Vivre dans la dignité. Dans le Figaro de ce samedi 13 juin, alors que l’affaire « Vincent Lambert » atteint son paroxysme de médiatisation, l’universitaire et essayiste Chantal Del Sol renvoie les parties dos à dos : « les partisans du maintien en vie de Vincent Lambert se dégradent en utilisant les mêmes méthodes que leurs adversaires ». Les caméras filment pour les camps, l’opinion entre dans la chambre d’une vie dont nous ignorons tout, et dont quelque soit la décision prise nous ignorerons tout. La dignité n’est pas un sigle, la vie et la mort relèvent de l’intime, la chambre de Vincent Lambert ne nous appartient pas.
Dans le même temps que l’indignité est dans la médiatisation, je termine, ébloui et profondément ému, le roman de Maylis de Kérangal, Réparer les vivants. Qu’est-ce qui a fait que j’ai pris l’autre jour, à l’Ouvre-boite, la librairie de Caroline, et sur ses conseils, ce best-seller, déjà en poche ? Voilà une vie, arrachée par un forcément stupide accident, et que dans cette chambre ou repose le corps, alors que le cœur bat encore pendant que le cerveau se détruit irrémédiablement, des décisions vont se prendre, vont devoir se prendre.
L’humanité se joue face à la mort. La dignité des vivants donne la dignité à la mort et à la vie. Un récit admirable. Un récit sur l’intime, sur la force de l’intime, sur le respect de l’intime. Rien ne se ressemble. Loin de moi de faire de ce livre, un simple roman, une prise de position dans l’affaire ( affreuse expression) Lambert. Simplement l’idée d’opposez aux images les mots. Les vrais mots aux images dévoyées. Laissons ceux-ci prendre le dessus.
Pour Vincent Lambert, je vous renvoie aussi à ce portrait d‘Eric Kariger, dans l’hebdomadaire Réforme du 11 juin. Le médecin, responsable de l’unité de soins palliatifs du CHU de Reims est chrétien et catholique. Il est résolument anti-euthanasie et pourtant, ici, pour l’arrêt de soins, pour lui, déraisonnables : Laisser mourir n’est pas faire mourir, dit-il….