses sentiments. A elle! Mais, à part quelques proches dans la confidence, la famille d’Anne Pingeot, d’une part, et des amis fidèles comme François de Grossouvre, d’autre part, TOUS ignorent la liaison du Président.
Un autre livre, tout aussi passionnant, Croire aux forces de l’esprit, de Marie de Hennezel , raconte douze ans d’une autre relation secrète. Liaison spirituelle puisque pendant douze ans, la célèbre psychologue, encore inconnue, rencontre une à deux fois par semaine, à l’Elysée le plus souvent, le Président de la république pour parler de la vie et de la mort. Déjeuners intimes, en tête à tête encore, d’un homme malade, condamné, qui cache là aussi sa maladie. Là encore secret total ou presque.
Ce Président si secret, si intime, si tortueux, ne manipule-t-il pas tous ses proches. Anne Pingeot, son amour fou, ne lui fait pas perdre l’essentiel, son ambition! De même pour Marie de Hennezel, le rapport est-il très ambigu. Il semble mener le jeu, mais est incroyablement dépendant d’elle quand il se sent entre la vie et la mort. Puis prend ses distances quand la « rémission » de la maladie semble le ramener du coté des vivants. En 1993, la maladie revient, et ce sont des pages étonnantes. François Mitterrand va chez Marie de H. près d’Uzès, dans le Gard, effleurer une pierre, un menhir, continuité d’un trajet celtique partant des côtes irlandaises, traversant la géographie et l’Histoire jusqu’à ce geste présidentiel: sentir, ressentir les forces spirituelles qu’elle contiendrait, et qu’elle lui transmettrait.
Compartiments secrets à l’infini, qui s’ouvrent aussi sur une personnalité d’une force de dissimulation inouïe. Il n’abandonnait rien, cachait tout. Que sait-on réellement de cet homme? C’était un roi, me dit-on, à l’instar de Louis XI! Mais le roi était habité par l’idée que la France était au-dessus de tout, mission divine. François Mitterrand aime la France, mais n’est-il pas d’abord lui-même son premier objet d’amour? Messieurs et mesdames les psy, à vos analyses !