Le 5 septembre, une photo, en page 2 du cahier du Monde, Eco et Entreprises. Un article consacré à l’histoire secrète de l’accord LVMH-Hermès. La photo est du 7 juillet, prise lors du défilé Christian Dior. Un mannequin diaphane en bottines rouges défile devant les puissants ou assimilés: au premier rang entourant Bernard Arnault, le PDG de LVMH, et son épouse, d’un coté Sean Penn et Charlize Theron, de l’autre, Valérie Trierweiller. Le scandale n’est pas encore déclenché. La beauté, le luxe, la puissance et la gloire s’exhibent. C’est le monde des vanités encore, d’où l’on peut-être chassé en un instant. Celui que le photographe fixe pour l’éternité, aujourd’hui n’est plus le même. Nous regardons cette photo-souvenir. Un autre temps! Qui oserait inviter ici l’auteur de Merci pour ce moment? A moins que…souvenons-nous de Dominique Strauss-Khan, paria d’un jour, qui parcourt à nouveau le monde pour vendre fort cher ses conseils. Qui demeure quand même à l’écart.
Cette photo est passionnante encore pour ce qu’elle montre de la puissance. Le puissant ici est le patron de LVMH, l’homme immensément riche. Celui qui détient l’argent, l’argent qui donne le pouvoir. Le défilé n’est qu’un prétexte à cette démonstration. Autour la cour. Ceux qui sont tout près, ceux qui sont encore près, ceux qui sont au fond, mais encore des privilégiés. Chaque place attribuée, désirée, donne la position par rapport à l’homme qui est là au centre de la photo. Que pense-t-il de ces silhouettes gracieuses, trop minces, si jeunes, qui avancent vite, virevoltent, s’effacent devant une autre? Que représentent-elles à ses yeux? des femmes, des êtres humains, de la beauté, de la sensibilité ou encore des automates bien payés pour dire au monde entier qui il est lui? Son visage est acéré, sans émotion apparente, las peut-être de cette comédie qu’il achète! Ses yeux, à demi fermés donnent à penser qu’il voit tut, entend tout. Inutile de la lui faire. Il suffit de désirer ce qu’il désire. Peut-être s’ennuie-t-il?