Dans ce temps de vacances, je voulais vous parler des bons moments que nous rencontrons les uns et les autres. Par exemple, éviter l’autoroute embouteillée, s’égarer sur les petites routes de Corrèze, s’arrêter un instant au Haras de Pompadour, croiser un couple de jeunes tenant une buvette sur un joli plan d’eau, l’évocation avec eux de leur arrivée ici il y a deux ans, venant de la banlieue de Rouen, leurs espoirs, leurs difficultés. Ils ont l’air amoureux, nous avons envie de leur souhaiter bonne chance. Ils ont du courage. Plus loin, par hasard, découvrir le Café cantine du commerce à Gençay, projet alternatif monté par 6 copains, musiciens, travailleurs sociaux, comédien… le village revit là depuis deux ans une drôle d’expérience. Il y a des livres pour les enfants, que conseille à Ambroise, 8 ans, le « serveur » , un des six associés. Menu unique d’un burger frais, avec des frites maison. Les enfants adorent. Nous aussi dès les premières bouchées. Tout est frais local, bio. Rien à voir avec le burger des chaines commerciales. A coté de nous,un étrange personnage apparaît, une sorte de Facteur Cheval bis, le peintre du Monde de Mr. Audin. Mr. Audin, c’est lui, et sa maison, voisine du café, est à l’extérieur comme à l’intérieur, le prolongement de son monde personnel, fantastique, coloré… voilà je voulais vous raconter ces rencontres, ces voyages si simples et si bons, et puis comme au soir du 14 juillet, la nouvelle inonde les médias, nous frappe au cœur.
Un prêtre, agenouillé, égorgé, par deux islamistes . Je ne vais pas refaire le récit de cette nouvelle attaque, vous l’avez eue par les journaux, jusqu’à plus soif, l’écœurement était là des les premières explications. Non, mais quelques réflexions: dans mon dernier blog, je vous livrais cette phrase de l’écrivain algérien Boualem Sansal: le temps de la conscience n’est pas encore arrivé, ce jour là, ajoutait-il, la peur et la défaite changeront de camp. Ce jour là est-il arrivé? A entendre les responsables politiques et les journalistes, non, ils nient tous la profondeur du bouleversement. A ne pas entendre les musulmans de France, non plus! puisque de ce coté, silence assourdissant. Ceux que je rencontre depuis ce matin n’en disent pas un mot. Nous parlons des vols du weekend pour l’Algérie, pour les départs en vacances, nous parlons du temps qu’il fait… du bon temps qu’il y aura en famille en Algérie! Qu’est-ce qui nous empêche d’en parler? Pourquoi ai-je envie de leur dire: sortez dans la rue, tous, chantez la Marseillaise, nettoyez les islamistes dans vos mosquées, que vos femmes et vos filles se dévoilent. Adhérez en force à nos libertés et à notre culture. Pourquoi ne puis-je pas leur dire? Peut-être par peur du choc des civilisations?
Pour moi, le temps annoncé par Boualem Sansal est arrivé: l’attaque d’une église, l’usage du couteau, l’égorgement d’un prêtre, rejoignent une barbarie qui n’est définitivement pas la mienne. Mon histoire, celle de la France, est bien attaquée dans ses fondements même. Ma culture, oubliée par les dirigeants politiques de droite comme de gauche, par cette aveugle technocratie européenne que ces dirigeants ont construite, se réveille. 2 000 ans m’ont façonné, me donnant cette liberté que je chéris, qui est ma vie quotidienne. Et c’est bien cela qui est aujourd’hui menacé. Il y aura choc des civilisations si tous ceux qui se disent français ne se reconnaissent pas dans cette appartenance. Parcourir la France n’est pas qu’une partie de campagne, c’est aussi reconnaître ses milliers de symboles, les églises, les cathédrales, la beauté si particulière qui les a édifiées, – même dans l’obscurantisme de la religion des hommes- sur la même place du village, que les écoles et les mairies avec la devise à leurs frontons : Liberté, Égalité, Fraternité. La foi dans ces idéaux viennent de cette histoire, presque deux fois millénaires, accouchée dans la violence certes, mais aujourd’hui, synonyme de notre liberté. Il est temps de défendre ces valeurs, et cette histoire. Elles sont belles. Les hommes et les femmes de ce pays sont libres de leur choix. La peur et la défaite doivent changer de camp.