Vous avez remarqué, certains quotidiens jouent avec brio du portrait, souvent en 4° de couverture. Il y a les portraits, plutôt noir-bobos de Libération, il y a les portraits plutôt souriant-humanistes de La Croix. Chacun sa spécialité, son fonds de commerce dirait le désabusé de service. En ces temps mornes et grisaillou, je choisis La Croix, celui du mercredi 3 avril. Sous l’appellation ils font la transition énergétique et le titre du vinyle au solaire, voici l’aventure d’une famille française industrieuse. Loïc de Poix, un des deux fils du fondateur de MPO, raconte comment avec son frère, il tente de faire muter l’entreprise. Presseur de vinyle – du temps de son père, ingénieur,- puis au début des années 80 lanceur des premiers CD, enfin presseur de DVD, leader de la spécialité, devenue entreprise internationale, il est confronté à la régression du marché du disque, et maintenant du DVD, même si celui-ci continue à employer un millier de personnes dans plusieurs sites en Europe, et d’abord dans celui de Mayenne, site historique de l’entreprise.
Alors les frères de Poix, soucieux de l’avenir, décident en 2009 de se diversifier dans un secteur plein d’avenir, le photovoltaïque. Ils ont tout pour réussir, de fortes compétences dans le traitement délicat des chaines de fabrication en salle blanche, des salariés motivés et surtout un esprit de pionniers, d’innovateurs. Ils ciblent le haut de gamme, déposent des brevets…et se retrouvent aujourd’hui face à un marché effondré, cassé par le dumping des chinois dans une Europe sans protection, ouverte à une concurrence déloyale et destructrice . Les chinois, à l’origine de cet effondrement, sont eux-mêmes aujourd’hui victimes de la surproduction qu’ils ont créée!
Bruxelles doit protéger ce marché à l’instar des Etats-Unis qui ont augmenté les droits de douanes des panneaux asiatiques, plaide Loïc de Poix. Les financements prennent du retard. Les financeurs publics expliquent que pour injecter de l’argent, il faut que les investisseurs privés signent d’abord. Et ces derniers nous disent qu’ils ne peuvent pas se lancer sans les garanties publiques. Incroyable! Pourquoi cette panne? Pourquoi ces réticences à aider l’innovation, si en contradiction du discours officiel! Il a pourtant tout compris: Jouer la carte de la qualité, c’est le seul moyen de se différencier et de pouvoir fabriquer en France. Il faut dire que c’est aussi le secret de la réussite de MPO depuis près de soixante dix ans: Innover, trouver, breveter, oser.
Et nous le savons particulièrement bien à Montparnasse puisque c’est avec Loïc de Poix, que nous avons inventé les deux premiers DVD en Europe, deux films produits par Jacques Perrin, Microcosmos et les Enfants de Lumière C’était en 1997, un joli pari technologique, un risque économique, une réussite éditoriale à laquelle MPO prêtera son concours avec enthousiasme. Alors cher Loïc, bravo encore pour votre audace et votre énergie, nous avons besoin de vous, d’entrepreneurs comme vous!