L’actualité de ces derniers jours laisse un arrière-goût amer, lorsque je revois par hasard le film de Coline Serreau: Solution locale pour un désordre global. Les migrants qui fuient la misère, celle des guerres comme celle de la faim, les éleveurs de porc qui barrent les routes, désespérés de l’écroulement des cours, sont bien les victimes des maux dénoncés dans ce documentaire ravageur! La terre détruite par l’agriculture industrielle. Les paysans à qui on arrache leurs semences pour les intérêts de multinationales avides. Les déracinés jetés dans les bidonvilles puis sur les chemins de l’exil, sont ceux qui campent dans nos rues. Voilà les victimes de mensonges stupides.
Le président de la FNSEA ( le premier syndicat des Exploitants agricoles) et PDG du premier groupe agro-industriel français, Xavier Beulin, qui demande aux Pouvoirs publics 3 milliards pour que les agriculteurs puissent moderniser, agrandir leurs exploitations,et donc concurrencer la productivité allemands et espagnols, profère un immense mensonge : le bio c’est cher, un luxe que peut se payer 15% de la population française. Les autres, nous les nourrissons grâce à notre agriculture industrielle à prix bas. Mensonge qui coûtera cher aux contribuables français, aux agriculteurs qui verront encore une partie d’eux obligée de quitter la terre ou de devenir salariés des plus gros, et le consommateur à qui on fera avaler de la viande médiocre. Et pour finir, le porc européen sera en surproduction, et il faudra jeter, indemniser… une catastrophe annoncée qui fera, entre temps, gagner beaucoup d’argent aux groupes industriels comme celui du Président de la FNSEA.
Revoyez le film de Coline Serreau, écoutez Dominique Guillet, Pierre Desbrosses, les Bourguignon, Pierre Rabhi et son fameux bientôt en se mettant à table au lieu de se souhaiter bon appétit, il faudra se souhaiter bonne chance. Écoutez, regardez les indiens, les brésiliens, nous montrer leur terre, leurs expériences, leurs réussites. J’ai été émerveillé et ému de les revoir, de les entendre, de la justesse de leurs mots, de leur courage, de retrouver leur foi dans l’avenir. Ils disent tous, le pouvoir est entre les mains des consommateurs parce qu’on a retiré à ceux qui savaient nourrir la terre et les hommes leur outil, leur droit, leur désir de vivre.
Le pouvoir des consommateurs, ce n’est pas de mal se nourrir avec des produits de basse qualité, au moindre prix. C’est de bien se nourrir. Manger moins, manger, mieux disais-je dans un récent blog. Produire local, consommer local. Produire bien et bon, développer une agriculture d’humains et non de machines. Oui redonner de l’humain. Que les africains aient des raisons de vivre chez eux, que les paysans aient la fierté de nourrir bien leurs voisins, que les citoyens-consommateurs protègent la planète-terre. Pour finir, je renvoie les incrédules à cet article du Monde daté du samedi 29 août: L’industrie porcine use et abuse des animaux sans contrepartie. L’horreur absolue. Le monde concentrationnaire. La journaliste Ariane Chemin dresse avec la sociologue Jocelyne Porcher un constat effrayant sur le monde mortifère de l’usine à produire. Difficile de résumer en quelques mots leur entretien. L’indignation et la colère s’emparent de moi rien qu’en y repensant.
Les hommes qui mettent en œuvre de telles pratiques sont des criminels. Jocelyne Porcher: Ce qui compte, dans ce système de production, c’est d’augmenter la marge par kilo produit.(…) Ce système mortifère efface l’existence même des animaux. L’horreur!