à commencer par moi-même grâce à ce blog ou je dis Je! Mince excuse, celle du désir d’un ton renforçant la ligne éditoriale de nos publications. J’affirme ici des choix personnels, mais je vous dis aussi que des êtres humains sont derrière les écrans que vous consultez. Narcisse? Par paresse sûrement, mais aussi par méfiance de moi-même, je n’ai ni compte Facebook, ni Linkedin, ni Twitter, ni Pinterest. Rien de ces moyens d’exprimer à tout moment mes états d’âme, mes opinions, mes envies, en espérant que le plus grand nombre s’y intéresse. Seulement ce blog hebdomadaire, et le lien qu’il souhaite créer avec vous.
Narcisse n’est pas d’aujourd’hui, même s’il prolifère en masse. Il remonte à l’Antiquité grecque. Narcisse était beau. Les nymphes tombaient toutes amoureuses de lui. Il restait indifférent. Les dieux en avaient assez de ce bel indifférent. Un sort lui est jeté. Il se penche sur l’eau d’une fontaine, voit son reflet et en tombe amoureux. Plus rien ne compte pour lui. Cela devient vite invivable, cet amour impossible. De désespoir, il se suicide. Cette histoire peut-elle être un avertissement pour les milliards d’utilisateurs des réseaux sociaux qui ne cessent de s’épancher à travers eux? Les présidents, les ministres, les célébrités twittent, sur tout et n’importe quoi. Court, comme l’impose le réseau. Souvent, comme le demande le public. Définitif, comme la rapidité de l’actualité l’exige.
Exposés, nous le sommes aussi aux yeux du plus grand nombre, à nos risques et périls – y compris ceux des photos ou mots compromettants ou fabriqués- réputations et amours se défont avec fracas. Et souvent avec quelques dégâts. Nous-mêmes changeons d’attitude, un peu inquiets lorsque nous sommes conscients du risque, ou simplement plus volubiles et exaltés lorsque nous arrivons à oublier la modestie nécessaire de la vie. Nous sommes alors bien devenus des Narcisse. Souvenons-nous de son destin.