de belles rencontres,

L’été est chaud, vous l’avez remarqué évidemment, plus chaud que l’été pourri de l’an dernier. Un temps propice à aller à l’intérieur des terres si on le peut, en France pour moi cette année. Délaissant voyages lointains et bords de mer très peuplés. Non, quelques jours entre Auvergne et Cévennes, un peu le nez au vent, avec juste quelques étapes programmées dans des lieux inconnus chez des amis chaleureux. Les surprises sont partout, il suffit pour moi d’attendre tout et rien, le meilleur et l’inattendu, y compris la somnolence bienveillante de la conversation qui s’assoupit sous les arbres d’après-déjeuner.

Les vacances arrêtent le temps, ce temps trop pressé de la vie quotidienne. La déambulation de mon corps et de mon esprit prend le pas sur les autres. Les autres, je les entends à peine, même s’ils s’approchent trop près. Je veux dire par là que rien ne m’oblige à faire autre chose que ce que je souhaite à cet instant. Aller là ou ne pas y aller. M’arrêter là ou continuer plus loin. Déambulation du voyageur qui peut doubler la mise, à l’extérieur de lui, regard braqué sur tous les horizons, et en lui, yeux fermés dans sa seule respiration silencieuse. Par monts et par vaux. Beaux monts du Cantal dont je me réjouis d’avance. Causse Méjean que j’imagine puissant et inquiétant, descente des Cévennes non pas au pas de l’âne de Stevenson, mais de la tout-électronique Peugeot confortable et bien plus fragile que le moyen de locomotion stevensonien.

De belles rencontres j’en ferai sûrement, mais je voudrai un instant revenir  sur celles annoncées dans mon dernier blog consacré à la revue Centre Commercial. En page 20-21, le portrait d’un étrange « loustic », dont j’ignorais tout, le nom et le reste jusqu’à cet article de 11 pages, Alexandre Guarneri. « Icone de mode, pionnier le la culture hip-hop, caméléon des temps modernes » nous annonce le titre. Je ne vais rien vous dévoiler de plus, laissons-nous le goût et la surprise de la découverte. Non, je voudrais simplement vous parler de la photo- il y en d’autres dans ces 11 pages- visage anguleux, barbe sourcilleuses mais maintenue, oreilles dégagées sur un crane entraperçu rasé, mais surtout yeux fixés rêveusement et clairement sur vous, yeux clairs, verts peut-être, yeux charmeurs et ironiquement gentils. La pose est drôle. Est-ce celle demandée par le photographe ou simplement celle qu’adopte facilement Alexandre Guarnari?

Si vous le rencontrez, vous n’aurez pas besoin de lui demander ce qu’il en pense, il vous prendra peut-être à bras le corps, parce qu’il aime son semblable jusqu’à le lui dire ainsi. Et puisque vous avez le temps, continuez la lecture, allez de page en page, découvrez Hugues Lagrange, l’incendiaire malgré lui, chercheur au CNRS qui ose braver le politiquement correct en associant délinquance, échec scolaire et facteurs culturels- quelle actualité- dans un livre, Le déni des cultures. Ou ce voyage en banlieue, dans le 9-3, à Pantin ou la friche industrielle attire les grandes marques à la recherche du changement et de prix aimables, et ou les habitants ne savent s’ils doivent se réjouir ou s’inquiéter. Bel exemple d’humanité: comment faire? Pantin, we go hard?

 

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