et évidemment aux réalisateurs, acteurs, scénaristes, musiciens et autres élus, ce vendredi 28 février 2014, la gloire et le talent reconnus. Ne rien bouder, savoir accepter de rester de l’état de nominé à l’état de nominé, à l’issue d’une soirée très longue ou parfois les remerciements n’en finissaient plus. Étrange pour ces professionnels du rythme, du serré, de la coupe, de la mise en scène, ou en principe ce qui dépasse est voulu, pour nous plaire, nous intriguer, nous passionner… personne n’est parfait, l’égo ou la maladresse d’un soir étaient pardonnés au profit de l’œuvre et du travail salués.
Ne pas bouder son plaisir, repenser à ces films oubliés du premier tour de vote : Jasmine de Alain Ughetto, émouvant et délicat récit en pâte à modeler d’un amour perdu il y a 30 ans, Le temps de l’Aventure, une rencontre improbable entre Gabriel Byrne et Emmanuelle Devos, Je suis supporter du standard de Riton Liebman avec Riton Liebman, un humour belge ravageur, L’autre vie de Richard Kemp ou Jean-Hugues Anglade et Mélanie Thierry donnent leurs talents au premier film de Germinal Alvarez, Les Conquérants, du réalisateur et scénariste Xabi Molia, avec un couple Denis Podalydès- Mathieu Demy déjantés… voilà quelques uns de ceux qui n’apparaissent nulle part ce soir là. Pour ne citer que ceux-là! C’est la loi du genre, impitoyable. Désigner en deux votes successifs les meilleurs. Injuste et juste. Juste parce que nécessaire, injuste parce que pour qu’il y ait des gagnants, il faut des perdants.
Gagnants du premier tour, les nominés étaient tous là ou presque. Ils apparaissaient lors de la phrase prononcée gravement par le remettant: « les nominés sont… » on les voyait un instant dans les travées du Théatre du Châtelet ou se déroulait la cérémonie. L’enveloppe ouverte, le vainqueur les faisait disparaitre. Ils resteraient collés à leurs sièges, doublement engoncés dans la tenue de soirée de rigueur. Adieu l’espoir autour d‘Alceste à bicyclette, magnifique lecture de Molière par Fabrice Luchini et Lambert Wilson, subtile réalisation de Philippe le Guay, adieu Suzanne de Katell Killévéré, 5 fois nominé, adieu Jimmy P. d’Arnaud Desplechin, où la démesure de Matthieu Almaric trouve le ton juste, adieu Les Beaux jours, Fanny Ardant et Patrick Chesnais, si troublants. Adieu Jappeloup, l’énergie étonnante de Guillaume Canet, cavalier sans mesure. Adieu, adieu César pour que renaisse notre plaisir de les revoir, de les retrouver malgré tout dans nos souvenirs parce qu’ils ont été de bons et beaux moments de cinéma.
Je ne vous parlerai pas des élus, des César…ils ont eu droit à leurs commentaires abondants et/ou partagés, mais d’une belge de Namur s’appelant France comme pour une pirouette à la géographie et à l’histoire. Elle était charmante, osait être audacieuse sans grossièreté, simplement par un anticonformisme qui surprenait une salle qui l’était trop. Et quand cela tombait « à plat » la belle belge Cécile de France, toute de blanc pétillant, animatrice de la soirée empêtrée, se penchait vers nous téléspectateurs et semblait nous dire: « que le spectacle soit…sur les écrans noirs du cinéma. »