D’autres questions : demain que mangerons-nous? demain quel sera le monde paysan, celui qui cultive la terre, l’entretient, élève les animaux, les connait? Le Monde daté du jeudi 23 juillet consacre deux pages à cette crise qui secoue les agriculteurs, enfin aujourd’hui surtout les éleveurs de bovins et de porcs. Que lit-on? Un article sur les manifestations et les décisions politiques: repousser les remboursements d’emprunts et autres mesures financières d’urgence, un deuxième sur une éleveuse de l‘Eure : 800 euros de revenus mensuel, jamais de vacances, des soucis par dessus la tête, un troisième, les solutions d’un expert : redimensionner les exploitations ( lire: grossir celles-ci, de taille trop modeste, ajoute-t-il), et enfin une correspondance de Berlin de Cécile Boutelet qui nous explique le succès allemand.
Effarant ce succès allemand qui s’exporte, dont on nous dit qu’il faut le copier, il est un des pires du monde! destructeur de l’environnement, pollueur, échafaudé sur des salaires misérables d’ouvriers polonais et roumains. Une viande fabriquée dans d’immenses usines, des fermes aux mille vaches, de celle que nous refusons en France, des porcheries de 68 000 porcs pour l’une d’elles, véritable camp de concentration pour animaux. Un formidable succès qui a vu le nombre d’exploitations passer en 10 ans de 39 000 à 15 000. Des exploitations dont le paysan a disparu, pour faire place à un industriel et à des ouvriers.
La puissance allemande est faite d’une incroyable faiblesse : la qualité déplorable de la chaine alimentaire. Mauvaise productions à bas prix. Veut-on se nourrir ainsi? Les allemands vendent cette viande en France. Pourquoi consommons-nous cette viande si médiocre? Parce que les intermédiaires achètent ce bas prix et nous le vendent sans nous dire ce que cela sous-entend! Alors qu’aujourd’hui en Allemagne, nous dit l’article, un courant croissant de consommateurs refuse ce système en devenant végétariens.
Voulons-nous cela? C’est ce que défendent les industriels français, le président de la FNSEA en tête, lui même PDG du premier groupe agro-industriel français, mais les agriculteurs et les consommateurs ne voient-ils pas que depuis 50 ans, ils font fausse route? Les uns sont de plus en plus pauvres et esclaves d’un système financier qui les fait travailler à son unique profit, les autres sont les dindons de la farce, mauvaise farce, comme dirait le charcutier, dans les assiettes, elle n’est pas celle que l’on croit! Préserver la terre, produire bon, consommer en connaissance en cause. Le bio l’expérimente, les Amap, et bien d’autres possibilités se mettent en place. Les paysans ont à prendre conscience de leur rôle. Les consommateurs aussi doivent changer, apprendre à voir autrement ! Voilà le projet pour l’agriculture de demain!