Il y a soixante cinq ans, en 1949, Simone de Beauvoir jetait un pavé dans la mare. Avec le Deuxième sexe, place attribuée jusqu’à ce moment à la femme, elle en analysait les conditions dans le Monde occidental, et établissait les moyens de son émancipation. Essentiellement liés à la contraception ( contrôle des naissances) et à l’accès au travail ( pas le travail domestique, ménager!). Pour cela, disait-elle, la femme doit aussi sortir de sa passivité, de sa soumission face à l’homme sexiste, lâche et cruel. Après Simone de Beauvoir, d’autres femmes se battront, Simone Veil défendra le droit des femmes à l’ interruption volontaire de grossesse ( IVG ). En 2014, un siècle après le mouvement des suffragettes, la femme européenne a acquis l’ensemble des droits qui font d’elle juridiquement, socialement, culturellement l’égale de l’homme. La question de la vie demeure douloureuse pour beaucoup. La femme montre alors qu’elle porte autre chose que l’homme. D’une importance capitale. Que ses choix lui appartiennent doublement.
Pourtant dans de nombreux pays, la cause des femmes semble régresser: Iran, Pakistan, Inde, Afghanistan, Indonésie– on voit le sultan de Brunéï décréter la charia, et enfin une réaction des people contre cet homme si riche et si puissant, appelant à boycotter les hôtels de luxe dont il est propriétaire. Au Soudan, des femmes sont lapidées parce qu’elles ont osé changer de religion, se convertir au christianisme ou épouser un musulman en gardant leur religion d’origine. Quelle folie agite ces hommes dans tous ces pays. Plus près encore, des femmes algériennes, tunisiennes, réclament la liberté de vivre, s’habiller comme elles le souhaitent. Hors du poids de la religion, ou de la tradition.
Pourquoi le deuxième sexe est-il toujours opprimé, encore plus opprimé aujourd’hui qu’hier. Quel est ce mouvement que nous voyons grandir? Y a -t-il un enseignement, une science qui puissent affirmer que les femmes n’aient pas les mêmes droits que les hommes? La cause des femmes est urgente. Celle de leur liberté. De leur vie. Une amie me dit : les hommes oppriment les femmes parce qu’ils ont peur d’elles, de leur sexe précisément, de leur puissance créatrice, parce qu’elles sont l’origine du monde. D’aucuns parlent de Gaïa, la déesse-mère des premières croyances humaines, déesse de la fécondité devant laquelle les hommes se prosternaient. Est-ce la découverte pas les hommes qu’ils sont à l’origine de la fécondation? Gaïa est alors détrônée, des figures masculines s’imposent. Dans l’Olympe grecque, dieux et déesses s’en donnent à cœur joie, sans morale et pudeur. Ils sont nos caractères masculins et féminins. Un instant ensemble.
Sur le mont Moïse, dans le désert du Sinaï, Yahvé, et la morale des Dix Commandements, ouvrent une nouvelle ère. Nous sommes là sous la figure paternelle des religions du Livre. La femme est « protégée » par l’homme. Pourquoi? Est-ce la peur de l’homme devant la force de la création qui a inversé celle-ci pour se donner le premier rôle, est-ce la peur de perdre la paternité, un jour découverte. Il fallait enfermer la femme, la mère, la fille. Allons il est temps de changer! Et si le deuxième sexe redevenait le premier, reprenait sa place, celle de l‘Origine du monde ? Et si les sexes se réconciliaient, s’il n’ y a avait ni premier ni second? Et si la figure maternelle de la fécondité et la figure paternelle de la fécondation ensemble créaient l’harmonie d’un monde naturel, préservé? Un vœu pieux rétorqueront les septiques et les cyniques. Je le fais quand même.