Bon nombre d’entre vous connaissent la métaphore du colibri, rendue célèbre par Pierre Rabhi. Ce minuscule oiseau qui, alors que la savane est en feu, ne cesse de faire des allers-retours entre un trou d’eau et le brasier, portant dans son bec une goutte d’eau qu’il jette dans le feu. Les animaux fuient tous de toutes leurs forces cet immense incendie, et en voyant le colibri qui s’épuise à toute vitesse dans cette lutte lui disent: « mais tu es fou, fuis avec nous, ce que tu fais ne sert à rien! ». Et le colibri de répondre simplement: « je fais ma part ». Cette métaphore devenue par le biais de Pierre Rabhi, la signification de notre engagement qui ne peut se dérober derrière les autres, ceux qui ne font pas.
Mon ami François Gall, l’ancien producteur de l’émission de télévision « Des trains pas comme les autres » d’une immense culture, que je rejoins certains samedi matin dans un café parisien pour parcourir le monde, son actualité comme son Histoire, ne s’étonne pas quand je lui raconte cette histoire. » François I° l’avait fait graver sur sa tombe« . De là, la conversation prend deux directions. Quelques appréciations sur ce roi, trop rapide, trop beau et trop préoccupé des femmes et de l’Italie. « Oui, mais c’est lui qui dit: la langue de Paris sera celle de la France, mettant un mouvement d’unité du pays par une langue commune, de même qu’il créera le Collège de France pour que cette langue se développe, de même que par cette décision reléguera le latin à un second rôle. » Il réaffirmait ainsi: « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu, ce qui est à Dieu », cette formule de Jésus-Christ, lui-même, en réponse aux pharisiens qui lui demandaient s’ils devaient payer les impôts aux romains. Cette parole réalimentera, en 1905 en France, le débat sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat et servira les tenants de la laïcité.
Transmettre, c’est aussi faire sa part, ajoute François – le mien, pas le Roi- Il faut le dire, cette transmission, il l’a parfaitement réussie à France 2, laissant après trente ans de pilotage, l’émission à la jeunesse, (1) à celui que la direction désignerait, ne s’estimant que l’homme d’un instant. Même si c’est lui qui avait créé cet instant. En l’occurrence cette émission, qui continue de faire les beaux jours de la chaine. Sans lui. Ai-je fait ma part, c’est une autre histoire, sourit-il. Quelle sagesse apparente! François dépasse allègrement les nonantes ans, comme disent nos voisins les belges, la folie des Trains l’a occupée jusqu’à il y a dix ans. Si je compte bien, il le conduisait encore ce train à quatre vingt dépassés, et gaillardement. Bon dimanche!
(1) mais je ne connais pas d’homme aussi jeune que lui, d’une mémoire stupéfiante, d’une ouverture d’esprit phénoménale, d’une curiosité sans pareille.