en compétition pour les Césars, plus de 150 films français sortis en salles en 2014. Comme chaque année, un premier choix est effectué par les membres de l’Académie des Césars, puis fin février, le vote des professionnels désigne les meilleurs, selon eux, meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur(e) acteur(e) etc…La plupart d’entre vous connaissent ce rituel et l’importance pour ces métiers du cinéma des choix réalisés par ce vote.
Ce que j’aime, chaque année, c’est ma propre surprise, celle qui me fait rencontrer un film inconnu, un acteur émouvant. Il ne s’agit pas pour moi de penser, c’est un chef d’œuvre, mais plus simplement, quel bonheur, quel plaisir. L’émotion est faite de quantité de possibilités différentes. La surprise en fait donc partie. Le film attendu, dont on parle de puis des mois avant sa sortie, dont les performances sont annoncées déjà avant même qu’il n’ait été vu – pour son coût, son audace politique ou sexuelle, ou sociale, enfin tout ce qui fait le buzz et nous annonce: incontournable, à ne pas manquer surtout!- m’intéresse moins que votre choix, celui du public contournant toutes les stratégies des professionnels.
Votre choix inattendu: La famille Bélier. Une histoire simple, si simple, des acteurs justes, si simples eux aussi, des émotions simples, jamais suggérées de manière grandiloquente. Une découverte, la jeune actrice Louane Emara. L’histoire de vies et de sentiments vrais. En quelques semaines, cette petite comédie a déjà ému 5 millions de spectateurs. Pourquoi? pour les quelques raisons édictées plus haut. Nous sommes touchés par le bonheur qui se dégage de cette histoire. Ce bonheur nous est transmis. Nous sortons de la salle touchés par ce bonheur. It’s a wonderful life, (que la vie est belle, de Capra),. Nous voulons y croire. Nous l’avons rencontré.
Mon choix inattendu : Maestro de Léa Fazer. Ou la poésie force le vulgaire. Ou Pio Marmaï, jouant ici un jeune comédien désœuvré et cynique rencontre la sublimation des sentiments, le respect dû à la beauté. Ou il se joue une sorte de rédemption possible. D’une histoire vraie, Léa Fazer montre le mythe d’Astrée et Céladon. D’un mythe, Eric Rohmer avait crée la beauté d’une rencontre vraie . Maestro me touche profondément par l’audace de sa forme et la vérité de l’histoire. Rien du convenu actuel, rien d’aussi nécessaire. Maestro, petit film ignoré du public, réconcilie avec soi-même et avec les autres.
Pour finir,et là plus rien à voir avec la compétition des Césars, à signaler la sortie, chez Carnets Nord, de Love, roman qui ferme la trilogie de Richard Morgiève, commencée avec United Colors of crime. Sur fond d’Apocalypse, la découverte de l’amour. Une histoire forte qui emporte. Enfin, Bernard Pivot fêté, à travers le 2 volume d’Apostrophes. C’était il y a quarante ans, le 9 janvier 1975, la première d’une émission qui durera 15 ans…