La vie de Fiodor Dostoïevski en V.O. sous-titrée.

Nous vous proposons en v.o. sous-titrée une série russe exceptionnelle consacrée à la vie du célèbre écrivain. J’insiste sur le sous-titrage en français parce qu’ici il s’agit bien aussi d’entendre la langue russe, sa rudesse comme son chant, ses accents de violence et de lyrisme. Evgueni Mironov, un des plus grands comédiens russes actuels, interprète Dostoïevski. On va suivre l’homme condamné à mort pour sa participation à un complot libéral, échappant au dernier moment à l’exécution, gracié mais condamné au bagne en Sibérie, y découvrant la souffrance physique et morale l’humanité et sa beauté comme sa laideur, y trouvant Dieu et  l’âme russe. Dans son style brutal et haché, Dostoïevski, restituera ce qui l’habite alors.

Pendant près de huit heures, nous suivons le vie douloureuse de l’écrivain, joueur, excessif, hésitant, exigeant, passionné. Pour moi, Dostoïevski est un des plus grands écrivains de la littérature mondiale. Entre Céline, Proust, Stendhal. Pour ne citer que les plus connus de ses ouvrages, Crimes et Châtiments, l’Idiot, les frères Karamazov, une œuvre lui permet de nous révéler ses visions de la vie: le bien et le mal qui habite tout homme, l’assassin qui est aussi un homme proche, ce qui ne l’exonère pas de son crime, la rédemption accordée à chacun, l’impossibilité d’échapper à son acte, l’enchaînement fatal des circonstances. La fatalité certes, la violence de l’argent, d’en avoir, de ne pas en avoir. La passion, celle des sens, celle de l’amour. La folie et le crime sont au centre de son œuvre. Dieu encore qu’il exalte comme celui de l’homme. Pour lui, l’homme contient une part de Dieu.

Il y a encore quelque chose qui le situe entre Sade et Freud, à mi-chemin de ces deux athées. L’interrogation sur l’homme enchainé, sur la possession : conquérir sa liberté pour Sade, une entreprise vaine pour Dostoïevski qui ira lui-même jusqu’au bout de la folie du jeu. La folie comme moyen de découverte de soi-même que Freud analysera 30 ans plus tard. Le fou n’est pas si fou. C’est le monde qui l’est. Malgré leurs différences voire leurs oppositions, ils ont du dicible commun, qui est bien là, me semble-t-il.

La série nous fait revivre son écriture, ses passions, ses fuites en avant. Et les cinq ans de bagne, fondateurs de son œuvre. Le jeu dans les villes d’eaux allemandes, le voyage à Paris, la vie à Saint-Pétersbourg, la relégation en Sibérie. A voir absolument pour mieux le comprendre.

 

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