Un mouvement, tout ce qui fait aller vers… me dit Thomas, jeune étudiant d’une école de commerce de Reims, qui est serveur tout l’été dans la petite auberge d’Ajat, ravissant village du Périgord. Il relit Don Quichotte, se souvient avec émotion du Bourgeois Gentilhomme- étrange coïncidence, n’est-ce pas le même que celui vu la semaine dernière aux Bouffes du Nord- de Podalydès : la langue de Molière dite si bien qu’elle est d’aujourd’hui, ajoute-t-il. Quelques mots devant un ensemble magnifique composé du château, ancienne maison forte du XII°siècle, restauré comme une folie, par ses nouveaux propriétaires, au goût sûr et passionné, et de l’église romane, restaurée elle aussi, que les vitraux contemporains du père dominicain Kim En joong éclaboussent de lumière et de couleurs.
Est-ce la culture qui s’exprime dans ses pierres, ce relèvement de l’Histoire racontée à chaque instant dans celles-ci? Et là encore au pied du château et de l’église, dans cette auberge, dont la cuisine, elle aussi, parle du labeur et de l’intelligence.
Haute culture, demande Vargas Llosa, plaidant contre ce qu’il appelle l’abaissement et la vulgarité des temps modernes. Ce n’est pas une fatalité ajoute-t-il, la culture exprime des valeurs, et demande un effort. La littérature serait pour lui la mère des cultures. Un instant pour moi, cette idée est aussi avec nous, alors que Thomas apporte les délicieux desserts concoctés par la patronne-cuisinière. La culture serait cela, l’Histoire d’un peuple un et indivisible, son intelligence, ce mouvement de tous et de chacun vers…un idéal, une humanité… plus encore par une action nourrie par la pensée ?
Ces soirs là, l’harmonie du paysage sous nos yeux, vallons verts, prés fauchés, voix au lointain, bruits des moissons, grands chênes majestueux derrière la maison, pouvait inciter à voir le meilleur, le plus beau. Ah oui, la beauté est fracassante. On la retrouve dans le catalogue des Editions Montparnasse, les œuvres de la Comédie Française, de Shakespeare, du cinéma de Guy Gilles et de bien d’autres, dans ces documentaires qui, questionnent, dans le style, interprétation de notre humanité. Fin de ma lecture du scénario Hiroshima mon amour de Marguerite Duras, éblouissement à nouveau! La beauté et l’intelligence traversent le temps.