J’écris cette phrase pour la quatrième de couverture du DVD consacré aux Grands metteurs en scène. DVD qui fait partie du coffret volume 2 d’Apostrophes. Le vendredi 13 avril 1984, voilà un étonnant et émouvant plateau: François Truffaut, auteur d’un Hitchcock-Truffaut, Roman Polanski, auteur de Roman et Roman, Marcello Mastroiani, venu présenter l’autobiographie Fellini par Fellini, et enfin Caterina d’Amico, auteure de deux livres sur Visconti. Je m’étonne : sur le plateau ce qui frappe , c’est le respect et l’amitié entre les uns et les autres. François Truffaut, costume et cravate assortis, impeccable, le regard aigu, perçant et doux à la fois. L’enfant rebelle du cinéma français disparaîtra six mois plus tard. Rien ce soir là ne nous annonce un quiconque danger. Le drame est sur le siège d’à coté, celui ou Roman Polanski évoque la violence de sa vie, dont la partie la plus tragique, l’assassinat de Sharon Tate, ne semble ce soir là qu’un épouvantable épisode parmi d’autres tout aussi noirs. C’est votre intimité avec la violence qui m’a frappé, lui dit Bernard Pivot.Ce qui me frappe encore, c’est une sorte de prouesse physique qu’exprime cet homme. Il ramasse en lui la douleur. Sa voix est rude, pressante, parfois presque inaudible. Polanski est un cri ce soir là.