Je m’étonne chaque année en faisant un parcours dans le coffret des Césars. Revue des films de l’année écoulée. Cours de rattrapage pour ceux pas vus en salles. Étonnement donc devant l’abondance des films, plus de 200, étonnement devant certains qui m’ont échappé. Plus encore devant le nombre de ceux dont je me dis: ah bon, qui a eu l’idée de réaliser, produire ce film? question posée non devant les films d’auteur- ici il s’agit de l’entreprise la plus audacieuse et la plus fragile, à l’épreuve de la création. -tout et rien face à la réussite et, ou, à l’échec. Le créateur s’expose, définitivement.- Non, je voudrais parler de ce qui suppose, certes du talent, mais que le marché commande: la comédie, le divertissement.
Faire rire, entraîner le public loin des difficultés quotidiennes, dans les salles obscures, puis devant le petit écran. C’est un beau pari. Mais que de déceptions. Faire rire intelligemment est difficile. Guillaume et les garçons, l’an dernier. La famille Bélier, – et ici pleurer ou émouvoir, sourire plus que faire rire- cette année. Et des dizaines de tentatives très moyennes, trop racoleuses. Laissons-les. Il faut probablement ces échecs, ou semi-échecs pour confirmer la règle. Celle de l’exception. Et comme dans la conception de la nature, il faut des millions de graines, de spermatozoïdes pour qu’un seul naisse de cette sarabande folle.
Les beaux rattrapages pour moi: Sils Maria, d’Olivier Assayas. Le réalisateur, toujours dans l’audace d’un cinéma sophistiqué, nous offre une histoire intelligente et cousue au plus près. Juliette Binoche se coule dans le rôle, actrice célèbre vieillissante, refusant de se prêter à ce vieillissement pour finalement l’accepter. Un retour en arrière, dans des paysages qui se prêtent à cette métamorphose du temps. Montagnes suisses somptueuses et inquiétantes, jeune star écrasant tout avec un cynisme sans pareil. Juliette Binoche, rejetant tout ce qui l’amène à compter le temps qui passe jusqu’à ce que…Olivier Assayas filme avec sa vélocité habituelle. Il dérange et fascine.
Les Combattants, de Thomas Cailley. Un premier film. A voir absolument. Inattendu. Dérangeant. Intrigant. Une histoire si originale que l’on se demande toujours ou l’on est. Des acteurs vrais, fragiles et forts. Étonnante ( oui) Adèle Haenel, et surprenant Kévin Azaïs. Sûrement César du Premier film. Peut-être plus encore.