évidemment c’est l’exploit de Renaud Lavillenie, un envol à 6,16 mètres au dessus de la barre, un mouvement élastique, se décomposant en une figure ou la tête et les jambes s’inversent, celles-ci partant à l’assaut du ciel dans une sorte de conquête irrésistible. C’était beau, on le revoyait au ralenti, il s’écrasait lentement sur le sol, une réception qui semblait un instant impossible. Et puis, il y avait les félicitations du recordman, Sergueï Bubka, 6,15 depuis plus de vingt ans. Félicitations chaleureuses, cela se voyait, l’homme battu ne l’était pas, lui et Lavillenie étaient fiers que le sport soit glorieux ce jour-là.
Le modeste l’emportait, faisait triompher le sport. On ne parlait pas d’argent. Il était heureux, ne se vantait pas. Son triomphe était celui de l’acharnement, de la passion et du talent. Lavillenie, sans le vouloir, donnait une leçon: gagner peut-être simplement beau. Il se blessera en tentant de passer 6,21, ne se plaindra pas. Sur le plateau de France 2, le dimanche soir de son retour à Paris, il sourira, écoutera, répondra. On revoyait en boucle les images de l’exploit, puis celles de l’entrainement quotidien, une étroite bande de terrain, le long de la maison familiale, un modeste pavillon. On était bien loin des caprices des stars du foot, des lieux de rêve exigés par ces caprices. Renaud Lavillenie était heureux et nous avec lui.